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Rennes, les hommes du renouveau
Proche de la zone de relégation il y a quelques semaines, le Stade rennais s'avance ce soir à Chaban-Delmas (20h) avec le statut d'équipe en pleine bourre. Séduisante et désormais efficace, l'équipe de Philippe Montanier semble enfin avoir trouvé l'équilibre. Le fruit d'un travail amorcé cet été et qui se base sur les qualités de certains membres de l'effectif.
Après la pluie, le beau temps. Si l’expression est aussi plate que la poitrine de Charlotte Gainsbourg, elle pointe néanmoins vers Philippe Montanier. Le technicien rennais, débarqué sur le plateau breton en début de saison, est pour l’instant bien loin des places pour la Ligue des champions, compétition pour laquelle il avait qualifié la Real Sociedad l’an passé. Guère de panique pourtant. Car à y regarder de plus près, son équipe vaut mieux que la 12e place dont elle est actuellement titulaire. Ces dernières semaines, les Rouge et Noir ont même enchaîné les bonnes performances, entre une qualification pour les demi-finales de la Coupe de France et deux succès de rang en championnat (contre l’OM et Bastia). Un regain de forme typique des écuries coachées par Montanier : en Espagne, la Sociedad a, lors des deux exercices du Français, concrétisé ses ambitions lors de la deuxième partie de saison (26 contre 21 en 2011/2012, 40 contre 26 en 2012/2013). Champion des mises en route pénibles au profit de fins canons, il impose peu à peu sa patte au sein du club rennais et commence à récompenser les supporters de leur patience à son égard. Car à force de travail et d’expérimentations, il semble même avoir trouvé son système et s’appuie désormais sur quelques hommes de confiance. Nouvelles recrues, jeune formé au club ou footballeur aux qualités retrouvées, ils participent activement à ce renouveau salvateur. L’occasion de braquer les projecteurs sur ces acteurs du changement.
Ola Toivonen
Loin de la stature internationale de son compatriote du PSG, Ola Toivonen est sans aucun conteste la meilleure recrue de Ligue 1 de l’hiver. Méconnu lors de son arrivée pour 2,5 millions d’euros, l’ancien attaquant du PSV Eindhoven s’est déjà fait un nom en Bretagne. Posté à la pointe de l’équipe, Ola ne témoigne pourtant que de 9 apparitions en championnat. Mais ses statistiques impressionnent. Avec 6 réalisations et 1 passe décisive, le géant suédois a confirmé que les qualités entrevues aux Pays-Bas pouvaient très bien se transposer sur le sol français. Point d’appui imposant (1,89m), Toivonen fait en outre preuve d’une habilité technique sans faille. Contre Bastia, il a même su conjuguer ces deux talents en décochant une mine dans la lucarne avant d’offrir à Makoun (oui, Makoun) le dernier but d’un extérieur délicat. Une dualité que résume très bien Philippe Montanier lorsqu’il parle de son protégé : « C’est un guerrier et il a un tel registre que ça offre plusieurs possibilités. Il sait tout faire : on n’arrive pas à ressortir, on peut jouer long sur lui ; vous lui jouez dans les pieds, il vous la garde ou la dévie comme il faut. » Du talent, de l’expérience (y compris en Coupe d’Europe) et un prénom à faire soulever les foules : Ola Toivonen est une bonne pioche comme il s’en fait peu.
Romain Alessandrini
Le milieu de terrain avait le profil idéal pour se planter. Auteur d’une première partie de saison folle l’an passé, entre passes géniales et bourres somptueuses, Romain Alessandrini a été frappé par le syndrome du joueur en sur-régime. Un transfert avorté à l’OM, une blessure aux ligaments croisés, et une longue période de convalescence : Romain Alessandrini a failli passer à la casse. Pourtant, le gaucher s’est remis de ces écueils et redevient peu à peu un talentueux manieur de ballon. Depuis cet hiver, il s’est fendu de 5 buts et 6 passes décisives, mais, surtout, a retrouvé la confiance et ses qualités de pénétration. Décisif en Coupe et en Ligue 1, Alessandrini est un homme de base du dispositif de Philippe Montanier, qui implorait ses dirigeants l’été dernier afin de conserver le spécialiste français des chiques de 25 mètres. Reste à savoir si, fort de ce regain évident, le natif de Marseille résistera aux appels des écuries qui souhaiteront certainement s’attacher ses services lors du prochain mercato.
Kamil Grosicki
« C’est un joueur offensif et rapide. On l’attendait, car nos jeunes le sont peut-être un peu trop quand on joue le maintien. Il joue dans le couloir droit, a un bon potentiel. Il parle français, c’est important pour l’intégration. » À l’instar de Toivonen, Kamil Grosicki a justifié les attentes de son nouvel entraîneur. Touché par les blessures à Sivasspor, son ancien club, le Polonais de 25 ans a investi le couloir droit jusqu’alors squatté par Kadir et Pitroipa. S’il alterne encore parfois avec le premier cité, Grosicki offre une certaine concurrence à un poste où l’Algérien se montre d’une inconstance caractéristique. Double passeur décisif lors de ses premières apparitions, il a également participé à la qualification en Coupe en ouvrant le score sur une passe de l’autre nouveau, Ola Toivonen. Toivonen-Grosicki, un duo gagnant dont peuvent se gargariser les recruteurs bretons.
Abdoulaye Doucouré
Pur produit de la formation rennaise, Abdoulaye Doucouré rend depuis quelques rencontres la confiance placée en lui par ses dirigeants. Il faut dire que les circonstances ne lui ont pas permis de le faire par le passé. Victime de deux ruptures ligamentaires au genou gauche, le joueur de 21 ans n’a que peu eu l’occasion de briller sous la tunique bretonne. Rétabli au sortir de l’hiver, Doucouré expose depuis son potentiel et a activement participé à la bonne série des siens ces dernières semaines. Disposant d’un coffre impressionnant, il a su profiter des absences pour se faire une place dans l’entrejeu, tantôt devant la défense, tantôt en soutien des attaquants. N’hésitant pas à se projeter vers l’avant pour y accomplir quelques forfaits décisifs, à l’instar de ce but assassin contre l’OM, Doucouré s’impose comme un joueur box to box habile. Véloce, Abdoulaye tient également ses qualités de la génétique, lui dont le cousin n’est autre que le hurdler Ladji. Reste à lui souhaiter de ne pas trouver le chemin de l’infirmerie, lieu que connaît trop bien son illustre aîné.
Par Raphael Gaftarnik