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Red Star, l’exil lui va bien
Logé à Beauvais depuis le début de la saison, le Red Star peine à attirer les foules dans sa maison d’adoption. Mais sur le terrain, les feux sont au vert : à la mi-championnat, les hommes de Rui Almeida pointent à hauteur de la troisième place. Si près, si loin d’une remontée historique, quarante ans après.
« Brisson, c’est l’ASBO, le Red Star, c’est Saint-Ouen. » Depuis quelques jours, c’est ce genre de messages qui fleurissent sur des stickers collés dans le centre-ville de Beauvais. Encore un coup des supporters audoniens pour protester contre la délocalisation de leur club de Saint-Ouen vers le stade Pierre-Brisson de la cité picarde ? Même pas. La campagne est à l’initiative des ultras beauvaisiens, dont l’équipe évolue en CFA 2, et partage depuis cette saison son enceinte avec le club audonien, contraint pour sa part de déménager en attendant la rénovation (pour bientôt ?) de Bauer. Le symbole d’une situation paradoxale.
Pire affluence du championnat
Quand, l’année passée, le décrépit mais chaleureux stade Bauer sonnait comme l’une des plus belles ambiances de National, cette saison, le Red Star évolue dans une enceinte qui sonne creux – avec 1 490 spectateurs de moyenne (moins qu’à Bauer) sur plus de 10 000 places disponibles dont 6 600 places assises – et présente même la plus faible affluence de Ligue 2. Parce qu’ « il n’y a que Bauer » , les plus fervents supporters audoniens refusent de venir à Beauvais, quand la distance (78 km de route entre les deux villes) et le manque d’ambiance achèvent de décourager les autres. Résultat : les chants audoniens se font plus entendre à l’extérieur, comme lors du derby francilien remporté face au Paris FC (0-1, 14e journée), où 400 supporters garnissaient le parcage visiteurs de Charléty le 7 novembre dernier, en plein été indien.
Sauf que, même en jouant ses matchs à domicile dans une atmosphère tronquée, le promu s’en tire bien. Très bien, même. À la trêve, le Red Star, cinquième, compte 31 points, à égalité avec Clermont, troisième du classement. À l’issue du match nul (0-0) obtenu sur la pelouse de Dijon, lors de la 19e journée, le discret entraîneur, Rui Almeida, se félicitait de ces résultats dans l’objectif de « stabilisation du club en Ligue 2 » . Pas flamboyant, la formation du technicien portugais a le mérite d’être solide – deuxième meilleure défense du championnat malgré un sévère 1-5 reçu contre Valenciennes début septembre. « Le match de Valenciennes, c’est une bonne claque, explique le défenseur central Pierrick Cros. Après cette défaite, on a tous compris qu’il fallait fournir davantage de travail, qu’il fallait peut-être être moins joueur mais plus rigoureux. »
Un an de plus à Beauvais
Battu par le leader nancéien (0-1), accrocheur à Dijon (0-0), vainqueur du Havre (0-2), de Clermont (2-1) et Metz (3-1), le Red Star a prouvé qu’il pouvait rivaliser avec les meilleures écuries du championnat. Du coup, à la mi-saison, les Verts ont plus l’allure de celui qui va frotter les roues dans la course à la montée que de celui qui va serrer les fesses en vue d’une lutte pour le maintien. Au petit jeu de la communication, le club préfère ne pas évoquer la Ligue 1. Trop tôt. Les plus anciens supporters des Verts attendent ça depuis quarante ans. Mais une question se pose : alors que les Audoniens ont souvent appuyé sur le soutien du public comme argument de la belle saison réalisée l’an passé en National, le manque de ferveur au sein du stade Brisson pourrait-il jouer en leur défaveur ?
« C’est sûr qu’on préférerait un stade plein, répond Pierrick Cros, surtout nous, les anciens qui avons connu Bauer. Mais ça ne peut pas être une excuse. » Si le Red Star est parti pour rester à Beauvais l’an prochain, comme l’a récemment confirmé le président du Red Star, Patrice Haddad, ce dimanche, le stade Bauer accueillera, lui, une équipe de Ligue 1. Le Blanc-Mesnil a obtenu l’autorisation pour y affronter le FC Nantes en Coupe de France – avec 300 supporters nantais attendus dans le parcage visiteurs. Un argument de plus pour les supporters du Red Star qui refusent d’aller à Beauvais.
Par Florian Lefèvre
Tous propos recueillis par FL