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Rendez-vous le 11 juillet ?
L'Espagne renvoie CR7 à la maison mais personne ne pleure. Le nouveau héros, c'est DV7. David Villa vient de faire chavirer l'Espagne et est sur le point de détrôner el Niño Torres dans le cœur des ménagères. La température monte dans la presse ibérique. Revue de presse.
Mardi soir la bourse de Madrid a sérieusement dérouillé : -5,5%. Deux millions de personnes privées de métro, en “grève générale et illimitée” pour s’opposer au plan d’austérité de ZP, sont bloquées dans les bouchons. Il doit peut-être faire 50° dans les voitures immobiles et alignées sur les grands boulevards de la capitale du Royaume. Mais depuis lundi, les drapeaux sang et or se sont incrustés sur les banquettes arrière, les balcons et les visages. Mardi soir, c’était le deuxième anniversaire de la victoire à l’Euro. Le gâteau d’anniversaire est portugais. Les Espagnols sont donc à l’heure devant tout ce que le royaume compte de bars, pubs ou salles de réunion. C’est la crise mais quand la Roja bat le Portugal, on a le droit d’accrocher des drapeaux sur les murs du bureau.
La presse hispanique ne se sent plus. “Ça c’est mon Espagne” titre Marca, “Toreros” ose As. Même le vieux “sage d’Hortaleza”, Luis Aragones, est bien obligé de reconnaître que l’équipe d’Espagne a fait une « très bonne seconde mi-temps (…). On a pu enfin voir l’Espagne d’avant le Mondial » . Del Bosque, aphone en conférence de presse, n’a jamais douté : « Nous sommes dans un bien meilleur moment au niveau du jeu. On savait qu’on était bien. Nous travaillons depuis plus d’un mois ensemble et on voyait bien que nous étions sur le bon chemin » . L’Espagne est enfin entrée dans son Mondial après un échec traumatisant contre la Suisse, une performance plutôt décevante contre le Honduras et beaucoup de réussite contre le Chili. L’Espagne a gagné « en jouant son jeu, le Tiqui-Taqua » . Enfin ?
Le fils préféré
Il reste néanmoins un sujet tabou : la forme du fils préféré Fernando Torres. Après dix premières minutes où les supporters rouges l’ont vu ressusciter, The Kid a disparu sous Ricardo Carvalho et Bruno Alves. La gonfle tournait, et tournait, et tournait mais Torres n’y était jamais. A tel point que celui qui fait maintenant rêver les midinettes est un autre Fernando, un autre blond, un autre niño. Celui-ci s’appelle Llorente et vient de frapper un grand coup. Son entrée à la soixantième minute a changé le match. Trois minutes plus tard : fixation de Llorente face au but, Iniesta dans l’intervalle, talonnade de Xavi et double frappe de Villa. “L’homme de la soirée” pour El Pais. Alors Torres aux fraises contre le Paragay ? Del Bosque s’en fout : « Je ne suis pas inquiet. Si Torres est en condition pour jouer, il sera titulaire » . Circulez.
Mais la nouvelle idole officielle du Royaume, c’est un type avec des pattes, des oreilles décollées, du gel luisant et un peu court sur pattes. Avant le Mondial, David Villa était officiellement moins beau que Torres, jouait dans un club de seconde zone et faisait des pubs pour Mcdo. Depuis le début de la compète et son match « stratosphétique » (Marca) contre le Portugal, Villa est barcelonais, déjà meilleur buteur et est devenu le “Roi Midas” (celui qui transforme tout en or, ndrl). Du coup, le ministre des sports espagnol Jaime Lissavetzky fayote et ramène un trophée inestimable : « C’est le maillot de Villa, je l’avais promis à la fille de Zapatero » . Le cadeau à la fille du boss. Bien vu l’aveugle. Le but de Villa était hors-jeu mais à part consoler les Portugais, le ralenti ne sert à rien. Mieux vaut donc ne pas le montrer. Et ne pas en parler.
Porte-malheur
Samedi prochain l’Espagne sera toujours en crise, le taux de TVA aura augmenté de deux points mais la grève de métro sera suspendue. Par ailleurs, l’Espagne affrontera le Paraguay, ce qui est bien plus important. Difficile de ne pas penser à une éventuelle demi-finale contre l’Allemagne ou l’Argentine. Difficile de ne pas parler du 11 juillet, de ne pas faire de planning. Le maléfice des quarts-de-finale guette toujours, mieux vaut donc ne pas trop la ramener. Même Marca la joue discret en Une avec un astérisque « On est en quarts, c’est bien. Mais attention on n’a toujours rien gagné » , ce qui n’est pas vraiment le genre de la maison. Tout peut arriver jusqu’au 11 juillet. Même le pire ?
Thibaud Leplat, à Madrid
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