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Reims digère enfin la L1
En déplacement à Lyon en clôture de la 16 journée de Ligue 1, le stade de Reims compte enchaîner une 8e rencontre sans défaite. Une performance presque inespérée en début de saison et que le club doit en partie à son entraîneur, Jean-Luc Vasseur, petit nouveau aux principes éclairés.
Le 27 septembre dernier, le spectre d’une saison compliquée s’est rapproché, inexorablement. Ce soir-là, les joueurs du Stade de Reims rentrent la tête dans les épaules, abattus par un FC Metz qui vient de s’offrir un 3-0 de gala à Saint-Symphorien. La semaine précédente, c’est contre l’OM que les partenaires de Mickaël Tacalfred se faisaient tresser 5-0, à domicile de surcroît. Coincé à la 19e place d’un classement regardé d’en bas, Reims ne pouvait que pester contre cette absence comptable. Mais également contre une certaine naïveté, qui voulait que cette équipe joue bien, du moins tente de le faire, quitte à ramasser quelques pions dans une valise bien lourde à porter. Pointé du doigt, Jean-Luc Vasseur faisait alors figure de coupable idéal. Sans expérience sur un banc de Ligue 1, le coach au casque bien peigné tardait encore à prouver qu’il avait, au-delà de sa belle gueule, les compétences d’un grand. Sept rencontres plus tard, les critiques ont passé l’arme à gauche. Invaincus depuis la déconvenue messine, les Champenois se sont installés à une 8e place bien plus raccord avec le jeu fourni. Une question d’ajustement et d’adaptation à la méthode Vasseur.
Reims attaque
L’ancien formateur du PSG aurait-il enfin pris la mesure de la Ligue 1 ? Le CV de Vasseur avant son arrivée, quelques années en tant que formateur au PSG et 3 exercices à Créteil (2 en National, 1 en Ligue 2), ne pouvait inspirer une confiance absolue lors de son intronisation. Et si le discours plein de promesses s’est d’abord heurté à la réalité du haut niveau, les intentions approchent la réalité. Prônant un jeu offensif, se refusant au 0-0, JLV marque peu à peu le Stade de Reims du sceau de ses idées. Maxime Partouche a connu le coach lorsqu’il faisait ses classes au PSG, mais également chez les Cristoliens. Et le milieu se souvient d’une certaine patte : « Il s’occupait uniquement de l’équipe qu’il avait, qu’il allait mettre en place. C’était centré sur nous, pas l’adaptation à l’adversaire. Tous les jeunes qui sont passés par lui au PSG ont toujours été satisfaits, et puis par rapport à ses séances, il y avait toujours du jeu, c’étaient des petits matchs, il y avait toujours quelque chose à la gagne à la fin. Toujours dans le but de créer du jeu, un peu de spectacle, que ce soit pour les supporters ou pour les joueurs. » En Champagne, Vasseur adapte donc ses principes. Exit les tactiques parfois frileuses d’Hubert Fournier et place à une ligne d’attaque plus fournie, avec une utilisation accrue des ailes. Mais l’audace ne paie pas encore. À l’issue de la rencontre face à Nice, Vasseur s’excuse devant la pauvreté du jeu proposé : « Je ne vais pas pouvoir rembourser tous les spectateurs… Ça manquait de tout, pas que de folie » , esquisse-t-il dans un sourire charmeur. Une posture qui témoigne des intentions du coach, qui n’a jamais dérogé à sa conception du beau jeu : « Je me souviens qu’il était parti en stage en Espagne, dans je ne sais plus quelle équipe. Il avait passé un stage d’une semaine là-bas pour voir les séances d’entraînement. Cela traduit son caractère, le foot reste un jeu qui doit être spectaculaire. »
Faire tourner les cadres
Mais le spectaculaire se heurte souvent au réalisme comptable, notamment dans un championnat où un 0-0 mal acquis vaut bien mieux qu’une défaite joueuse. Les contre-performances de début de saison en sont le meilleur témoin. Pourtant, depuis 7 rencontres, Reims semble avoir retenu la leçon. En encaissant moins de buts sans se départir de son impact offensif, le club poursuit une remontée au classement. Plus équilibrée, l’équipe a aussi su profiter du turn-over organisé par Vasseur. En écartant certains cadres, pour ensuite les réintégrer, l’entraîneur sait provoquer les égos comme le confirme Partouche, à qui Vasseur a aussi foutu les jetons : « À Créteil, il m’avait fait ça. Cela remet le joueur en question. On est sans cesse là-dedans, quand on sait qu’il nous met un peu sur le côté et qu’on voit les autres jouer, on a de l’amour propre et on se révolte. Il te prend à la fin de l’entraînement, dans son bureau ou sur le terrain, et il te parle honnêtement. Tu discutes avec lui, tu demandes ce qu’il faut faire pour revenir dans le groupe. Il y a un vrai échange. » Sans ménager les sensibilités, Franck Signorino et Mickaël Tacalfred peuvent en témoigner, Vasseur construit depuis bientôt 16 journées un groupe qui peut en plus compter sur les 5 buts d’un Benjamin Moukandjo retrouvé (4 réalisations sur les 4 dernières rencontres). Malgré cette facette de gestionnaire intransigeant, Jean-Luc Vasseur n’en demeure pas moins proche de son groupe : « Je sais qu’il est pas mal chambreur. En dehors. Cela arrivait beaucoup. En 16 ans, on était dans le vestiaire et il marque sa compo avant le match. Il regarde un joueur qui était remplaçant, Kévin Afougou qui était à Châteauroux y a pas longtemps. Et il lui dit : « Bon, Kevin, t’as fait une super semaine, mais voilà, t’es pas dans le groupe titulaire. Mais c’est dommage, car si le football se jouait à 12, tu serais titulaire. » » Et nul doute que si tel était le cas, Jean-Luc Vasseur rajouterait un attaquant.
Par Raphael Gaftarnik