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Reims s’en remet à la recette de Der Zak’
Le gros gâchis de la saison dernière n’est toujours pas vraiment digéré du côté de Reims. Résignés à jouer en Ligue 2, les Champenois n’ont qu’une obsession : remonter dans l'élite sans perdre de temps, histoire que cette relégation largement évitable ne soit qu’une courte parenthèse. Pour réussir cette mission, c’est le spécialiste Michel Der Zakarian qui a été appelé pour mettre en place sa recette spéciale promotion qui a si bien réussi à Nantes par le passé : gagner, sans forcément la manière. Et pour l'instant, ça marche.
Avant que ne débute cette 9e journée de Ligue 2 qui se termine ce soir, Reims était leader. Au coup d’envoi ce soir à Brest, Reims est encore sur le podium, simplement devancé par Amiens. Au bout de huit journées, Reims reste invaincu. La vie devrait sourire aux supporters rémois, et pourtant ils peinent à arracher un rictus de satisfaction. Oui, le début de saison est plutôt bon, mais difficile de desserrer les dents alors que l’état d’esprit des derniers mois était à l’agacement, l’énervement, la frustration, la colère presque. Cette saison en Ligue 2, les Rémois auraient préféré qu’elle n’existe jamais. Seulement voilà, relégation il y a eu. La faute à qui ? La gestion globale du président Caillot a déplu pas mal de monde, l’ancien entraîneur Olivier Guégan est parti mécontent, mais a aussi sa part de torts, tout comme les joueurs bien sûr, pas forcément tous concernés par le projet collectif. Le constat d’échec du printemps a vite dû laisser place à l’opération reconquête. Pour la reconquête du public, il semblerait donc qu’il faille attendre encore un peu, tant sa patience a été éprouvée, comme en attestent les affluences bien faibles à Auguste-Delaune depuis le début de saison. Pour la reconquête sportive, c’est déjà mieux parti : les points s’engrangent à un bon rythme et le statut de favori pour la remontée est jusqu’à présent assumé.
Bâtir sans De Préville, Mandi et Oniangue
Cette reconquête sportive, c’est l’affaire du nouvel entraîneur Michel Der Zakarian, nommé pour deux saisons le 23 mai dernier. A priori, c’est l’homme de la situation. Autrement dit, si l’objectif de Reims est de revenir immédiatement dans l’élite, c’est le bon capitaine qui a été choisi. Se sortir de la L2 par le haut, « MDZ » sait faire. Par deux fois dans le passé, il a extirpé les Nantais de ce bourbier dans lequel eux aussi avaient fini par tomber à force de médiocrité : en 2007/2008, époque Goussé, Poulard, Bagayoko et Shereni, puis en 2012/2013, du temps de la jeunesse triomphante de Veretout, Deaux, Djordjevic et Djilobodji. Entre les deux, il a même failli créer l’exploit avec un club d’un calibre tout autre, Clermont : en 2009/2010, du temps de Brahimi et Benatia, puis en 2011/2012, avec notamment Alessandrini. Les deux fois, le coup n’était pas passé loin. Der Zak’, avec sa hargne et son sourire rare, a tout compris de la Ligue 2, ce championnat des luttes laborieuses et du gagner-sale sur des pelouses cabossées et devant des tribunes à moitié vides. Comme avant à Nantes, il a vite su inculquer un esprit de corps à sa nouvelle écurie rémoise, pourtant privée de ses meilleurs éléments de la saison passée : De Préville, Mandi et Oniangue, vendus pour compenser les pertes liées à la relégation. En Loire-Atlantique, l’éphémère international arménien (5 sélections) semblait à bout de souffle, à court d’idées, fatigué aussi des relations conflictuelles avec les Kita, le paternel surtout. C’est peut-être d’ailleurs la limite du management à la Der Zak : il exige beaucoup de ses joueurs mentalement et dans le combat physique, mais peine à bâtir sur du long terme.
Victoires à domicile, nuls à l’extérieur : un plan respecté
En attendant, c’est de court terme dont il est question pour Reims, donc ce n’est pas bien grave. Le Stade de Reims nouveau trace sa route avec régularité et efficacité : après huit journées, que des victoires à domicile, que des nuls à l’extérieur. C’est rarement brillant, jamais spectaculaire, mais ça fait le boulot avec application, à l’image du dernier match à Delaune face à une solide équipe clermontoise qui, à titre d’exemple, était allé cueillir précédemment l’ancien leader brestois chez lui. Il faut dire que le bloc-équipe rémois est sacrément difficile à manœuvrer. Pour l’expérience, Weber ou Charbonnier ont vu arriver d’autres renforts chevronnés, comme Chavarría, Bouhours ou Da Cruz. Pour la jeunesse, il reste Kyei et Siebatcheu, ainsi qu’Aly Ndom et le néo-pro Rémi Oudin. Autre bonne nouvelle : Reims semble enfin détenir un gardien fiable et rassurant avec Johann Carrasso. C’est dans l’animation offensive qu’il reste des progrès à faire, avec Kyei, encore trop irrégulier, et Charbonnier, un peu trop seul en leader technique. Der Zakarian s’en contente pour l’instant, comme après le match contre Clermont, où il réagissait ainsi : « L’équipe est solide mentalement, elle n’abandonne pas. On ne se cache pas, on a l’objectif de retrouver l’élite. On a le plus gros budget de Ligue 2, on a l’ambition de remonter. » Avec un calendrier difficile à venir, qui verra ses ouailles se déplacer successivement sur les pelouses de l’AC Ajaccio, de Lens et de Strasbourg après le choc à Brest ce soir, on devrait vite voir si la recette de la remontée façon Michel Der Zakarian n’est pas périmée.
Par Régis Delanoë