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Redouane Bougheraba : « Luiz Gustavo ressemble à un personnage de la série Narcos »
Marseillais de naissance et logiquement supporter l’OM, Redouane Bougheraba a dû s’exiler à Paris pour exercer son métier d'humoriste. Le comédien joue actuellement son one-man show, Redouane Bougheraba s’éparpille. Entretien autour du Champions Project de son club de cœur, du rival parisien, de l’équipe de France, mais aussi de son pote Hatem Ben Arfa.
Quelle place le foot occupe dans votre vie ?Je l’ai découvert très jeune au club de Bonneveine, le club qui a également formé Maoulida, l’homme à la bandelette. Ensuite, j’ai fini à Belsunce, dans mon quartier. On est montés jusqu’en DHR, j’ai joué jusqu’en Promotion d’honneur, mais je n’ai pas pu devenir footballeur professionnel car, un jour, ils m’ont fait une radio du genou et ils ont trouvé une canette de Sprite. Bon, la vérité c’est que je n’avais pas le niveau. Tous les mecs qui te disent qu’ils n’ont pas percé à cause d’une blessure, ce n’est pas vrai, c’est juste qu’ils étaient claqués. Maintenant, je suis parrain de l’équipe de mon quartier, Les Minots du Panier, et je reste un très grand fan de l’OM. J’ai grandi avec ce club, de la Ligue des champions en passant par la descente en D2 et la remontée…
Votre avis sur le début de saison de l’Olympique de Marseille ?Au début, je pensais que ça allait être catastrophique. On n’aurait pas dû laisser partir Bafé Gomis pour le remplacer par Mítroglou. Il est bien mignon, le Grec, mais pas efficace. On essaie de lui donner sa chance, mais là, ça commence à faire trop. Pourtant, c’est facile avec Thauvin ou Sanson qui lui donnent des bons ballons… Mais il n’arrive pas à cadrer. Peut-être qu’il est en stress comme il revient de blessure ? On va lui donner encore trois mois, voire six, ou un an. Valère Germain aussi, pour l’instant, c’est un échec. Il fait de super appels en profondeur, il est rapide et adroit devant le but, mais, à chaque fois qu’il ne joue pas, il y a un million d’occasions ratées. Et quand il joue, bizarrement, il n’y a plus d’occasions du tout.
Vous ne validez personne dans le recrutement ?Si, Luiz Gustavo. Quand tu le vois, il te donne envie d’aller au Brésil. Le match contre le PSG, j’étais au stade Vélodrome et c’était magnifique. Il marque des top buts. Défensivement, c’est costaud. Ses relances sont propres. En plus, il a une très, très belle moustache. Je ne sais pas qui est son barbier, mais je suis à deux doigts de me faire la même. Il ressemble à un personnage de la série Narcos.
Quel premier bilan faites-vous de l’arrivée de Frank McCourt ?On a un Américain fauché. C’est un Jack Kachkar bis. En arrivant ici, il nous a fait croire plein de trucs avec son Champions Project. S’il ne nous met pas les « Millions Project » , cela va être dur. On ne peut pas faire un Champions Project avec un RSA. On t’annonce des bons joueurs et, à la fin, tu signes Mitroglou. Cette saison, il nous a sorti Adil Rami qui a débarqué avec Pamela Anderson. C’est bien, mais ce n’est plus la Pamela d’antan. Elle s’est un peu dégonflée.
Dans votre spectacle, vous dites : « Je ne suis pas homophobe. Je vais une fois par semaine au Parc des Princes. » Vous y allez toujours ? Je suis monté à Paris pour ma carrière, mais jamais les représentants marseillais ne m’ont invité. Alors qu’ils invitent Patrick Bosso ou Kad Merad… Par rapport au Parc des princes, cette saison, j’ai été invité à voir PSG-Nice en loges. J’étais en carré or avec Nasser, juste derrière. J’ai fait une story sur Instagram où je me filme en train de lui dire : « Allez l’OM ! » , alors qu’il passait devant moi. Il a entendu, je crois, mais il a des oreillettes qui filtrent les insultes. Je pense qu’ils essaient de me convertir tel des évangélistes… Parce que c’est dur de résister aux sirènes du PSG. Quand tu vois que Neymar a signé pour 220 millions, tu me donnes un kebab et un maillot, je tremble. Blague à part, je reste accroché à Marseille, quoi qu’il arrive.
Que pensez-vous des critiques concernant le montant du transfert de Neymar ?Celui qui dit que c’est trop cher, il ne connaît rien au foot ou au marketing. Le mec fait rayonner le championnat de France. Il apporte la lumière sur Guingamp, Rennes ou Amiens dans le monde entier. Personne ne connaissait le stade de Roudourou avant. En plus, grâce à ce joueur, tous les stades qui reçoivent le PSG sont complets. La page Facebook du PSG est passé de deux à quarante millions de fans. Au Brésil, il est sans doute devenu le club le plus supporté devant le Real Madrid et Barcelone… Nous, si un émir débarque à Marseille pour injecter ses pétro-dollars, on l’accueille à bras ouverts.
Depuis l’arrivée de Neymar, on voit encore plus de maillots du PSG à Marseille ?Oui, mais cela avait commencé avec Zlatan. On voyait plein de petits qui avaient son maillot floqué. C’est un peu comme dans les années 1990 avec les Parisiens qui mettaient des maillots de l’OM. Je pense que, chez les jeunes, le talent prime sur l’identité. Tu as des petits Marseillais de treize, quatorze ans, qui voient Neymar arriver et qui sont fans de ce joueur. Tu ne peux rien faire.
Hatem Ben Arfa est venu à votre spectacle. D’où le connaissez-vous ?C’est quelqu’un que j’aime beaucoup. Je le connais depuis son passage à l’OM. Il était venu avec des amis qu’on a en commun me voir jouer sur scène à Marseille. On a sympathisé et on est restés en contact. Lorsqu’il jouait à Newcastle, il m’invitait parfois à Saint-James Park. J’adore ce qu’il fait. C’est un super bon gars, un vrai gentil. Quand j’entends dans la presse que c’est l’enfant terrible du foot français, je ne comprends pas. Cela m’énerve de ne pas le voir jouer, mais ce n’est pas moi qui décide, hein.
En parlant d’enfant terrible, l’absence de Karim Benzema en équipe de France vous énerve également ?On l’embête avec La Marseillaise qu’il ne chante pas, mais Booba a dit : « Si Benzema n’a pas envie de chanter la Marseillaise, il ne la chante pas. Il n’est pas payé pour chanter, c’est moi qui chante. » Il faut le laisser jouer, c’est un talent gâché. Après, Deschamps sait ce qu’il fait et j’espère qu’ils vont aller loin avec cette équipe de France. En même temps, avec les joueurs qu’on a… Je me demande si l’équipe B n’est pas meilleure que les titulaires. Si Deschamps n’y arrive pas, il sera attendu au tournant. Il a été prolongé par ses copains qui sont au-dessus…
Éric Abidal a ironisé sur Twitter en disant que c’était parce que Zidane n’était pas disponible. Zizou n’a pas le temps et il aime tellement le foot que le poste n’est pas forcément pour lui. Quand tu es sélectionneur, tu bosses un mois dans l’année. Le reste, tu supervises des joueurs, tu regardes des matchs. Donc on est tous potentiellement sélectionneur vu qu’on regarde tous des matchs. Sélectionneur, c’est un peu la retraite d’un entraîneur.
Vous trouvez encore le temps pour jouer au foot entre les spectacles ?Une fois par semaine, on fait des foots à cinq entre humoristes. Parfois, mon collègue Mathieu Madénian vient jouer. C’est marrant, car il a un niveau nullissime, mais il en veut. Heureusement qu’il est bon sur scène, cela compense. Mais tu as d’autres joueurs techniques comme Ahmed Sparrow. Avec lui, il faut jouer avec sa djellaba pour ne pas se prendre un petit pont. Pour l’instant, j’ai une condition moyenne, mais c’est en train de revenir petit à petit. En attendant, je reste devant les buts et j’attends les ballons pour planter à la Pippo Inzaghi.
Propos recueillis par David Sfez
Retrouvez Redouane Bougheraba pour son one-man show tous les samedis à 20h au Comedy Club et au Panama Art Café tous les lundis à 21h15.