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Rendez-vous dans 4 ans en Russie
C'est triste, mais c'est ainsi : le Mondial brésilien vient de s'achever. La prochaine édition du tournoi aura lieu dans 4 ans en Russie. Où en est l'organisation de cette 21e édition ? Que peut-on en attendre ? Y a-t-il d'éventuelles choses à craindre ? On fait le point.
Comment ils ont raflé la mise ?
La partie s’est jouée le 2 décembre 2010 à Zurich. Lors d’une seule et même réunion de la FIFA, la Russie a été élue pour accueillir la 21e édition en 2018 et le Qatar la suivante quatre ans plus tard. La grosse polémique entourant le choix du Qatar pour 2022 a un peu éclipsé la décision d’organiser le tournoi en Europe de l’Est pour la première fois de l’histoire. Avec 13 voix au dernier tour de scrutin, la Russie a devancé la candidature hispano-portugaise (7 voix), la belgo-hollandaise (2 voix) et l’anglaise (éliminée au premier tour).
Quels changements à venir ?
A priori pas trop, même si Platini a soumis l’idée en octobre dernier que la compétition se dispute à 40 au lieu de 32 actuellement. Pour lui, ce serait facile à aménager, avec une phase de poules à cinq sélections par groupe au lieu de quatre actuellement. Rappelons que l’Euro 2016 va se jouer à 24 participants au lieu des 16 des éditions précédentes, donc le père Michel s’y connaît en matière d’élargissement de tournoi. Sauf que Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA, a donné un avis défavorable à la proposition soumise par le big boss de l’UEFA. Idem concernant le ministre russe des Sports, Vitaly Mutko, qui a expliqué que le dossier de candidature avait été ficelé pour 32 équipes, pas plus. La révolution attendra, donc. À voir, en revanche, s’il y aura des évolutions au niveau de l’arbitrage, comme ça a été le cas au Brésil avec l’utilisation du spray et de la goal-line technology.
Quels enjeux politiques ?
Il est rare désormais qu’une compétition de cette ampleur ne s’accompagne pas d’enjeux politiques et/ou de polémiques géopolitiques. Le fait d’organiser la 21e édition du Mondial dans un pays comme la Russie suscite forcément ce type de questionnements, avec le caractère autoritariste du pouvoir de Poutine et les diverses tensions qui agitent régulièrement le plus grand pays du monde (en surface, ndlr), qu’elles soient internes (Tchétchenie, Daguestan, Ossétie…) ou externes, avec des relations souvent tendues avec les pays occidentaux. Et puis, bien sûr, il y a la question du rôle de la Russie dans les troubles agitant toujours fortement l’Ukraine. Il est aujourd’hui impossible de savoir si ces questions feront toujours l’actualité dans quatre ans, mais si ce n’est pas celles-ci, ce sera certainement d’autres… Et puis, bien sûr, il y a aussi le problème du racisme dans les stades – certains tout du moins, à Saint-Pétersbourg notamment –, que les instances de football russes vont devoir gérer avec un peu plus de conviction qu’actuellement. N’oublions pas non plus que comme avec les JO de Sotchi en début d’année, devrait être soulevée la question du statut des homosexuels dans ce pays pas vraiment gay friendly…
Dans quels stades ?
Le dossier retenu par la FIFA fait état de 12 stades pour l’accueil des matchs, répartis dans 11 villes différentes. La Coupe du monde qui vient de s’achever au Brésil s’est aussi déroulé dans le même nombre d’enceintes. Les villes d’accueil seront les suivantes : Moscou (deux stades), Saint-Pétersbourg, Kaliningrad, Samara, Nijni-Novgorod, Rostov, Sotchi, Saransk, Volgograd et Ekaterinbourg. Certains stades sont déjà prêts, comme à Moscou avec le stade Loujniki ou à Sotchi avec le stade olympique. D’autres sont quasiment achevés, comme l’Otkrytie Arena de Moscou, en construction, comme à Saransk et Saint-Pétersbourg (où les travaux ont pris du retard), ou encore dans les cartons, comme à Kaliningrad, Nijni-Novgorod ou Rostov. Tous devraient avoir une capacité d’accueil d’environ 45 000 personnes, sauf le Loujniki qui dépasse les 80 000 places et la future Zénith Arena de Saint-Pétersbourg, avec près de 70 000 places.
Quelles conditions de jeu ?
Toutes les villes d’accueil sont situées dans la partie européenne du pays. Il n’y aura donc pas de déplacements interminables en avion à prévoir, même si Ekaterinbourg est tout de même située à 1400 kilomètres à l’est de Moscou et Kaliningrad à plus de 1000 bornes à l’ouest. Mais ça reste inférieur aux distances entre les différentes enceintes du Mondial brésilien. Autre bonne nouvelle, les conditions météo devraient être parfaites pour la pratique du foot, avec des températures moyennes oscillant entre 16 à Saint-Pétersbourg et 20 à Sotchi au mois de juin.
La sélection russe sera-t-elle prête ?
La dernière interrogation concerne le niveau de jeu de l’équipe-hôte, qui aura la pression à domicile et va devoir montrer bien autre chose qu’au Brésil, où elle a énormément déçu. Pour cette compétition de préparation, le sélectionneur Fabio Capello avait décidé d’intégrer quelques jeunes (Kanunnikov, Shatov, Mogilevets, Shchennikov…) en plus des vieux habitués (Akinfeev, Berezutski, Zhirkov, Kherzhakov…), mais les timides prestations de l’équipe montrent qu’il y a encore beaucoup de travail à fournir pour être à la hauteur de l’événement dans quatre ans. Chez les jeunes, Dzagoev ne parvient pas à confirmer les belles promesses laissées voir à ses débuts internationaux. Seul Kokorin, auteur d’un joli but contre l’Algérie, a confirmé qu’il faudra très certainement compter sur lui à l’avenir. À voir si cet avenir se fera encore avec Fabio Capello, le sélectionneur le mieux payé du Mondial brésilien, fortement fragilisé par l’élimination de son équipe dès le premier tour dans un groupe abordable. La Russie va démarrer à la rentrée sa campagne de qualification pour l’Euro 2016 dans un groupe comportant notamment la Suède, l’Autriche et le Monténégro. Ses performances seront désormais de plus en plus surveillées.
Par Régis Delanoë