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  • Rennes-Lyon (4-1)

Rennes-Lyon : la masterclass de Bruno Genesio

Par Clément Gavard, au Roazhon Park
5 minutes
Rennes-Lyon : la masterclass de Bruno Genesio

Bruno Genesio a fêté ses retrouvailles avec l'OL, son club de toujours, de la meilleure des manières. Le plan de l'ancien technicien rhodanien a parfaitement fonctionné, ce dimanche soir : Rennes a étouffé Lyon, dominé dans tous les compartiments du jeu par une formation bretonne conquérante et séduisante. Et si l'entraîneur de 55 ans était au bon endroit pour obtenir la reconnaissance qui lui manquait dans la capitale des Gaules ?

Bruno Genesio n’est pas du genre à fanfaronner. Après la victoire éclatante de son Stade rennais contre l’OL ce dimanche soir dans une rencontre maîtrisée de bout en bout (4-1), le technicien de 55 ans n’a pas voulu tirer la couverture à lui ou se payer son club de toujours. « Il n’y a pas de revanche particulière ou de joie plus intense parce que c’était Lyon, a-t-il éteint en conférence de presse. Ce n’était pas Lyon contre Genesio, c’était un match important à gagner, on l’a fait avec la manière. » Il n’était pas question pour le coach rennais de jubiler, même s’il s’est davantage confié au moment de se présenter en zone mixte : « La seule petite chose que je pourrais dire, c’est que ceux qui m’ont bien asticoté pendant trois ans et demi vont pouvoir se remettre en question. Je ne parle pas des supporters, mais de certains observateurs, qui ont participé à un bashing parfois mérité, mais également immérité. Je pense que la critique a pu dépasser les bornes quand j’étais à l’OL. » Une petite rancœur à l’égard d’une poignée de journalistes ou consultants, mais la volonté de respecter son ancienne crémerie et ses employés, qu’il a pu retrouver dans les couloirs du Roazhon Park à l’issue de la partie. Mais les mots valent finalement peu de choses à côté du terrain, où le Rennes de Genesio a donné une leçon au Lyon de Peter Bosz.

Le plan de Genesio

Rarement une prestation collective n’aura été aussi impressionnante cette saison en Ligue 1. Pour ses premières retrouvailles avec l’OL depuis son départ au printemps 2019, Genesio a sorti le grand jeu en prime time. Le coach rennais avait pourtant choisi de mettre de côté le 4-4-2 qui fonctionnait depuis plusieurs semaines et de se passer de Kamaldeen Sulemana, son principal détonateur, pour présenter une équipe en 4-3-3 où Baptiste Santamaria a pu retrouver un poste de sentinelle qui lui convient mieux. « C’était surtout parce que je pense que Lovro Majer est plus à l’aise dans ce schéma, a précisé Genesio après la rencontre. C’est aussi parce que l’OL a un milieu de terrain très performant, j’avais envie de mettre de la densité et d’amener beaucoup de technique dans l’entrejeu. Face à ce genre d’équipes, c’est important d’être capable de pouvoir ressortir le ballon sous pression. C’est ce qu’on a réussi à faire avec Flavien (Tait) et Lovro (Majer). » Pari réussi : l’international croate a régné au milieu de terrain, s’imposant comme le chef d’orchestre d’une équipe rennaise parfaitement rodée collectivement.

Si Peter Bosz avait également décidé de changer de système en passant du 4-2-3-1 à un 4-3-3, avant d’effectuer un ajustement à la pause en remplaçant Bruno Guimarães par Islam Slimani pour permettre à Lucas Paquetá de retrouver un poste de créateur, Rennes n’a jamais été perturbé, les hommes de Genesio récitant à merveille leur partition. « Il faut souligner notre faculté d’adaptation pendant le match, a jugé Tait. Je trouve qu’on a été très forts dans le pressing et la récupération du ballon : on leur a mis des vagues et encore des vagues, ils ne pouvaient que craquer physiquement. » Un constat implacable tant les Bretons auront survolé les débats en première période (12 tirs à 0) en grignotant les espaces laissés par des Lyonnais étouffés par le pressing rennais intense et dépassés par les nombreux jeux en triangle de leurs bourreaux du soir, avant de gérer leur petit temps faible dans le deuxième acte et d’achever la bête lyonnaise en excellant dans les transitions offensives. « Félicitations à Rennes, ils ont très bien joué ce soir, a concédé Bosz. À la mi-temps, on méritait 4-0, pas 1-0. On est passés à côté, moi compris. Mais ce n’est pas une question de système. On était très mauvais. » Le plan de Genesio, lui, était parfait.

Prophète en dehors de son pays

Sous les yeux de Juninho et Jean-Michel Aulas, qui s’est rapidement éclipsé dans la nuit rennaise, Genesio a rappelé qu’il détenait la recette pour faire briller son équipe dans les grands soirs. Celui-ci en était un, pour Rennes comme pour lui, même s’il n’a jamais voulu le dire, plus de deux ans après la fin de son aventure très particulière sur les bords de Rhône. Très clivant à son époque lyonnaise, celui que l’on surnomme parfois ironiquement « Pep » a montré qu’il était capable de devenir prophète hors de son pays. Après un début de saison compliqué dans le jeu comme dans les résultats, Genesio a rallumé la lumière depuis plus d’un mois. Entre le succès de prestige contre le PSG avant la précédente trêve internationale et celui du soir contre l’OL, Rennes n’a pas perdu (10 matchs d’affilée sans défaite toutes compétitions confondues) et s’est rapproché du podium.

« Je crois qu’on a continué à jouer comme on l’a fait ces derniers temps en venant presser très haut pour récupérer le ballon, se projeter en nombre, avoir du mouvement et beaucoup de libertés offensives tout en gardant un équilibre, décortiquait Genesio, ovationné par le public rennais au cours de la deuxième période dimanche soir. Mais un match parfait, ça aurait été de concrétiser encore plus nos occasions et de ne pas encaisser de but. » Une ode à la prudence et à l’exigence, deux valeurs chères à l’ancien entraîneur de l’OL, qui retrouvera le Groupama Stadium le week-end du 13 mars pour le match retour. D’ici là, Rennes a le temps de confirmer les belles promesses et d’assumer des ambitions élevées (une nouvelle qualification en Ligue des champions, par exemple) après un mercato XXL mené par Florian Maurice, l’autre ancien Lyonnais au sein du club rouge et noir. Un beau défi pour le Stade rennais et une opportunité pour Genesio d’obtenir ce dont il a toujours manqué lors de son aventure sur le banc de Lyon : de la légitimité et de la reconnaissance.

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Par Clément Gavard, au Roazhon Park

Tous propos recueillis par CG

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