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- RB Leipzig-FC Salzbourg
Redbullico, l’heure des comptes a sonné
La saison dernière, on se demandait ce que donnerait un duel entre les deux formations estampillées taureau rouge, finalement éliminées l’une après l’autre par l’OM. Cette année, la prophétie s’est (enfin) réalisée et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce Dosen-Derby (derby des canettes en VF) dégage une atmosphère assez bizarre.
La rencontre a beau se jouer à Leipzig, ce sont bien les Allemands qui entreront sur les terres de leurs homologues autrichiens. Depuis l’instauration de la Ligue Europa en 2009, le RB Salzbourg a participé huit fois à la phase de poules (dont quatre fois en terminant premier de son groupe), y a inscrit 83 points et marqué 70 buts. Aucune autre équipe n’a fait mieux. Mais si celui que l’on appelle le FC Salzbourg le jeudi soir aime autant la C3, c’est aussi et surtout parce qu’en onze tentatives, il n’est jamais parvenu à se qualifier pour la Ligue des champions. Un joli lot de consolation dans lequel le club de la Mozartstadt est plus objectivement à sa place et qui lui donne l’opportunité de montrer de belles choses, à l’instar de la demi-finale disputée l’année dernière par les troupes de Marco Rose.
Patron, remets-nous Sabitzer !
Bien que Salzbourg et Leipzig ne se soient jamais affrontés, le match aura tout de même des allures de retrouvailles. Et pour cause, à l’intérieur du groupe lipsien, on ne retrouve pas moins de six joueurs ayant porté le maillot salzbourgeois : Konrad Laimer, Stefan Ilsanker, le gardien Péter Gulácsi, Marcel Sabitzer, Dayot Upamecano et Kevin Kampl, ce dernier étant le seul à avoir transité par d’autres clubs (Dortmund et Leverkusen) avant de venir poser ses valises en Saxe. Les cinq autres sont directement passés d’une filiale à l’autre. Un phénomène qui n’a rien d’exceptionnel, puisque depuis la création du RB Leipzig en 2009, ils sont vingt-cinq à avoir traversé la frontière, au gré des besoins de l’une ou l’autre filiale. Même le coach allemand Ralf Rangnick a officié trois ans à Salzbourg en tant que directeur sportif, de 2012 à 2015.
Mais le nom qui symbolise le mieux ce numéro d’équilibriste, c’est bien Marcel Sabitzer. Lorsqu’il évoluait encore au Rapid de Vienne, l’international autrichien (24 ans) possédait une clause libératoire de deux millions d’euros, que seul un club étranger pouvait activer, afin d’éviter que ce grand espoir national n’atterrisse entre les mains de la concurrence. Le RB Leipzig s’en est chargé… avant de le prêter dans la foulée à Salzbourg. Chez le nonuple champion d’Autriche, Sabitzer a pris du galon, ce qui lui a permis de définitivement valider son bon de sortie pour l’Allemagne en 2015. Ce jeudi, il retrouvera d’anciens collègues comme Christoph Leitgeb, le capitaine Andreas Ulmer et le gardien Alexander Walke, remarqué lors de la dernière campagne pour son niveau impérial entre les perches.
Pour les beaux yeux de Didi
Bref, pour le grand saut dans l’inconnu, on repassera. Christoph Freund, directeur sportif de Salzbourg, le reconnaît lui-même : « On se connaît et on a travaillé ensemble, les deux équipes partagent la même philosophie de jeu. C’est justement pour cela que ces rencontres seront particulièrement intenses et intéressantes. Et la rivalité sera à 100% sportive. » Une manière élégante de dégager l’idée selon laquelle les Allemands ont, depuis leur accession à la Bundesliga, récupéré l’étiquette de favori du boss de Red Bull Dieter « Didi » Mateschitz, lequel a réduit le rôle de son entreprise à celui de simple sponsor principal du RB Salzbourg, quand il joue encore celui d’investisseur à Leipzig.
Le RB Leipzig et le RB Salzbourg dans le même groupe en Coupe d’Europe. pic.twitter.com/5pJRiRGjm5
— Charly M. (@SeriousCharly) 31 août 2018
Alors, pour faire plaisir aux officiels, on fera semblant d’assister à un match entre deux équipes normales et qui vivent chacune leur vie de leur côté depuis leur création respective. Bien qu’en réalité, il faudrait être profondément naïf pour croire que ce Redbullico soit un match comme un autre. La firme au taureau rouge avait parfaitement envisagé qu’un tel scénario – dans lequel deux de ses filiales se rencontrent en match officiel – se réalise un jour. Et contrairement à RMC Sport mardi soir, elle était prête pour le jour J. Reste encore une inconnue : quelle position prendrait Red Bull si ses deux poulains étaient en ballottage pour la deuxième place du groupe ? Le coup de poker ne pourra pas continuer éternellement.
Par Julien Duez
Propos de Christoph Freund recueillis par Kicker.