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Renard à Sochaux, des raisons de crier au loup ?

Par Arnaud Clement
Renard à Sochaux, des raisons de crier au loup ?

Après sa nomination lundi à la tête du FC Sochaux-Montbéliard, les doutes ont fusé sur la personne d'Hervé Renard et sa capacité à relever le club, lui le sorcier de la Zambie qui n'a jamais goûté à la Ligue 1. A-t-on vraiment des raisons de s'inquiéter de ces entraîneurs ayant fait leurs armes dans des contrées lointaines ?

La nomination d’Hervé Renard à Sochaux ou une surprise inversement proportionnelle au sacre de la Zambie à la Coupe d’Afrique des nations 2012. En tête de la short list des dirigeants doubistes, comme Pablo Correia, durant tout le processus de sélection qui aura vu défiler plus d’une dizaine de noms, le technicien de 45 ans avait tout pour être nommé. Et ce même sans être issu du sérail sochalien, comme nombre de ses prédécesseurs, et encore moins de celui de la Ligue 1, lui qui n’y a goûté qu’une fois en tant que joueur de l’AS Cannes en 1988-1989. Et c’est bien là la principale information : le FCSM n’a eu que faire des rumeurs sur ces techniciens pas assez bien – ou trop – pour notre sublime et majestueuse L1, après qu’ils étaient partis à l’aventure en Afrique ou en Asie, soit parce que le marché était bouché, soit parce qu’on les avait grillés pour une contre-performance ou un coup de gueule. Alors que d’autres ont enchaîné les clubs de l’Hexagone sans briller, d’ailleurs. Parmi eux, avant-hier, Henri Michel et Claude Le Roy, hier, Roger Lemerre, Philippe Troussier, Bruno Metsu ou Pierre Lechantre, plus récemment Sabri Lamouchi, Patrice Carteron, Denis Lavagne, Alain Giresse, Rolland Courbis ou Gernot Rohr. À l’heure de la mondialisation et de l’évolution toujours plus poussée du métier, nul n’est prophète en son pays. Et pourtant, ceci constituerait un aveu de faiblesse aux yeux des supporters ou des dirigeants. Est-ce fondé ?

Des effectifs et des missions pas plus faciles

Aujourd’hui en attente alors qu’il devait s’engager cet été à l’Aris Salonique, avant que le président ne soit déchu, Jean-Michel Cavalli, qui a connu la France comme l’Afrique (sélection algérienne, Wydad Casablanca) ou les Émirats, a un avis clair sur la question : « Il faut arrêter avec ces doutes. Regardez ce qui se passe en France. On nomme depuis quelques années des gens sans grande expérience du terrain, même s’ils ont été joueurs. Vous croyez que lui qui a gagné une CAN, qui plus est avec la Zambie, est moins aguerri, peut-être ? » Plus que ce sacre africain qui a fait sa renommée, si relative soit-elle, Hervé Renard s’est montré régulier et prometteur dans la performance, en témoigne une troisième place avec le Ghana en 2008 en tant qu’adjoint de Claude Le Roy, ou un quart de finale avec la Zambie en 2010. Et le père du capitaine de l’AC Ajaccio de poursuivre son raisonnement : « Vous savez, lorsque vous managez ces sélections africaines, vous avez devant vous les meilleurs joueurs du pays, qui jouent pour la plupart en Europe, dans de grands clubs. (…) C’est peut-être un peu moins vrai pour la Zambie(N.D.L.R. : la majorité évolue en Afrique), mais tout de même. Quand vous en êtes passés par là, vous pouvez vous occuper de beaucoup de clubs de notre championnat, qui n’ont pas les mêmes effectifs, mais à l’inverse des conditions de travail qui font de la France un cadre de travail recherché. » Quant au fait qu’Hervé Renard puisse être étranger à l’environnement du football français, Jean-Michel Cavalli répond d’une pirouette pour le moins bien sentie : « Peut-être qu’il ne connaîtra pas le football français à ses débuts et aura besoin d’un temps d’adaptation. Mais vous croyez que Rudi Garcia était parfaitement au fait des subtilités du football italien avant de débarquer à la Roma ? » Bim.

De la pression ? En France ?

« Ça me fait doucement rire qu’on parle de pression en France. J’ai lu dans L’Équipe qu’il est question de pression en ce moment à l’OL, alors qu’il doit y avoir tout au plus 15 mecs qui grognent autour du terrain d’entraînement, sourit Claude Le Roy quant à la question de savoir si la L1 est plus exigeante qu’une mission loin des cinq grandes ligues du Vieux Continent. Mais qui en France a déjà fait ses entraînements devant 30 ou 40 000 personnes chauffées à blanc ? » Ajoutez à cela des paramètres extra-sportifs qui pèsent parfois localement et vous obtenez là un métier autrement plus diversifié, faisant appel à d’autres compétences, d’ordre humaines notamment, comme l’explique en détail le bourlingueur à la tête dernièrement du Congo : « Lorsque j’ai emmené Hervé (Renard) avec moi à Shanghai en 2001, alors que je recherchais un staff, je lui ai dit que l’une des conditions à la réussite du job d’entraîneur en Asie ou en Afrique n’avait rien à voir avec le foot de chez nous. Si vous n’êtes pas au fait de la culture locale, de la géopolitique, de l’histoire ou que vous ne maîtrisez pas leur langue, ça ne le fera pas. (…) Il ne suffit pas d’être bon sur le terrain. Si vous allez au Congo et que vous ne connaissez rien de Patrice Lumumba ou de la sécession du Katanga, si vous allez au Cameroun et êtes étrangers à l’UPC ou aux pluies acides de l’armée française durant la quête de l’indépendance, si vous allez à Shanghai et n’êtes pas au fait des relations sino-japonaises, vous n’y arriverez pas. »

Autrement dit, exercer dans ces pays demande un certain savoir-être et une bonne dose d’ouverture sur l’extérieur, traits de personnalité et de caractère pas forcément négligeables dans le football du XXIe siècle, français ou pas d’ailleurs. « Alors, oui, Hervé a eu un peu de mal à Cambridge, parce qu’il ne parvenait pas passer tous ses messages, de par son handicap de la langue. Mais c’était une étape. C’est d’ailleurs pour ça que je l’ai recommandé à Kalusha Bwalya, l’ancien Ballon d’or africain et actuel président de la Fédération zambienne de football, en 2010. Il était prêt et méritait sa chance bien qu’on ne le connaisse pas encore. L’important n’est pas d’avoir un nom en arrivant, mais en repartant » , appuie Le Roy.

Vahid, la voie à suivre

En résumé, la France du football souffrirait d’un esprit trop étriqué et auto-centré sur lui-même. « Il n’y a qu’à voir les résultats de l’élection à Brignolles pour voir à quel point on est fermé en France… » , ose-t-il même. Au sujet de son ancien protégé, celui-ci reste confiant quant à son avenir à Sochaux. Il le juge suffisamment aguerri et travailleur pour parvenir à faire reconnaître sa compétence. Et si les Lionceaux venaient à descendre, reste à savoir quelle serait la part de responsabilité de l’intéressé si on regarde de plus près les limites dans l’effectif ou les prestations proposées. « C’est la prime à la casse dans l’entreprise PSA, mais aussi dans le football, au vu des joueurs vendus et non remplacés pour combler, intelligemment ceci dit, les déficits » , ajoute l’ancien directeur sportif du PSG des nineties. Enfin, Maître Renard pourra toujours se rassurer avec un parcours en particulier. Car tous les expat’ n’ont pas failli au moment de revenir sur leurs terres comme on veut le vendre. Si Philippe Troussier n’a pas marqué l’OM ou si on impute – trop ? – facilement la chute du RC Strasbourg en partie à Claude Le Roy, Vahid Halilhodžić a, lui, réussi son pari. Au tournant des années ’80-’90, après avoir dû fuir sa Yougoslavie en guerre, coach Vahid est persona non grata, oublié par le FC Nantes comme par l’Unecatef. Sur les conseils d’Henri Michel, il se tire alors au Maroc emmener le Raja Casablanca sur le toit du pays et même du continent, la Ligue des champions africaine tombant aussi dans son escarcelle. Avant que le LOSC ne fasse appel à lui pour passer en une poignée d’années de la D2 à la Ligue des champions.

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