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Refaelov, la dernière friandise de Bruges
La rencontre Israël-Belgique du groupe B des éliminatoires de l'Euro 2016 aura une saveur toute particulière pour un joueur : Lior Refaelov. Un ailier israélien qui s'éclate depuis près de quatre ans en Jupiler League avec la liquette du FC Bruges sur le dos, mais loin d'être prophète en son pays.
22 mars 2015. Devant les 45 000 spectateurs du stade Roi-Baudouin, Anderlecht et le FC Bruges jouent les dernières secondes de la finale de Coupe de Belgique. Le tableau affiche 1-1 après que la mitraillette Aleksandar Mitrović a égalisé in extremis pour les Mauve et Blanc à la 89e minute. Tout le monde s’attend à passer au moins une grosse demi-heure de plus dans l’antre bruxellois. Sauf que Lior Refaelov en a décidé autrement. Aux abords de la surface, après un ballon mal renvoyé par la défense d’Anderlecht sur un coup de pied dans la boîte, le milieu offensif et attaquant israélien prend sa plus belle savate gauche pour décocher une volée qui vient flirter avec le poteau. Silvio Proto est battu. 2-1. Le FC Bruges remporte sa onzième Coupe de Belgique, son premier trophée depuis huit ans. « C’est assez marrant parce qu’avant la rencontre, on avait regardé des vidéos, et notamment le but de Zidane (contre Leverkusen). Il avait marqué d’une superbe reprise, lui aussi du pied gauche. J’y ai repensé en fêtant mon but. C’est sans doute le plus beau but de ma carrière » , expliquera celui qui sera élu homme du match dans les colonnes de Lavenir.net.
Vázquez le chef d’orchestre, Refaelov le soliste
Cette victoire en finale de Coupe de Belgique constitue le septième succès de rang pour le FC Bruges. Et visiblement, le club n’a pas l’air de vouloir s’arrêter en si bon chemin : leaders de Jupiler League à l’issue de la phase régulière avec 61 points, les Brugeois sont toujours en course en Ligue Europa où ils affronteront le Dnipro Dnipropetrovsk en quart de finale, vingt ans après avoir atteint ce stade de la compétition pour la dernière fois. Évidemment, l’arrivée de Michel Preud’homme à la tête des Blauw-Zwart en 2013 a considérablement transformé l’équipe. On parle d’un homme qui a toujours su implanter une identité de jeu et gagner des trophées dans tous les clubs où il est passé (Standard Liège, Gent, Twente, Al-Shabab et Bruges, donc). Le retour du vétéran Timmy Simons dans l’entrejeu brugeois, c’est lui. La relance de l’espoir Tom De Sutter, c’est lui aussi. Mais réduire le FC Bruges à la simple influence de son coach serait trop simple.
À dire vrai, le FC Bruges (re)marche depuis 2011, soit la date d’arrivée au club d’un duo d’incroyables manieurs de ballon. D’un côté, Víctor Vázquez, ancien meneur de jeu du Barça B époque Guardiola, et de l’autre, Lior Refaelov, milieu offensif axial du Maccabi Haïfa récemment élu joueur israélien de l’année et transféré pour la somme de 2,5 millions d’euros. Si le premier décale le second sur l’aile droite des Blauw-Zwart, l’équipe s’offre néanmoins le luxe de jouer avec deux vrais numéros dix dans son onze type. Vázquez le chef d’orchestre et Refaelov le soliste qui repique dans l’axe. Si bien qu’à l’issue de la saison 2011-2012, le FC Bruges termine second de Jupiler League, chose qui n’était plus arrivée depuis 2004.
Intouchable en club, pas en sélection
Ceci étant, celui que l’on surnomme désormais « Rafa » au club, semble avoir pris l’ascendant sur son congénère Vázquez cette saison, notamment dans sa capacité à être décisif. Lors de la finale de Coupe face à Anderlecht, outre son but salvateur dans le money time, l’Israélien a également délivré une passe décisive en début de match à Tom De Sutter (12e minute). Un mode opératoire auquel le FC Bruges s’est terriblement habitué. Depuis août, Lior Refaelov a déjà délivré seize passes décisives, très souvent sur la tête ou dans les pieds du Colombien Izquierdo avec qui la complémentarité n’est plus à prouver. Aussi, Lior a inscrit quatorze buts toutes compétitions confondues. Principalement des chiches à l’entrée de la surface. Mais Refaelov n’est jamais aussi beau à voir jouer que lorsqu’il a la balle dans les pieds. Extrêmement rapide, l’Israélien est capable de désarçonner une défense entière à coups de crochets dévastateurs ou de roll balls furtifs qu’il affectionne tant.
Une influence dans le jeu du FC Bruges qui tarde à se répercuter en équipe nationale d’Israël. Si l’effacement progressif de Yossi Benayoun chez les Bleu et Blanc – non sélectionné face à la Belgique, car jugé hors forme – aurait pu offrir une place à un Refaelov qui comptabilise déjà 37 sélections depuis 2007, le sélectionneur Eli Guttman lui préfère Gil Vermouth, Tal Ben Haim, voire Evan Zahavi dans cette campagne d’éliminatoires à l’Euro 2016 réussie pour Israël. Depuis 2013, Refaelov n’a débuté que six matchs comme titulaire en dix-huit sélections. Sur ses six rencontres, quatre d’entre elles se sont soldées par une défaite de l’Israël, dont la dernière en date face au Pays de Galles, ce samedi. Un 3-0 à domicile qui a fait perdre aux Bleu et Blanc la tête du groupe B, alors que Refaelov pouvait profiter de la blessure de Vermouth pour s’imposer sur le flanc droit. Au lieu de ça, le joueur du FC Bruges a été inexistant dans le jeu, se prenant au passage un carton jaune dispensable. « Rafa » aura néanmoins une chance de se rattraper ce mardi soir face à la Belgique, ce pays qui lui réussit tant en club. Peut-être un signe.
Par Matthieu Rostac