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Reims : du champagne sans les bulles
Opposé ce soir à Bordeaux à Auguste-Delaune, le Stade de Reims inquiète ses supporters. Et il y a de quoi, après les deux récentes gifles infligées par l'OM et Metz. Entraîneur contesté, tensions de vestiaire, recrutement en question, groupe atteint physiquement et moralement… Inventaire des maux rémois.
Vasseur, déjà menacé ?
Quand une équipe enchaîne les valises comme ce fut le cas pour Reims lors des deux derniers matchs (0-5 contre Marseille, 0-3 contre Metz), le premier réflexe est de pointer du doigt la responsabilité de l’entraîneur. Et il faut dire que Jean-Luc Vasseur a tout du fusible idéal : nouvel arrivé en remplacement de l’apprécié Hubert Fournier, novice en L1, inexpérimenté, pas franchement charismatique… Vasseur pose question et ne fait rien pour y répondre, avec des choix tactiques et de joueurs surprenants. Face à l’OM par exemple, lors du dernier match disputé à domicile, le sosie d’Arno Klarsfeld a dérouté en décidant de quitter son habituel 4-4-1-1 qui avait bien réussi face à Toulouse (2-0), puis Lorient (1-0), pour adopter une sorte de 4-3-1-2 avec Bourillon en seule sentinelle devant la défense et Oniangué en meneur de jeu. Résultat, une boucherie, pour paraphraser Clubber Lang dans Rocky 3. L’attitude de son équipe en match a aussi de quoi interpeller, avec des joueurs perdus, qui paraissent multiplier les mauvais choix à mesure que le score s’aggrave. Un but encaissé et tout le monde semble vouloir se ruer vers l’attaque, au détriment de l’équilibre d’ensemble et du bon sens. Face à cette situation, « JLV » ne semble pas savoir comment réagir depuis son banc, montrant des signes inquiétants d’impuissance. Par ailleurs, une rumeur circule aussi à Reims concernant l’influence de l’agent de Vasseur, Franck Belhassen. Il a beaucoup bossé ces temps derniers avec le club, plaçant non seulement un entraîneur de son « pool » sur le banc, mais aussi quantité de joueurs : N’Gog et Moukandjo cet été, en plus de Conte, Atar et Fortes. De quoi alimenter des soupçons de favoritisme, ce qui ne ferait qu’accentuer les tensions au sein de l’effectif.
Un vestiaire divisé
Franck Signorino, récemment écarté du groupe, a eu beau chercher à rassurer par des déclarations faites à la presse locale, il semble bien que le groupe pro rémois paraît moins uni et homogène qu’avant. Le latéral, ainsi que Tacalfred, Agassa ou Devaux, ne sont plus les cadres qu’ils étaient du temps de Fournier. Son successeur, comme tout nouvel entraîneur arrivant dans un club, a voulu imposer ses choix, même si ceux-ci ne s’avèrent pas toujours judicieux. Contestés, les installés du vestiaire doivent faire une place aux petits nouveaux, Roberge, Mavinga, N’Gog and co. Quand ça gagne, l’intégration se fait généralement plutôt bien. Quand ça perd, et dans les grandes largeurs comme c’est le cas depuis deux matchs, forcément ça cristallise les tensions, surtout avec un groupe conséquent de 29 pros. Il serait pourtant trop facile de prendre parti pour un « camp » face à l’autre. Dans le marasme actuel, les deux ont leurs responsabilités. Du côté des historiques, si certains surnagent, à l’image d’Odaïr Fortes, d’autres évoluent en dessous de leur niveau habituel, tels par exemple Aïssa Mandi. Et chez les petits nouveaux, pour quelques ratés à l’allumage (Mavinga, Bourillon), il y a aussi des satisfactions, avec notamment le bon travail offensif produit par Moukandjo.
Un groupe touché
Dans la liste des problèmes rémois du moment, il serait injuste de ne pas citer le mauvais sort qui s’acharne et qui a forcément des conséquences sur les performances de l’équipe. Jean-Luc Vasseur est ainsi confronté depuis le début de saison à une cascade de blessures qui l’empêchent de pouvoir aligner une équipe type (si tant est qu’il en ait une). Anthony Weber, très précieux dans l’axe central de la défense, est sur le flanc depuis avril. Parmi les absences prolongées, il y a aussi Peuget et Benedick. Mais là où le sort s’acharne décidément, c’est au poste de gardien de but. Johnny Placide, devenu numéro 1 depuis l’arrivé du nouvel entraîneur, s’est blessé aux adducteurs lors du match face à l’OM. Du coup, c’est le vétéran Kossi Agassa qui devait le remplacer face à Metz, mais il s’est blessé à l’échauffement. Place au troisième gardien donc, Sacha Bastien, qui a lui aussi dû quitter les siens pour une déchirure à l’aine. Il a donc fallu confier les bois à Ciriack Garel, 18 ans ! Heureusement pour Vasseur, Kossi Agassa a réintégré le groupe pro pour disputer ce match face à Bordeaux. Un match disputé à Delaune devant un public méfiant, qui attend son équipe au tournant. La malchance, les blessures ou l’arbitre qui siffle un peu trop en défaveur des Rémois (autre argument avancé par JLV cette semaine), tout ça ne doit plus servir d’excuses. Objectifs du soir : stopper l’hémorragie défensive et réapprendre à jouer ensemble avec cohérence et application.
Par Régis Delanoë