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Rémi Garde, une histoire de mentors

Par Serge Rezza
Rémi Garde, une histoire de mentors

Pendant que d’autres piquent leur crise, l’OL joue la prise de novembre, celle de la tête de L1. Reste encore à confirmer les bonnes dispositions du moment à Toulouse (17 heures). Où Rémi Garde tentera de décliner sa méthode forgée au contact de trois mentors pour, cette fois, venir à bout de la malédiction du Stadium.

Si le football n’était qu’une affaire de signes, alors l’OL aurait toutes les raisons de considérer ce déplacement à Toulouse comme un sale moment à passer. Car, depuis quelques saisons, on ne fait pas plus bête noire que le Téfécé pour les Lyonnais : aucun but planté depuis 2005 au Stadium, quatre défaites – souvent déterminantes pour la suite du championnat –, deux petits nuls et un bataillon de joueurs exclus – cinq au total. Si l’on rajoute à cet inventaire le rituel du pépin de Lisandro (contracture au mollet) qui arrive fatalement dans ces moments de pleine bourre, condamnant l’OL à revoir son rythme de croisière et ses ambitions par la même occasion, c’est la parenthèse enchantée qu’on s’apprête à refermer pour en rouvrir une autre, celle en chantier.

À ce qu’on a cru comprendre, les Lyonnais ont autre chose à faire que de donner raison aux signes en tous genres, qu’ils annoncent la fin du monde ou la marche triomphale du PSG sur le championnat. À commencer par celui qui tient la barre entre Saône et Rhône, Rémi Garde. À la faveur d’une bonne série (toujours en cours), le coach lyonnais s’est mis à parler de la course des siens pour le titre. Avant de revenir aux affaires courantes en amont de cette 14e journée : « Mon obsession reste la même, en terme d’état d’esprit, de contenu de match, de qualité de jeu et la manière dont les joueurs vivent ensemble. » Soit le genre de discours scandé à intervalles trop réguliers par le gars de l’Arbresle pour ne pas prendre des airs de petite méthode en soi, Coué ou pas.

Parce qu’il plane autour de lui l’image d’un coach plutôt adepte du franc-jeu, on ne va pas se priver pour oublier les précautions d’usage et prendre le discours d’intention pour argent comptant. Surtout s’il renvoie à des pratiques qui ont moins à voir avec celles des années de domination qu’avec un parcours plus personnel, presque initiatique, où les différentes étapes prendraient les traits des mentors que s’est choisi l’entraîneur lyonnais.

Wenger, l’art et la manière

En voyant l’OL se pointer plus souvent avec ses baby Gones (huit dans le groupe face à Toulouse), quand ils ne sont pas alignés d’entrée de jeu comme ce fut le cas jeudi dernier face au Sparta (Benzia, Ghezzal, Grenier, Umtiti, Ferri), on a vite fait de se souvenir que Garde a côtoyé une autre fabrique à très jeunes joueurs, Arsenal. Ce recours à la formation correspond trop à un modèle économique de part et d’autre de la Manche pour y voir une influence majeure de ces trois saisons passées à Londres au contact de Maître Arsène. Car, à la faveur d’une carrière de joueur sur le crépuscule, l’ancien milieu a occupé un rôle autant politique que sportif chez les Gunners, rappelé par l’un de ses anciens coéquipiers, Adrian Clarke : « C’était comme si on avait fait venir Rémi Garde pour nous expliquer ce que Wenger attendait de nous, joueurs, en termes de passes, de mouvement et de comportement. (…) Il avait 30 ans à l’époque, mais il semblait avoir bien plus » (The Independent). Il suffit de voir les intentions de jeu à l’œuvre depuis le début de saison côté lyonnais pour que l’inspiration des principes de Wenger se mette à faire sens. Une idée de jeu que, tout récemment, Fàbregas synthétisait à sa manière : « Wenger n’est pas cartésien, et spéculer n’est pas son truc. Il n’aime pas passer ses entraînements à élaborer des stratégies défensives. Lui, ce qu’il aime dans le football, c’est voir son équipe prendre l’initiative, mettre du rythme et chercher la verticalité pour se créer des occasions » (So Foot). À peu de choses près, cette définition pourrait convenir également à ce que montre l’OL, faisant la part belle à un box-to-box player façon Malbranque, cherchant sans cesse à projeter les siens vers l’avant, pour retrouver ces joueurs d’instinct, Grenier ou Gourcuff, à qui il ne faut qu’une passe pour créer le décalage qui fait mouche. À l’inverse, dans ce jeu à prise de risques, la défense peut prendre l’allure de grande oubliée de l’affaire. À moins de considérer que la question peut se régler en partie un cran plus haut, dès le milieu, avec un joueur de la trempe de Gonalons, dont l’expérience, la percussion et la dureté rappelleraient presque celle du Petit d’Arsenal.

Raymond, la science

L’arrivée de Garde à la tête de l’équipe a résonné chez bien des supporters comme un retour à la matrice des succès futurs, le triumvirat Aulas-Lacombe-Domenech. Un monstre à trois têtes monté pour l’opération reconquête, à commencer par cet « Adieu D2 ! » agité un soir de 1989, sur l’air de « Plus lyonnais, tu meurs ! » Si le retour à l’identité maison est bien présent avec la prise de fonction de Garde, la filiation avec Domenech ne saurait se réduire à ce seul statut de fils prodigue. D’autant qu’à le voir remuer toute cette semaine de promo la fin maudite de son mandat à la tête de la sélection, on a manqué passer à côté d’un discours autrement plus passionnant, qui renvoie en creux à l’idée que le Ray se fait du métier d’entraîneur. Où, pour se retrouver sur le terrain, les histoires d’équilibre doivent se monter dans cette boîte noire du foot moderne, son vestiaire. Un sens des priorités que Rémi Garde a su intégrer à sa manière, au point de constituer à ce jour sa vraie réussite. Car, il ne faudrait pas l’oublier, avant même de pouvoir réconcilier l’OL avec son jeu, c’est bien une autre mission qu’il a dû mener une bonne part de la saison dernière : réconcilier l’OL avec lui-même. À l’entendre cette saison encore ramener cette obsession de l’ « équilibre » , on a compris l’importance qu’il continue d’accorder à l’affaire.

C’est un brassard que l’on confie à Lisandro pour que les désaccords sur la position en attaque ne prennent pas le dessus sur le reste. C’est une délégation des postes de tauliers à disperser au-delà du premier cercle des historiques et l’affirmation de nouvelles voix qui portent pour faire le lien entre les générations : on parle de Gonalons, de Briand ou de Lovren.

Gilbert Gress, le meilleur entraîneur du monde

À première vue, difficile d’établir un lien entre la grande gueule légendaire du Racing Club de Strabourg et celui qui incarne un modèle de discrétion à la lyonnaise. Reste que Gress fait bien partie des figures tutélaires invoquées par Rémi Garde. D’accord, mais dans quel sens ? Peut-être dans l’une des évolutions majeures de ce début saison où l’ « état d’esprit » providence vient prendre le relais dans ces quelques moments où la maîtrise collective ne suffit plus. À la différence de la saison passée, les Lyonnais tremblent moins quand ils sont dominés (Bilbao, LOSC), quand ils se font remonter (Kiryat Shoma) ou quand ils sont saisis contre le cours du jeu (VA, Troyes). Toujours utile de tenir dans ces moments-là quelque chose du « meilleur entraîneur du monde » , de celui qui saura défendre vaille que vaille ses principes de jeu, en dépit de la prise de risques qu’ils imposent, parce qu’il sait justement entraîner sa troupe derrière lui. Ce qui fait effectivement de l’OL une équipe qui impose son jeu plus spectaculaire que la moyenne les jours de match à Gerland, à la manière du Stras’ au père Gilbert à la Meinau. Ce qui permet surtout de tenir un collectif un peu moins dépendant de ses seuls hommes providentiels (Lisandro, Lloris, voire Bastos ou Gourcuff) et capable de s’élargir par petites touches successives. Reste encore à mettre l’effet à l’épreuve de la malédiction la plus tenace du moment, celle qui entoure chaque déplacement de l’OL en Haute-Garonne. En cas de réussite, il sera enfin possible de comprendre ce qu’entendait Lacombe quand il envoyait du « Gardiola à nous » à son Rémi de Garde. Comprendre, un type qui a tenu à faire la synthèse de ses principales sources d’inspiration avant de pouvoir démarrer en coach.

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