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René Malleville : « J’ai déjeuné avec Mitterand et Mauroy, alors Eyraud… »
René Malleville n'est pas qu'un mème internet. Loin de là. René Malleville est un homme de 72 ans qui, en un peu moins de deux heures, est capable de vous parler de Pierre Mauroy, d'Enzo Francescoli et de JuL, d'évoquer des boîtes de conserve réchauffées au camping-gaz dans les tribunes du Vélodrome, Maria Callas, M. Pokora, Jacky Le Mat, François Mitterrand, ses collections de pin's et de vinyles, Nino Ferrer, Monseigneur Etchegaray et Josip Skoblar. René Malleville est un homme qui brise les clichés aussi violemment qu'il tire sur sa cigarette électronique "goût gâteau". Tout le contraire d'un mème, en fait.
René Malleville est arrivé en avance, comme en atteste son baby de Ballantine’s bien entamé. Installé en vitrine de l’OM Café, sur le Vieux-Port, casquette enfoncée sur le crâne et lunettes de soleil posées sur le nez, il tente de passer incognito alors qu’il est ici chez lui. Tout de suite, il propose qu’on s’installe dans un salon, pour être au calme. Mais c’est dans son environnement naturel qu’on a envie de passer du temps avec l’animal qu’on sait par avance indomptable. Et tant pis si le brouhaha ambiant rendra l’enregistrement plus pénible à retranscrire. Il est 15h. Notre train de retour est à 17h. Spoiler : on a failli le rater.
Le baby de Ballantine’s, c’est ce que tu bois toujours ?
L’été, il m’arrive de boire une bière. Mais contrairement à la légende, je ne bois jamais de pastis, à part quand je suis chez des amis ou en famille. Parce que comme je le bois sans eau, au bout de trois ou quatre…
Tu es né à Carcassonne et avant d’arriver à Marseille à neuf ans, tu es passé par le Maroc…Mon père était dans la police et quand j’avais 4 ans, il a été envoyé au Maroc, à Mogador, aujourd’hui Essaouira, la plus belle ville du Maroc. J’en garde le souvenir d’une enfance heureuse. On y a vécu jusqu’à la fin du protectorat français, en 1956. Et en 1957, on s’est installés à Marseille.
Et que faisait ta maman ?Rien. Ça se faisait à l’époque. Comme ma femme. On s’est mariés en 1967, elle a commencé à travailler en 1976. À l’époque, on n’avait pas besoin que la femme travaille.
Tu as des frères et sœurs ?J’ai un frère et deux sœurs. Je suis le cadet.
À l’époque, tu parlais de foot avec ton père ou ton frère ?Mais non ! Ça n’existait pas le foot au Maroc ! Aujourd’hui, ça commence, mais en 1956… Quand je suis arrivé à Marseille, les minots me parlaient de l’OM, je ne savais pas ce que c’était. Jusqu’à ce que des parents de l’école m’amènent au stade vers 15 ou 16 ans. Bon, ça m’a plu. Je ne saurais pas te dire quel match c’était, ni le score, parce qu’on n’arrêtait pas de déconner, on ne regardait même pas le match. Puis, vers 17 ou 18 ans, ça a commencé à m’intéresser, j’ai commencé à y aller avec des gens qui étaient des fanatiques, et voilà… À 19 ans, j’étais un assidu du stade Vélodrome.
Tu sembles regretter l’époque où l’ambiance n’était pas assurée par les groupes de supporters…À la belle époque du président Marcel Leclerc (1965-1972), c’était une ambiance spontanée. Il n’y avait pas de clubs de supporters et, à part « allez l’OM ! » , il n’y avait pas de chants. Mais il y avait une ambiance de fou. J’ai beaucoup lu sur l’histoire du club et, en 1947, mon année de naissance, il y avait 45 000 personnes au stade Vélodrome, c’était la folie. Et puis, il n’y avait pas de fouille. Avec les collègues, on venait avec notre camping-gaz pour faire chauffer des boîtes de conserve. Après, les clubs de supporters sont arrivés, et je n’ai rien contre eux. Quand on voit leurs tifos, on ne peut qu’être admiratif. Mais quand on n’est pas habitué, c’est rigide : « Faites ci, chantez ça… » C’est compliqué, surtout à mon âge. Mais depuis 1984, on s’est habitués.
Après le Maroc, ton père a donc été policier à Marseille. Ça a dû lui changer, non ?Aujourd’hui, il doit se retourner dans sa tombe en voyant ce qu’est devenue la police. Elle est vilipendée de toutes parts, pas protégée. Avec les téléphones qui filment, ils sont accusés de bavure au moindre truc… Mon père, quand il était policier, il n’a jamais eu d’histoires, il faisait la circulation. Il y en a marre de ces clichés, les Marseillais n’avaient rien à craindre de la part de ces grands voyous, dont le dernier, Jacky Imbert, dit le Mat, est mort en novembre dernier. Ils faisaient leurs affaires entre eux, ils n’agressaient pas les gens dans la rue. Au contraire, pour qu’il n’y ait pas de grabuge autour de leurs affaires, ils protégeaient la population. Depuis que le milieu traditionnel n’existe plus, à Marseille, c’est beaucoup plus compliqué. Paradoxalement, tout le monde préférait l’époque où le milieu tenait Marseille.
Comment s’est déroulée ta scolarité ?Très bien ! À l’âge de 14 ans, alors que j’étais à l’école communale de Saint-Mitre, j’ai reçu le Grand Prix de la Ville de Marseille. Remis par Gaston Defferre (maire de Marseille de 1953 à 1986, N.D.L.R.). Premier de la classe !
Tu as ensuite travaillé comme chauffeur de bus à la RTM (Régie des transports de Marseille). Comment tu t’es retrouvé là ?Après avoir reçu le Grand Prix, je suis parti au collège de Chartreux, comme Marcel Pagnol. Et là, ça a été la débandade. Je m’en battais les couilles de tout. Je faisais un truc de chaudronnier, ou je sais pas quoi. Et comme je n’avais pas la moyenne, ils m’ont envoyé au Chatelier, un lycée pour cancres, où j’ai appris la soudure. Je me suis fait virer parce que je faisais des conneries, j’ai essayé de passer mon CAP en candidat libre, et je l’ai raté. Ensuite, j’ai rencontré ma femme à 17 ans, nous nous sommes mariés, et je suis parti faire mon service militaire. À mon retour de l’armée, il fallait que je travaille et mon père connaissait quelqu’un à la RTM.
C’est à ce moment-là que tu t’es découvert une fibre politicienne, pour laquelle tu as d’abord été connu à Marseille…Oui, et c’est le plus important, pour moi. À 29 ans, j’ai été élu conseiller municipal en me faisant connaître tout seul, il n’y avait pas de réseaux sociaux. J’étais connu dans tout Marseille, en tant que politique, puis en tant que syndicaliste. Et quand j’avais fini de régler tous ces problèmes, j’allais au stade pour oublier tout ça. L’OM, ce n’est pas ma vie. L’OM, c’est un loisir, quelque chose que je suis depuis l’époque où j’étais chauffeur de bus. J’allais voir le patron et je lui disais : « Moi, quand y a l’OM qui joue, il ne faut pas me faire travailler le soir. » Et quand il me faisait travailler, je n’y allais pas.
C’est une belle preuve d’amour envers l’OM, tout de même…J’adore l’OM, mais ce n’est pas toute ma vie, même si depuis que je ne fais plus de politique, je m’y consacre à fond. J’ai une femme, trois enfants, cinq petits-enfants… Ça passe avant l’OM, quand même.
Tu faisais quel parcours en tant que chauffeur de bus ?Je n’ai jamais voulu avoir de bus attitré ! Je voulais voir des tronches nouvelles tous les jours.
En 1984, qu’est-ce qui te pousse à créer ta propre organisation syndicale au sein de la RTM ?Je trouvais que la CGT était trop molle, pas assez agressive. Mais c’était normal, ils touchaient des subventions. Donc j’ai monté mon propre syndicat, totalement indépendant. Et j’ai bloqué Marseille. J’ai foutu le oaï. J’ai séquestré le patron. Y a 8 mecs qui ont fait la grève de la faim pour moi pendant huit jours, mais les dirigeants en ont eu plein les couilles, et ils m’ont révoqué. Pas licencié, révoqué. En 1989, à 42 ans, je me suis retrouvé chômeur, sans indemnités. Et j’allais voir l’OM pour oublier tout ça.
Tu as toujours été de gauche ?Toujours. J’ai été un syndicaliste pur et dur, je déteste les inégalités. J’ai toujours lutté pour la défense des travailleurs.
Cela vient de ton éducation ?Bof. Ma mère s’en battait les couilles, et mon père devait voter un coup à droite, un coup à gauche. On ne parlait pas de politique à la maison. Je me suis formé en politique tout seul. Quand j’ai commencé à travailler, j’ai vu tout ce qui se passait, et ça m’a gonflé. Et encore, c’était mieux que maintenant. Si j’avais 20 ans aujourd’hui, je prendrais les armes pour faire la révolution. À l’époque, j’ai commencé à m’y intéresser, j’ai rencontré des politiques de plus en plus importants, et avec ma grande gueule, je suis vite monté en grade. En 1977, j’ai été élu conseiller municipal jusqu’en 1983, puis de nouveau en 2008, sur la liste de mon ami Jean-Noël Guérini. Et en 2014, j’ai dit « stop, arrêt buffet ! » Place aux jeunes. Les vieux qui s’accrochent, c’est pas mon truc.
La même année, tu rachètes Le Bretagne, un bar pourri que tu vas entièrement refaire…J’ai tout retapé, il était mort. J’ai recouvert les murs de pin’s. J’en ai 4500. Mais j’ai surtout été l’un des premiers bars de Marseille à diffuser tous les matchs. Au début, les médias venaient parce que j’étais connu et qu’ils voulaient savoir comment l’ancien syndicaliste s’en sortait. Et très vite, ils ont oublié la politique et ils venaient pour l’ambiance les soirs de match. Et c’est là que j’ai commencé à être connu en tant que supporter de l’OM. En plus, le bar était devenu le QG des Yankees, qui m’avaient nommé vice-président. Moi, je m’en battais les couilles, je ne suis jamais allé aux réunions. Jusqu’au jour où on s’est embrouillés, pour des raisons que je n’ai jamais dévoilées et je me suis cassé au Dodger’s, en 2005. Aujourd’hui, je suis bien avec tout le monde, mais je vais en tribune Ganay, parce qu’à mon âge, les pogos, les drapeaux, bon…
En 2005, tu revends le bar. C’était une obligation ? Pendant 13 ans, j’ai fait des journées de 16h, sans le moindre jour férié. Je ne prenais jamais de congés, au point de faire un AVC en 2003. Là, mes enfants m’ont obligé à fermer le dimanche, s’il n’y avait pas de match de l’OM. Ils m’ont sauvé la vie. Et en 2005, j’ai cédé le bar à des Américains qui rachetaient tout le quartier de la Joliette. Je l’ai bien vendu.
Toujours en 2005, tu enregistres le morceau Point de vue, à la gloire de l’OM. Qu’est-que c’est que cette folie ?
J’ai toujours aimé chanter. En 1966, j’avais fait la première partie de Nino Ferrer. Là, j’ai trouvé un mec qui a fait la musique et un producteur. Je suis même passé à la Fiesta des Suds (un gros festival marseillais, N.D.L.R.), entre deux rappeurs. On a vendu 4800 disques sur les 10 000 qu’on a produits. Et le reste, je les ai achetés pour les offrir.
On sent que tu aimes être médiatisé…Je ne refuse jamais une interview. Tiens, je vais te montrer un truc. (Il fait défiler sur son téléphone ses centaines de contacts dans les médias, N.D.L.R.) Tu te rends compte de tous les numéros que j’ai ? Et tous savent que la seule règle, c’est de ne pas modifier mes propos.
Comment expliques-tu que tu plaises autant aux journalistes ?Je suis nature. Ils savent que je ne triche pas. C’est pour cela que je ne veux pas qu’on triche avec moi. Parfois, les mecs s’étonnent que je sois pareil à la télé que dans la vie. Mais comment tu veux que je sois ? Je ne sais pas jouer de rôle. Je n’ai jamais appris un texte. À l’école, j’étais zéro en récitation. Pour Taxi 5, dans lequel je joue le rôle d’un patron de bar, Franck Gastambide m’a dit que j’étais le seul qui n’avait pas de texte. Il m’a dit : « Mets-toi derrière le bar, et fais une minute d’impro. » Voilà. Moi, on ne me dit pas ce que je dois dire. Sinon, je m’en vais. Sur un plateau, je suis à l’aise comme au bar. Chez Cnews, ils ont fait les outrés après mon dernier passage (interrogé sur l’homophobie dans les stades, Malleville avait déclaré : « Les enfants n’ont pas attendu d’aller au stade pour entendre des conneries. Demandez aux professeurs des écoles ce qu’ils entendent toutes la journée : « Va niquer ta mère, le con de tes morts, je nique ta grand-mère ! » » ). Mais pourquoi tu m’invites ? Va te faire enculer ! Je ne fais que des émissions en direct. Un jour, l’assistante de Dechavanne m’a appelé pour participer à une émission qui n’était pas en direct, alors j’ai refusé. La fille m’a dit : « Mais quand même, c’est Dechavanne ! » Si tu savais ce que je m’en bats les couilles de Dechavanne. Ils ne m’ont plus jamais rappelé.
Avant qu’on démarre l’entretien, tu racontais que tu étais allé voir le concert « Star 80 » avec Annie, ton épouse. C’est la musique que tu préfères ?Je suis mélomane. J’ai 12000 45 tours chez moi et presque 5000 CD. Ça va de la musique baroque à M. Pokora. J’écoute le meilleur de chaque genre. Lorsque j’écoute Casta Diva de la Callas, je suis subjugué ! Alors que les minots, tant qu’ils entendent pas « les keufs, les meufs… » , ils ne sont pas contents. JuL, je ne le connais pas, il paraît que c’est un super mec. Mais je ne supporte pas le rap. Ils parlent mal.
De 2008 à 2014, tu fais ton retour en politique en tant que conseiller communautaire et délégué aux sports dans la mairie du 2e secteur de Marseille aux côtés de Jean-Noël Guérini. Quel bilan tires-tu de cette expérience ?
Je me suis régalé. Je suis à l’origine d’un city stade à Félix-Pyat, un quartier difficile. Bon, ce n’est pas ça qui va sauver la cité, il aurait fallu faire plus, mais j’avais un adjoint aux sports incompétent. Il est toujours en poste, d’ailleurs.
Comment tu expliques qu’à Marseille, il y ait des quartiers laissés à l’abandon ?Il faut poser la question aux gouvernements qui se sont succédé. Il y a des quartiers comme Font-Vert, où il n’y a rien, pas un commerce, pas un service public. Ce sont des questions politiques, et… il y a des choses qu’on ne peut pas dire.
Depuis 10 ans, tu fais La minute de René, sur le site du Phocéen. Tu considères que c’est un métier ?
Quand ils m’ont proposé de faire cette chronique, j’ai accepté à deux conditions : qu’on ne fasse qu’une seule prise et qu’on ne me censure pas. Et ça n’a jamais posé de problème. Je le fais de façon sérieuse, mais ce n’est pas un métier, c’est naturel. Il n’y aucune conséquence derrière. Ce qui étonne, c’est que je suis authentique. Parce qu’il n’y a quasiment plus de gens authentiques. Les gens pensent parfois que je sors de l’apéro, mais c’est tourné à 9h du matin.
Tu as une attachée de presse, c’est tout de même très professionnel…Non ! Il faut que quelqu’un s’occupe de moi, justement parce que ce n’est pas mon métier.
Mais aujourd’hui, tu vis de ça ?Le Phocéen, ça me fait de l’argent de poche. Ça me permet de ne pas toucher à l’argent de ma retraite.
Ça paye un peu plus que les clopes, non ?Quand j’avais le bar, je fumais trois paquets de Gitanes sans filtre par jour. Mais j’ai arrêté depuis mars dernier. Je suis passé à la cigarette électronique, goût gâteau (sic). (Effectivement, l’objet sent bon le fondant au chocolat, N.D.L.R.)
Tu penses quoi de l’OM actuel ?McCourt est venu sans vraiment savoir où il mettait les pieds, il a pris Eyraud, qui n’est pas bon. En novembre, Eyraud m’a invité à déjeuner à l’Intercontinental. Il voulait qu’on parle du passé, du présent, et pourquoi pas, de l’avenir de l’OM. Et il m’a demandé ce qu’il fallait améliorer au club. Je lui ai dit qui il fallait virer et qui il fallait garder. Deux mois après, il virait les mecs que je lui avais dit de garder et il gardait ceux que je lui avais dit de virer. Et comme par hasard, le club tourne mal.
C’est flatteur qu’il t’ait demandé ton avis…J’ai déjeuné avec François Mitterrand, Pierre Mauroy et Monseigneur Etchegaray. Alors Eyraud, je m’en bats les couilles. Il m’a fait perdre une matinée.
Quelle est ta période préférée dans le football ?Les années 1970, parce que c’est ma jeunesse. Mais le plus grand joueur qu’on ait eu à l’OM, c’est Enzo Francescoli. Il était fin, beau à voir jouer. Et après, il y a Josip Skoblar qui te mettait 40 ou 50 buts par saison, à l’époque où les défenseurs étaient des bouchers. Et chez lui, c’était inné. C’était pas Papin qui arrivait à l’entraînement une heure à l’avance et qui repartait une heure après les autres. Et encore moins Drogba. Faut arrêter avec Drogba. Les mecs de 20-25 ans n’ont connu que lui. Chez moi, j’ai 74 livres sur l’OM. Mais les jeunes s’en battent les couilles, de l’histoire. Mais si tu ne sais pas d’où tu viens, tu ne sais pas où tu vas. J’essaie d’inculquer ça à mes petits-enfants.
Ils sont fiers de leur grand-père ?J’en sais rien. Tu me vois leur demander s’ils sont fiers de papy ? Ils voient qu’on me reconnaît dans la rue, mais pour eux, c’est normal. En revanche, ma femme ne veut plus que j’aille aux commissions avec elle. Elle dit que toute seule, ça lui prend 20 minutes, alors qu’avec moi, ça prend 3 heures. Parce que tout le monde m’arrête pour parler de l’OM.
Votre petit-fils de 18 ans est gardien de but au FC Côte Bleue. Il paraît qu’il est prometteur…Ouais, mais c’est un milieu d’enculés. Il a fait des essais à Guingamp, Angers, Évian, et dernièrement au Torino. Là-bas, à la fin des sélections, ils ont dit que c’était lui le plus intéressant. Et depuis, pas de nouvelles. Mais bon, il a des gens qui s’occupent de lui. Je vais le voir jouer à chaque match depuis qu’il a 6 ans.
Comment tu te comportes, sur le bord du terrain ?Je ferme ma gueule. Comme au Vélodrome. Tu ne m’entends jamais parler. Je n’arrive pas à dire : « Oh hisse, enculé ! » Je gueule après, pas pendant.
Qu’est-ce qui te plaît dans le foot ?J’ai toujours eu l’esprit de compétition. Il se trouve que j’ai atterri à Marseille, donc je suis pour l’OM. Je suis obligé ! Mais si j’habitais dans une ville de rugby, je supporterais une équipe de rugby. J’aime tout dans le football. Les beaux gestes, les beaux joueurs… La tactique, le schéma, bof. Non, moi, c’est la compétition qui me plaît. Si on gagne un match en bois, je suis content. C’est tout ce qu’il y a autour qui m’énerve, l’argent prend le dessus sur tout. Nous, au stade, on est naïfs, on veut voir du sport. Mais tout ce pognon qu’il y a derrière, c’est une gabegie. Mais je continue d’être pour l’OM parce que j’adore aller au stade, rigoler avec les collègues, l’ambiance, cette folie marseillaise. Le football est le seul sport avec un ballon qui se joue avec les pieds. C’est spécial, quand même.
Propos recueillis par Mathias Edwards, sur le Vieux-Port