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Rémi Garde, le treizième homme

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Rémi Garde, le treizième homme

Après trois saisons blanches, l'Olympique Lyonnais a choisi de faire dans la solution interne pour succéder à Claude Puel. L'heureux élu : Rémi Garde, un gars du cru. Sa mission : inventer le renouveau de l'OL.

L’OL est bien un groupe de rock comme les autres. Comme toutes ces officines qui ont manqué le coche d’un rien pour remporter le titre de meilleur groupe du monde l’histoire d’une semaine, d’un mois, d’une saison, comme Pavement, Pulp, My Bloody Valentine, les Strokes dans une certaine mesure, l’OL a rameuté la semaine dernière la critique locale pour rendre officielle la reformation que tous attendaient. Oubliés les rêves de gloire qui s’échouent sur un quart ou un huitième de Ligue des Champions, les tentatives désespérées de superproduction pour occuper la place du boss promise et qu’on finit par abandonner à d’autres, les nouvelles méthodes de management et les clashs à répétition qui vont avec : l’OL s’avance avec la dégaine du combo passé par pertes et tracas et qui accepte de reprendre les formules à succès – à moins que ce ne soit l’inverse – réclamées à cors et à cris par les fans pas encore revenus de cet âge d’or qui fut renvoyé à la gueule de Puel toute cette saison.

Il y a des chances qu’on force le trait à coups de correspondances un brin fumeuses entre le club lyonnais et n’importe quel cirque rock’n’roll sur le retour. On veut bien. Mais la présentation de Rémi Garde a quelque chose à voir avec ses reformations qu’on nous ressert depuis quelques années, à la façon d’un groupe qui admet qu’il ne sortira jamais rien de mieux que ces quelques titres qui faisaient dire qu’on tenait là le son du futur. Quitte à ressortir les vieilles correspondances, on peut aller jusqu’à remettre au goût du jour celle qui rapproche Elvis de l’OL, le Colonel Parker de Jean-Michel Aulas. La petite cérémonie du 22 juin avait comme un air du come back ’68 d’Elvis, quand le King lâche les plateaux d’Hollywood où devait se poursuivre la conquête du monde selon Parker et retrouve la bande des origines, celle de Memphis, pour rejouer en toute complicité ses tubes éternels, ceux de la jeunesse. L’électricité en moins. Le boucan d’enfer en moins. Mais avec cette insouciance qui ravive quelque chose du feu sacré des premières années, celles où le rock’n’roll s’inventait dans les studios Sun. Avant même de le voir à l’œuvre et de savoir s’il sera à la hauteur du rôle qu’on vient de lui confier, Rémi Garde a réussi hier ce premier prodige en ramenant par sa seule présence l’OL vers ces années où il incarnait le futur du football français. Pour s’en convaincre, il suffisait de voir mardi dernier Jean-Michel Aulas dessiner la fresque édifiante des grandes heures lyonnaises, Bernard Lacombe invoquer le retour du savoir-faire maison en termes de formation et de projet, la chronique lyonnaise s’emballer autour de la renaissance d’une identité de jeu, en 4-3-3 accords de préférence.

Gars du crew

Rémi Garde, c’est un peu l’homme aux mille vies lyonnaises – tour à tour joueur, adjoint de Le Guen et de Houllier, recruteur, directeur de la formation – qu’on voudrait faire passer pour un homme sans passé – au poste d’entraîneur s’entend. Car Rémi Garde est un gars du cru. Mieux , c’est un gars du crew, de toutes les combats au cours des deux dernières décennies, les plus importantes de l’histoire du club. Celles des années Aulas où le recours à un entraîneur lyonnais a toujours servi de marqueur : c’est le retour entre Saône et Rhône de Domenech pour sortir l’OL des limbes de la D2 et l’installer à l’étage au-dessus ; c’est l’intérim prolongé du duo Lacombe-Broissart qui doit rapprocher le club des prétendants à l’Europe. Deux exercices qui ont en commun de n’avoir rapporté aucun titre, mais qui ont fait éclore quelques-unes des plus jolies pépites de la formation, en plus de rester les deux plus longs passages à la tête de l’équipe. Et comme pour mieux rappeler ce retour à l’époque des pionniers, on voit rappliquer derrière Garde toute une clique issue elle aussi du sérail, partie prenante du passage de l’anonymat aux fastes de la domination sans partage : Robbie Duverne, Bruno Génésio, Jean-Jacques Amprino. Une sorte de Memphis Mafia qui sait qu’on a besoin d’elle pour panser les plaies d’une dernières saison duraille et ouvrir ce qui s’apparente à la deuxième carrière de l’OL version Aulas, celles du nouveau stade, appelé à devenir le petit Vegas de notre Elvis du 69.

Fils modèle

Comme le génie lyonnais, c’est justement de ne pas en avoir (de génie), l’OL a pris l’habitude d’aller puiser son inspiration ailleurs. Après le recours aux gars du cru, c’est l’autre obsession d’Aulas. Elle s’exprime une première fois avec l’arrivée de Le Guen que le Tycoon lyonnais compte élever au rang de Cruyff maison. Elle se poursuit avec Houllier auquel on demande d’apporter cette touche de Mister qui pouvait manquer certains soirs d’Europe. Elle vient de se terminer avec Puel appelé à devenir manager au long cours façon Wenger ou Fergusson. Maintenant que le modèle dominant est barcelonais, Aulas et Lacombe confient le double des clés de la maison à Garde en ayant pris soin de lui donner des airs de Masia catalane. Comme pour Guardiola, le novice présente un parcours qui rendait chaque saison sa promotion au poste d’entraîneur toujours plus évidente : débuts brillants au milieu, fin de carrière qui traîne dans un championnat étranger à l’ombre d’un maître tacticien, avant ce retour au bercail où l’on soigne en douce les dernières étapes en vue de l’avènement du fils préféré.

page] En attendant de savoir si Garde a bien, comme le promet Lacombe, quelque chose du meilleur entraîneur du monde, les premières déclarations d’intention entendent déjà réconcilier l’OL avec ces années où il pouvait prétendre au titre de meilleure équipe du monde, entre considérations esthétiques et sens de la domination. Pas besoin de réviser les leçons de Le Guen ou de Houllier pour s’y remettre. Garde les connaît déjà par cœur : montée en grade d’une jeunesse dorée élevée aux principes du 4-3-3 historique du côté de la réserve, art de la trouvaille qui saura ramener un peu de cette emprise monstre qui réglait autrefois le milieu lyonnais – priorité à N’Dinga qui respire le Bison comme personne –, et nouvelle tête, dure de préférence, pour faire la paire en défense centrale.

Anti Puel

Reste qu’être un gars du cru et un fils modèle ne suffit pas à trouver sa place dans le roman lyonnais. Entraîner l’OL, c’est s’opposer. Non pas au sens où l’entendait Houllier qui grinçait des dents à l’idée de ne pouvoir obtenir une corbeille à papier sans avoir à en passer par Lacombe. Non, entraîner l’OL, c’est s’opposer à son prédécesseur. On peut toujours en appeler à ces histoires d’héritage, de filiation, de tradition, d’identité au moment de présenter Rémi Garde au public. Il n’empêche, le football reste science de l’instant. Et ce que réclame l’instant à Lyon, c’est de solder les comptes avec l’ère Puel. Bien entendu, il sera toujours temps de dresser un jour l’inventaire de ces trois années où l’OL a accroché trois qualifications en Ligue des Champions et une place dans le dernier carré d’Europe. En attendant, l’état traumatique dans lequel semble avoir flotté le club toute cette fin de saison est tel qu’on préfère ne pas s’y arrêter. Jusqu’à demander à Garde de reprendre les choses exactement à l’inverse de Monsieur Claude.

Comme il n’a pas trop le choix, le treizième entraîneur de l’ère Aulas s’y est collé sans contrariété apparente. Il peut bien envoyer toutes les promesses de la terre – souci du beau jeu, dialogue retrouvé avec le vestiaire, modestie de façade –, tout le monde est déjà prêt à le croire sur parole. Ce qu’on retiendra surtout, c’est la mention faite du bout des lèvres aux ambitions européennes. Quand on sait à quel point la question a pu virer à l’obsession pour tout un club ces dernières années, seul ressort digne de ce nom dont Puel a pu disposer pour mobiliser son groupe, on se dit qu’on tient peut-être là la vraie rupture sur laquelle Rémi Garde va devoir inventer quelque chose. Ce quelque chose qui reste encore le meilleur moyen de distinguer la reformation sans lendemain d’une possibilité de renaissance.

Serge Rezza

[Le meilleur blog sur l’OL : OL’Dirty Bastards

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