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Rémy Dugimont : « Auxerre, c’est très mignon »
Il y a des feuilletons mercato dont presque personne n’entend parler. Comme, l’été dernier, le bras de fer entre Clermont et Auxerre à propos du cas de Rémy Dugimont. L’attaquant francilien, aujourd’hui âgé de 32 ans, compte parmi les pièces-maîtresses d’une AJA qui ambitionne toujours de retrouver les sommets du football français. Entretien avant Auxerre-Niort avec un fervent amoureux de la Ligue 2.
Lundi dernier, vous avez inscrit votre premier but en championnat de la saison (victoire 0-1 à Metz). Enfin lancé ?C’est vrai que j’ai vécu un début de saison compliqué. Tout d’abord en arrivant à la fin du mercato, mais aussi à cause de la préparation tronquée que j’ai vécue avec Clermont. Il a fallu que je me remette à niveau, mais une blessure à la cuisse est venue m’enquiquiner pendant un mois. Je n’avais pas joué plus de deux matchs consécutifs, là je reprends progressivement du temps de jeu et mes repères avec les gars. Pour l’instant, j’en suis à deux buts en deux matchs (dont un en Coupe de la Ligue face à Nice, N.D.L.R.) et j’espère que ça va continuer.
En 2017, Pablo Correa vous voulait à Nancy. Cette année, il a réussi à vous avoir à Auxerre au terme d’un long bras de fer avec Clermont Foot. Plutôt flatteur, non ?J’imagine, mais il n’était pas seul. C’était aussi le cas du président Francis Graille et surtout du directeur sportif Cédric Daury, qui regarde énormément de matchs et connaît très bien la Ligue 2. Après, il n’est jamais très facile de parler de son coach, mais je dirais que Correa est quelqu’un de très exigeant, qui demande beaucoup d’agressivité sur le plan tactique et qui n’hésite pas à nous dire les choses franchement quand ça ne va pas.
« Je ne crois pas qu’Auxerre puisse venir déranger les équipes de haut de tableau. On peut les déranger sur un match, mais nous avons pris trop de retard. » C’est votre coach dans le texte, en conférence de presse. C’est triste comme constat. Il faut être lucide et ne pas s’enflammer parce qu’on a battu le leader. On est début novembre et on est dix-septièmes, donc la première chose à faire, c’est de sortir le club de cette situation inconfortable pour les supporters comme pour les joueurs. Après, il faudrait qu’on soit sur une super série de deux ou trois victoires d’affilée pour commencer à parler d’autre chose. La Ligue 2, c’est un championnat qui va très vite.
Parlons un peu de vous à présent. Vous êtes francilien et votre carrière a été jalonnée de passages dans d’emblématiques villes de province que sont Rouen, Clermont et aujourd’hui Auxerre. Comment vous choisissez vos destinations ?Mon envie première, c’est de toujours aller plus haut. J’ai commencé ma carrière en DSR au Chesnay, près de chez moi dans les Yvelines. Du coup, quand j’ai eu l’opportunité de goûter à la CFA2 avec Poissy, je n’ai pas hésité. Même chose avec Rouen en National, qui a malheureusement déposé le bilan en 2013. Régis Brouard s’est montré le premier intéressé pour me recruter à Clermont, je lui ai donc donné ma parole. Quant à Auxerre, c’était un beau challenge à relever dans un club qui a à la fois une grande histoire et de grandes ambitions.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans tous ces clubs où vous êtes passé ?À Clermont, j’ai eu l’occasion de démonter le mythe qui veut que c’est une ville où il ne se passe rien.
Au contraire, c’est une très belle ville où il y a plein de trucs à faire et le cadre montagnard est vraiment agréable. On allait d’ailleurs faire pas mal de marche dans les volcans avec le groupe. À Auxerre, même chose : on m’a dit que c’était une petite ville où il n’y avait rien à faire, mais je trouve ça très mignon et ça me va très bien comme ça. En plus, le foot est omniprésent, on sent la ferveur à tous les coins de rue, ce qui change un peu de Clermont où c’est le rugby qui domine. Et puis j’ai quand même été faire un tour dans les vignes à Chablis pour voir. C’est bon, pour ce qui est de boire, il y a tout ce qu’il faut ici.
Après cinq ans à Clermont, vous voilà pour trois saisons à Auxerre. Vous pensez appartenir au cercle fermé des grands joueurs de Ligue 2 ?Non, pas du tout. Déjà, je ne suis pas fan de parler de moi, je n’en vois pas l’intérêt. Dans le vestiaire, je ne suis pas un ambianceur comme Mathieu Michel, mais je ne suis pas timide pour autant. Le plus important, et même si les stats comptent beaucoup pour les joueurs offensifs, c’est que l’équipe tourne et d’être en forme chaque week-end. Jouer au football, c’est une passion, mais c’est avant tout mon métier.
Qu’est-ce qui fait la spécificité de la Ligue 2 ? Sa rigueur ? Sa difficulté ?La rigueur, il faut l’avoir à tous les échelons parce que tout va toujours très vite. Il suffit d’enchaîner quelques contre-performances et on se retrouve en dehors du groupe. C’est pour ça qu’il est très important de se remettre en question à chaque match. Quant à la difficulté, je viens du monde amateur et je peux vous assurer qu’en comparaison, la Ligue 2, c’est le grand luxe. Mais c’est vrai que c’est aussi un championnat très physique et où rien n’est jamais joué pour personne. En fait, c’est un championnat de séries et qui exige de la continuité. Il suffit de prendre l’exemple de Reims la saison dernière : ils gagnaient tout le temps, mais ne se sont jamais relâchés pour autant.
À 32 ans, comment fait-on pour ne pas en avoir marre de cette pression permanente ?Peut-être parce que dans mon cas, je suis arrivé assez tardivement dans le monde professionnel. À 21 ans, je jouais encore en régional. Je suis donc encore très frais sur le plan mental et le plaisir de se retrouver sur le terrain le vendredi soir reste intact.
Et jouer le samedi, ça ne vous brancherait pas ?(Rires.) Si forcément ! Mais ce n’est pas une obsession. Comme je le disais, mon ambition a toujours été d’aller voir plus haut et j’y suis parvenu jusqu’à présent. Et même si c’est difficile pour le moment, j’ai trois ans de contrat pour essayer d’y parvenir avec Auxerre.
Vous avez le sentiment que la Ligue 2 n’est pas considérée à sa juste valeur ?Non, je crois au contraire qu’elle monte en puissance année après année. Il y a beaucoup d’espoirs qui sont placés dans le dernier appel d’offres pour les droits télé (la consultation court jusqu’au 3 décembre, N.D.L.R.). Et puis c’est un championnat où l’on voit plein de buts et de l’action, même si ça part un peu dans tous les sens de temps en temps. En plus, avec l’arrivée des play-offs, il y a du suspense jusqu’au bout. Ça donne lieu à des scénarios un peu dingues, ce que l’on ne voit pas forcément en Ligue 1.
Justement, quel regard portez-vous sur l’instauration de ces play-offs ?Difficile à dire. L’année dernière, ça nous a bien motivés avec Clermont, car on était en course jusqu’au bout pour y participer et que ça a créé un vrai engouement autour du club. Mais à écouter ceux qui les ont disputés, on termine clairement la saison sur les rotules et les nerfs à fleur de peau, il suffit de voir les incidents qui se sont passés entre Ajaccio et Le Havre.
Après Niort, vous vous déplacerez à Angoulême dans le cadre du septième tour de la Coupe de France. Ça parle à l’ancien amateur ?Évidemment, c’est ma compétition préférée, celle que j’ai jouée dans les deux sens.
L’un de mes meilleurs souvenirs, c’est d’avoir marqué à Diochon contre l’OM de Mandanda, Gignac et Valbuena. Je me mets à la place d’Angoulême, car je sais qu’ils sont prêts physiquement et nous attendent. Il va donc falloir répondre et montrer qu’on est un cran au-dessus techniquement. Même si pour l’instant, on n’a pas encore commencé à en parler entre nous. Il y a encore les Chamois à gérer.
Propos recueillis par Julien Duez
Photos : AJA