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Le Sénat tape sur les doigts de la LFP et de Vincent Labrune
La LFP s'est fait taper sur les doigts, ce mercredi, après la publication du rapport du Sénat sur l'amélioration des ligues sportives en France. Un pavé de 130 pages, avec une liste de 35 recommandations, dont voici les principaux points concernant le foot français.
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La rémunération de Vincent Labrune
Techniquement, le rapport rendu par le Sénat ce mercredi devait s’adresser à l’ensemble des ligues sportives du pays. Mais dans sa liste de 35 recommandations pour leur amélioration, la chambre haute vise en particulier la LFP, sans la nommer. C’est notamment le cas dans le point 19 : « Instaurer un plafond des rémunérations des présidents de ligues professionnelles, semblable à celui existant pour les entreprises publiques (450 000 euros) et limiter le montant de leurs indemnités de départ à six mois de salaire hors primes. »
Cela fait directement écho à la polémique entourant la rémunération de Vincent Labrune, le président de la LFP, qui avait vu passer le montant annuel de son bulletin de paie de 420 000 euros à 1,2 millions. Conscient de l’indécence de ses émoluments, l’ancien boss de l’OM avait accepté une baisse à 840 000 euros. Il est clairement encouragé à encore réduire son salaire. « Lorsqu’on voit qu’aujourd’hui la ligue est dans l’obligation de faire des économies, je pense que le premier signal à envoyer c’est que le président puisse faire un effort sur la rémunération », a envoyé Michel Savin, sénateur LR et rapporteur du texte, en conférence de presse.
Les sénateurs ont également pointé du doigt le billet supplémentaire que Labrune se met dans la poche en tant que président de la filiale commerciale de la LFP : « Préciser dans la loi que la fonction de président de la filiale commerciale d’une ligue professionnelle n’est pas rémunérée lorsqu’elle est exercée par un représentant de la Ligue » (point 20).
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Encadrement du budget de la LFP et de ses dirigeants
Face à la situation économique catastrophique du foot français, les sénateurs ont préconisé que la Ligue soit soumise au contrôle financier de la Cour des comptes (point 8) : « Donner à l’organe de contrôle et à la Cour des comptes la mission de contrôler les comptes des ligues professionnelles et de leurs filiales commerciales dans le cadre de la mise en œuvre de la subdélégation. » C’est-à-dire que l’argent soit bien utilisé pour les missions de service public déléguées par l’État à la fédération, qui subdélègue certaines d’entre elles à la Ligue.
« Aujourd’hui, la Cour des comptes réalise un contrôle des financements de la fédération. Je pense que c’est plus simple pour tout le monde que la LFP puisse aussi avoir cette obligation de démontrer sa gestion financière et que la Cour des comptes puisse émettre un avis », a expliqué Michel Savin. Lors de leur contrôle surprise au siège de la LFP mi-septembre, les sénateurs avaient été estomaqués. « Il y a un contraste entre le train de vie de la ligue et la situation financière des clubs. Cette situation est frappante », avait même alerté Michel Savin.
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La nécessité d’avoir un seul diffuseur
Cet été, la LFP et Vincent Labrune se sont bien ridiculisés dans le dossier des droits télé, finalement attribués à DAZN et beIN Sports pour 500 millions par an, loin des montants attendus. À ce sujet, le Sénat a encouragé la Ligue à ne choisir un seul et unique diffuseur. « Compte tenu de la montée en puissance de compétitions concurrentes de la Ligue 1, qui reconfigure le marché des droits sportifs, repenser la réglementation des appels d’offres dans l’intérêt du consommateur, en facilitant l’attribution des droits à un diffuseur unique et en tenant compte de la généralisation de nouveaux modes de consommation » (point 27).
Les parlementaires en ont également profité pour adresser un taquet à Nasser al-Khelaïfi, à la fois présent au conseil d’administration de la Ligue et président de beIN Sports : « Introduire une incompatibilité entre la fonction de membre du conseil d’administration d’une ligue professionnelle ou de sa société commerciale et la détention d’intérêts ou l’exercice de fonctions au sein d’une entreprise de diffusion audiovisuelle » (Point 24).
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Une gouvernance à revoir
La LFP ne brille pas que pour sa gestion financière cataclysmique, mais aussi par une gouvernance très nébuleuse, en témoigne la dernière élection présidentielle. Sur ce volet, les sénateurs s’en sont donnés à coeur joie et préconisent notamment l’instauration d’« une obligation de déclaration d’intérêts et de situation patrimoniale à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) pour les directeurs généraux des ligues » (point 21).
Ma conviction est que le sport doit toujours rester au cœur de la société et plus particulièrement le foot, sport populaire par excellence. Au cœur de la société, cela signifie au profit de tous, partagé par tous et porté par tous. pic.twitter.com/LQn1jgzJlw
— Michel Savin (@MichelSavin38) October 30, 2024
En plus de vouloir « instaurer obligatoirement un comité d’audit et un comité des rémunérations, incluant des administrateurs indépendants » (point 22), le Sénat estime nécessaire la présence d’« un minimum de cinq administrateurs qualifiés indépendants au sein des ligues professionnelles » (point 25). Enfin, il est également question de donner une voix consultative aux supporters lors de l’assemblée générale et du conseil d’administration (point 26).
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Baisser la masse salariale des clubs et protéger la santé des joueurs
Avec cette crise économique, les finances de la plupart des clubs français tirent la langue, Le Sénat recommande donc de réduire la voilure en limitant « la part de la rémunération du personnel en diminuant le ratio de masse salariale » (point 33), et « en instituant un nombre maximum de 30 contrats de joueurs professionnels par club de Ligue 1 ou de Ligue 2 » (point 32).
La chambre haute a également pensé à la santé des joueurs, et s’est notamment positionnée en défaveur de la tenue du Mondial des clubs : « Faire de la santé des joueurs une priorité en freinant l’augmentation du nombre de compétitions, en s’opposant au projet de ‘coupe du monde des clubs’ de la FIFA et en limitant le nombre annuel de matchs par joueur professionnel. »
Par Léo Tourbe