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Rennes, Monaco, Nantes en Ligue Europa : pas d’affiches, mais une carte à jouer
En Ligue Europa, les trois candidats français connaissent depuis ce vendredi après-midi leurs adversaires en phase de poules. Le tirage a été plutôt clément pour Rennes (Dynamo Kiev, Fenerbahçe et Larnaca) et Monaco (Étoile rouge de Belgrade, Ferencváros et Trabzonspor), mais également pour le FC Nantes (Fribourg, Qarabağ, Olympiakos), pourtant placé dans le chapeau 4. Des poules sans grandes affiches ni grande saveur, mais qui peuvent laisser aux trois équipes l'espoir de voir le mois de février sur la scène européenne.
Ce sont des destinations que les basketteurs de l’AS Monaco connaissent par cœur. C’est un peu moins le cas des footballeurs. Propulsés dans la poule H, les Rouge et Blanc ont hérité d’un groupe plutôt abordable, où ils devraient se présenter comme favoris après avoir échoué dès le troisième tour préliminaire de Ligue des champions contre le PSV au début du mois d’août. La bande de Philippe Clement ne devra cependant pas sous-estimer des clubs habitués des joutes européennes, et où les déplacements peuvent s’annoncer périlleux. Les supporters monégasques ne devraient pas pouvoir rivaliser avec les publics du Medical Park Stadyumu (Trabzon), de la Groupama Aréna (Budapest) et du Stadion Rajko Mitić (Belgrade).
Oui, mais sportivement, ça donne quoi ? L’ASM, 3e de la dernière cuvée de Ligue 1, va tout de même se frotter à trois champions en titre dans leurs championnats respectifs. Méfiance, donc, au moment de croiser la route de l’Étoile rouge, dirigée par le mythique Dejan Stanković, ou bien Trabzonspor, sacré pour la première fois depuis 28 ans au printemps, où évoluent quelques têtes connues comme Marc Bartra, Marek Hamšík, Trezeguet ou encore Andreas Cornelius, bourreau des Bleus en juin avec le Danemark. Le champion de Hongrie, lui, compte dans ses rangs l’ancien Messin Adama Traoré, l’attaquant Marquinhos (aucun rapport) et le distributeur de caviars Xavier Mercier, passé de Louvain à Ferencváros cet été. Après avoir trébuché en huitièmes de finale contre Braga lors de l’édition précédente, Monaco peut au moins espérer faire aussi bien cette année. Et plus si affinités ?
Ne comptez pas sur le Stade rennais pour revoir à la baisse son empreinte carbone cet automne. En tombant dans le groupe B, les Bretons ont vu le hasard du tirage leur offrir des déplacements lointains, voire très lointains. En comptant les allers-retours, cette phase de poules va obliger les Rouge et Noir à avaler près de… 18 000 kilomètres. « Un tirage un peu exotique », assume Olivier Cloarec, président exécutif, qui avait peut-être déjà fait ces petits calculs en découvrant les adversaires du SRFC. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, les Rennais devraient affronter le Dynamo Kiev en Pologne, possiblement à Varsovie (2000 kilomètres), alors que les Ukrainiens avaient joué leur barrage contre Benfica à Łódź. Les hommes de Bruno Genesio seront attendus à Istanbul (3000 kilomètres) pour découvrir le bouillant Şükrü Saracoğlu Spor Kompleksi, mais également à l’AEK Arena, enceinte champêtre de 7400 places du club chypriote de Larnaca (4145 kilomètres) située à quelques encablures de la plage.
Reste que le huitième-de-finaliste de la dernière C4 doit ambitionner de sortir d’une poule jugée abordable pour un club qui va disputer sa cinquième campagne européenne d’affilée. Les Bretons n’ont pas gardé un bon souvenir du Dynamo Kiev, une équipe face à laquelle ils avaient perdu leurs deux rencontres lors de la phase de poules 2018-2019 (1-2, 1-3). Des retrouvailles particulières, les coéquipiers de Tsygankov devant reprendre le championnat en cette fin de mois après de longs mois de pause forcée. Fenerbahçe et Larnaca, vice-champions de leurs championnats respectifs, seront des nouveautés pour le SRFC, avec beaucoup d’inconnues au programme, même si Jorge Jesus, le technicien de la formation turque, connaît le parfum des soirées européennes. « On aura des déplacements lointains dans un calendrier chargé, mais le club grandit et notre ambition aussi, assume Olivier Cloarec. Les adversaires seront coriaces, mais on veut sortir de cette poule. » Rendez-vous en février ?
Après dix-huit années passées sans soirées européennes, le FC Nantes va enfin pouvoir retrouver cette belle sensation cette saison. Placés tout en haut du chapeau 4, les Canaris auraient pu avoir du lourd au programme (Manchester United, Arsenal, Roma, Lazio, Feyenoord, Real Sociedad), ils affronteront finalement l’Olympiakos, Qarabağ et Fribourg. Comme son voisin rennais, le FCN va exploser les compteurs kilométriques, notamment lors d’un très long voyage de près de 5000 kilomètres pour rallier Qarabağ, en Azerbaïdjan. « Tous les matchs seront difficiles. Cela fait des années que l’on n’est pas allés en Coupe d’Europe. On arrive dans cette compétition avec beaucoup d’humilité, en espérant aller le plus loin possible, en faisant plaisir à nos supporters. Ce sera déjà pas mal », a réagi Franck Kita, directeur général délégué de Nantes, à l’issue du tirage dans des propos rapportés par L’Équipe.
Il serait en effet présomptueux de penser que Nantes peut être un candidat sérieux à la qualification pour la suite de la compétition après un début de saison délicat, marqué par des tensions autour du mercato et du cas de Ludovic Blas, toujours nantais à l’heure actuelle. À une semaine de la clôture du marché des transferts, personne ne sait si le milieu de terrain sera de la partie sur la scène européenne à l’automne. Dans tous les cas, la formation d’Antoine Kombouaré ne devra pas sous-estimer l’Olympiakos, champion de Grèce et habitué à jouer les troisièmes rôles en Ligue des champions, et une équipe où les Jaune et Vert retrouveront de nombreux noms bien connus des amateurs de L1 (Yann M’Vila, Youssef El Arabi, Mathieu Valbuena, Konrad de la Fuente, Kenny Lala, etc.). Des retrouvailles aussi pour Kombouaré, très proche de Christian Karembeu, qui fait partie du staff de l’équipe grecque, qui a vu son coach Pedro Martins être renvoyé début août. Il y aura de la méfiance aussi face à Qarabağ, un épouvantail éliminé par le Viktoria Plzeň en barrages de C1 cette semaine, et contre le Fribourg de Nils Petersen et Vicenzo Grifo, 6e de Bundesliga lors de l’exercice 2021-2022 après une très belle saison. Pas une montagne, mais un beau défi pour le FCN, qui pourra toujours s’accrocher à la 3e place qualificative pour la C4 en cas de faux départ.
Par Clément Gavard