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Rennes, la saison du frisson
En décrochant son ticket pour le Stade de France grâce à sa victoire à Lyon (2-3), le Stade rennais s'est encore une fois donné le droit de rêver, en offrant de nouvelles émotions à ses supporters. La suite logique d'une saison déjà historique pour le club après son parcours européen, et une nouvelle occasion de prouver que Rennes est en train de grandir. Et tant pis si ça se termine encore sans trophée.
Il suffisait de boire les paroles d’Hatem Ben Arfa pour comprendre que cette saison avait déjà changé beaucoup de choses au Stade rennais. « Avant, Rennes, c’était un club, tu venais, tu savais que tu terminais entre la septième et la dixième place, a lâché le milieu de terrain rennais dans un entretien donné à L’Équipe avant le déplacement à Lyon. Et les supporters, aujourd’hui, ils ont la joie et l’espoir. Avant, ils étaient dans la frustration, ils se disaient : notre club, c’est un sparring-partner. La saison est déjà réussie par rapport à ça, et je suis content d’y avoir participé. Ça restera, et le club doit donner encore plus à cette ville. Mais aujourd’hui, tu parles de Rennes, c’est plus excitant. »
Une déclaration très révélatrice, surtout quand elle vient d’un joueur fraîchement débarqué en Bretagne, constatant l’évolution d’un club plus souvent moqué que félicité ces dernières années. Mais voilà, au Groupama Stadium, le frisson rennais a encore frappé, s’occupant cette fois d’éjecter Lyon pour s’offrir le droit de rêver, encore une fois, en compostant son ticket pour le Stade de France. Fou.
Une question d’émotions
Dix ans après la tragique finale de Coupe de France contre Guingamp, les Rennais vont donc retrouver le Stade de France pour la quatrième fois sur la dernière décennie. Sauf que cette fois, l’histoire est différente. Si la bande à Stéphan doit attendre mercredi soir pour connaître l’identité de son adversaire (Nantes ou le PSG), elle doit déjà être consciente qu’elle aura certainement donné au club une des plus belles saisons de son histoire, si ce n’est la plus belle. Il y a eu cette malédiction brisée contre Jablonec un soir de septembre, une phase de poules galère en Ligue Europa, une première qualification historique contre Astana et surtout deux doubles confrontations magiques contre le Betis Séville et Arsenal. « Ce que l’on a vécu en C3 nous a servis. J’ai utilisé tout ça dans ma causerie d’avant-match » , s’est réjoui Julien Stéphan en conférence de presse après la victoire à Lyon. Et sans se mentir, cette qualification rennaise n’est pas seulement une bonne nouvelle pour les supporters rennais, mais aussi pour ces spectateurs neutres, qui se sont pris à kiffer devant les matchs du SRFC sur la scène européenne à la fin de l’hiver.
« Mon objectif était de redonner la fierté à la communauté rouge et noir, confiait récemment le président Olivier Létang dans un podcast animé par Ouest-France. Tout un club fait ce qu’il faut pour arriver à ce niveau-là. On est dans un changement de mentalité. » Mission réussie, le club breton a déjà réussi à emmener 3500 fans à Séville, 6000 à Londres et ils devraient être près de 30 000 à rallier la capitale française le 27 avril prochain, pour s’offrir une ultime dose de rêve. Imaginez le symbole : le SRFC qui met fin à une interminable disette de quarante-huit ans sous la houlette de Julien Stéphan. Lui, le natif de Rennes. La belle histoire est en marche, diront les éternels optimistes. Les autres verront aussi en cette finale une opportunité pour retrouver les joies de l’Europe dès la saison prochaine. Et ils auront raison : les Rennais ne doivent pas se contenter d’un coup d’éclat, il va falloir enchaîner pour définitivement changer. Mais le bilan se fera plus tard. En attendant, peu importe l’issue de cette saison folle, Rennes a déjà fait le plein d’émotions. Et c’est aussi ça qui compte.
Par Clément Gavard