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Rekik qui ?
En déboursant 5 millions d'euros pour s'attacher les services de Karim Rekik, l'OM espère bien avoir trouvé un défenseur capable de compenser les départs. Et si le jeune Hollandais de 20 ans dispose d'une belle carte de visite, reste à savoir si le Vélodrome s'entichera rapidement du prodige, quasi inconnu dans l'Hexagone.
« Si Jérémy Morel était resté, nous n’aurions jamais relancé la piste de Karim Rekik. À ce titre, je tiens à remercier l’Olympique lyonnais et son président de nous avoir permis de faire venir à Marseille un joueur de son niveau. » Dans les colonnes de La Provence, Vincent Labrune bombe le torse. Tout du moins tente-t-il de sortir les pecs. Après la saignée effectuée dans l’effectif olympien, il convient en effet de présenter chaque nouvelle recrue comme un crack. Et sur ce point, Karim Rekik présente plus d’atouts que Georges-Kévin Nkoudou pour faire fantasmer le Vélodrome. Un pedigree hollandais, un adoubement citizen dès son plus âge et, surtout, deux saisons pleines à Eindhoven où le défenseur central s’est imposé en maître. Alors, Vincent Labrune a-t-il raison de se faire plus chambreur que Jean-Michel Aulas, pourtant grand amateur de l’exercice ? Rien n’est moins sûr. Mais en attendant de jouer, Karim Rekik donne au moins le change.
Un prématuré
Que sait-on réellement du défenseur hollandais censé remplacer l’immense Jérémy Morel et, à terme, ce bon vieux Nkoulou ? Peu de choses, si ce n’est que le gamin est un précoce. Recruté à 8 ans par Feyenoord, parti à 16 direction Manchester City, relançant par la même occasion le débat sur ces recrues biberonnées, le Néerlandais d’origine tunisienne brûle les étapes en traversant ce pont d’or. Et ce, même s’il se défend alors de toute intention mercantile : « Je n’ai pas décidé de rejoindre Manchester City pour l’argent. Je pouvais aller dans différents clubs, même un italien, qui m’offrait beaucoup plus. Mon premier contrat était un contrat d’apprenti. Je touchais 570 euros par mois et ils nous ont loué une maison » , racontait Rekik dans une interview à dutchsoccersite.org.
Évidemment, à 16 ans, Karim passe la plupart de son temps sur le banc à City. À Portsmouth et Blackburn, où il est prêté quelques mois, aussi. Anecdotiques, ses seules apparitions en Coupe de la Ligue (2011) ou en Premier League face à Reading (2012) ne suffisent donc pas à former jeunesse ou donner de la crédibilité à Rekik. Qui n’a encore rien des grands qui l’empêchent d’entrevoir un bout de pelouse : « La première fois que j’ai joué à City, j’ai cru que je ne pourrais plus jamais jouer au football. Toutes les balles m’échappaient, j’ai perdu chaque duel. Vous auriez dû voir Kompany courir vers moi… » Trop tendre pour City, Rekik doit alors repartir. Direction la Hollande, pour un retour aux sources salvateur.
La maturité au PSV
Au PSV Eindhoven, Rekik s’impose d’emblée. Avec ses 54 matchs en Eredivisie, le défenseur central forme avec Wesley Bruma, ancien de Chelsea, la charnière de Phillip Cocu. Une régularité couronnée d’un titre cette année et une progression qui, selon Sébastien Haller, attaquant français d’Utrecht, doit beaucoup au groupe du PSV : « Il y avait de jeunes joueurs à fort potentiel au PSV et, pour la plupart, tous hollandais, ce qui a facilité la cohésion. » Depay, Luuk de Jong, Wijnaldium : la liste des noms accompagnant Rekik sur les prés est en effet prometteuse. Et le défenseur ne dénote pas.
Chanté par les fans, inamovible dans le 11 de Cocu, Rekik a même eu les honneurs d’être appelé par Van Gaal pour l’amical face aux Bleus le 5 mars 2014. Une consécration avant la déception, puisque, retenu dans les 30 pour la Coupe du monde, Karim n’a finalement pas été du voyage au Brésil. Qu’importe. Car selon Haller, le défenseur dispose de certains atouts pour poursuivre sa marche en avant : « Il est très bon physiquement, et sur les quelques duels que j’ai pu avoir avec lui, ce n’était pas du tout facile. En plus, il a un bon bagage technique. Si je devais lui trouver un défaut, c’est d’être un peu trop agressif par moment, mais cela peut être une qualité également (rires). » Seul bémol, Rekik semble avoir un peu de mal à traîner sa carcasse.
Un point à travailler pour l’ambitieux colosse : « Je ne retournerai pas à City si c’est pour disputer moins de 20 matchs » , déclarait-il encore lorsque l’on évoquait son retour de prêt d’Eindhoven. Au vu de la pénurie marseillaise, nul doute que son souhait sera exaucé. En espérant que ses premières performances permettent à Vincent Labrune de faire sauter les boutons de sa chemise.
Par Raphael Gaftarnik