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Réginald Becque : « Après la finale, on est allé au Lido »

Propos recueillis par Dimitri Laurent
5 minutes
Réginald Becque : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Après la finale, on est allé au Lido<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

C’est peut-être l’image la plus symbolique de l’histoire de la Coupe de France. Celle où le monde amateur tient la coupe en symbiose avec le monde professionnel lors de la finale Calais-FC Nantes (1-2), le 7 mai 2000. Et sur la droite de cette image, c’est Réginald Becque, capitaine des Sang et Or, qui représente ce football amateur.

Réginald, c’était comment le stade de France ?Très particulier. On assiste d’abord au lever de rideau, la finale de la Gambardella avec Lille qui jouait, je crois, à l’époque (contre Auxerre (0-1) N.D.L.R.). On prend un peu l’ambiance du stade et on le voit se remplir progressivement. Puis on accède aux vestiaires, qui sont, comme ceux de l’équipe de France, énormes. On n’est pas tellement habitués à ce genre d’environnement. Ensuite, il y a la causerie du coach, et on s’aperçoit que le stade est quasiment plein avec beaucoup de Calaisiens. Puis enfin, l’entrée sur le terrain et la présentation des joueurs au président de la République, Jacques Chirac. C’est un moment très particulier pour un match de football. Puis M. Colombo donne le coup d’envoi du match… pour nous.

Justement, raconte-nous ce match face au FC Nantes ?Ce match, on le démarre un peu difficilement. Nantes fait un bon pressing. Mais on se crée quelques situations dangereuses. On arrive à marquer au bout de 20-25 minutes, je crois, sur un corner mal dégagé des Nantais, où Jérome Dutitre met le ballon entre les jambes de Micka Landreau. On revient aux vestiaires avec un avantage d’un but, ce qui était déjà assez exceptionnel pour nous, puisqu’en plus, c’était la première fois où l’on menait contre une équipe professionnelle. Après, la deuxième période… Je crois qu’on a accusé le coup physiquement, on n’a pas très bien repris. Nantes marque assez rapidement, et puis après, on tient tout le match, et vient ce coup du sort, cette décision arbitrale qu’on a accepté, mais dont on peut encore discuter aujourd’hui. (Penalty de Sibierski, 1-2, N.D.L.R.)

Et après, tu soulèves la Coupe avec Mickaël Landreau…Ouais, ouais. Micka vient me voir pour me demander si ça me dit de soulever la Coupe avec lui, pour le symbole entre le football professionnel et le football amateur, et puis aussi pour nous récompenser quelque part de notre parcours. Donc j’ai accepté. Et c’est vrai que c’est une belle image, un beau symbole et également un moment particulier pour moi.

Qu’as-tu fait le soir de la finale, après la rencontre ?Le soir après le match, on a forcément eu cette déception, mais on s’en est très vite remis, car il fallait quand même profiter de ce qui était prévu et de ce moment particulier que l’on vivait. Le Lido avait été réservé pour nous. On a donc été accueillis au Lido, on a fait une belle photo avec les danseuses et ensuite on avait une boîte de nuit qui nous était réservée. Et puis avec quelques collègues, j’ai fini avec les Nantais jusqu’à 6-7h du matin. Micka Landreau, Nicolas Savinaud, etc. Avec nous, il y avait aussi un journaliste de L’Équipe qui nous accompagnait et qui faisait SAM, comme on dit…

Quels souvenirs gardes-tu de cette épopée avec le CRUFC ?Je dirais le match au stade Bollaert où on bat le champion en titre 3-1, en prolongation et puis cette communion avec le public, que ce soit à Bollaert ou que ce soit au retour après le match de Bordeaux. Même après le match de Nantes où les Calaisiens étaient fiers de notre parcours, de ce qu’on avait fait. Ils nous criaient : « On a gagné, on a gagné ! » parce qu’ils estimaient que la décision arbitrale était complètement injuste. Oui, c’est surtout cette joie que l’on a pu apporter à tous ces gens, qui ont souvent un quotidien pas évident du fait de la situation économique dans le Nord.

La saison terminée, que s’est-il passé pour vous ?On a fini notre saison de CFA complètement libérés. On ne jouait ni la montée ni la descente. Dans un stade à guichets fermés pour les cinq matchs qu’il nous restait. Et puis l’année d’après, le club a voulu mettre les moyens pour monter en National. Les trois quarts des joueurs sont restés pour essayer de faire monter le club. Ce qu’on a réussi à faire, même si l’année d’après était extrêmement compliquée. On était devenu l’équipe à battre ou à abattre. Les adversaires jouaient tous les week-ends le finaliste de la Coupe de France. On monte aux forceps lors d’un match de barrage à Cherbourg, aux tirs au but, 9 à 8, je crois, un truc comme ça. Ensuite des joueurs sont partis, le coach est parti. Et puis le National, le club n’était pas prêt, tout simplement. Beaucoup de joueurs se sont blessés cette saison-là, comme un contrecoup des efforts fournis pour monter l’année d’avant. On a fait une saison catastrophique, que ce soit sur le plan sportif ou financier, et le club a été rétrogradé en CFA2.

Tu as des nouvelles de ton coach de l’époque, Ladislas Lozano ? Oui, on a fêté le dixième anniversaire de la finale contre le Variété Club de France au stade de l’Épopée (à Calais, N.D.L.R.) avec 12 000 personnes. Là, il est dans le Sud-Ouest, mais c’est vrai qu’on s’est un peu perdus de vue. Il s’est éloigné de la région, alors que c’est plus simple de se voir avec les autres finalistes qui sont restés à proximité de Calais. On a créé en 2005 l’association « Calais 2000 » pour fêter les 5 ans de l’événement. Tous les ans en mai, en juin, on fait trois, quatre matchs caritatifs où l’on essaie de faire plaisir aux gens. On reverse les bénéfices aux associations d’enfants malades, etc.

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Propos recueillis par Dimitri Laurent

Entretien réalisé en 2012.

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