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Rebecca Quinn, le symbole de Tokyo

Par Tara Britton
Rebecca Quinn, le symbole de Tokyo

Alors qu’iel disputera vendredi une finale des Jeux olympiques avec le Canada face à la Suède, Quinn a déjà gagné. Pièce maîtresse de la sélection canadienne, l’athlète de 25 ans est la première personne ouvertement transgenre non-binaire à participer aux Jeux et à être médaillée olympique. Des victoires, qui font d’iel l’un des symboles forts de Tokyo 2020.

Un nouveau chapitre de l’histoire des Jeux olympiques s’est ouvert cet été au Japon. Au moins 179 athlètes ouvertement LGBT se sont envolés vers le pays du soleil levant. Soit un record depuis la création des JO en 1896, selon le site Outsports. Ce chapitre inspirant, symbole d’une nouvelle inclusion, s’étoffera encore vendredi matin heure française lors de la finale du tournoi olympique féminin entre le Canada et la Suède. Alors que l’équipe canadienne emmenée par Christine Sinclair tentera de monter pour la première fois sur la plus haute marche du podium des JO, Quinn associera un peu plus son nom à Tokyo 2020. Que la breloque soit d’or ou d’argent, l’athlète deviendra la première personne transgenre non-binaire médaillée de l’histoire des Jeux. Un fait inédit, alors qu’il y a seulement dix-sept ans le CIO interdisait encore la participation des transgenres — c’est à dire des personnes dont l’identité de genre n’est pas en adéquation avec le sexe assigné à la naissance.

Vivre au grand jour

Cette médaille olympique aura donc une saveur particulière pour l’international·e canadien·ne aux 68 capes, qui au début de la compétition avait exprimé sa fierté de voir inscrit « Quinn » sur son accréditation » , tout en rappelant que « le combat n’est pas encore terminé ».

Né·e avec un sexe féminin, l’athlète de 25 ans, qui souhaite être désigné·e par des pronoms neutres, aura en tout cas abattu des murs depuis un an. Le 8 septembre 2020, iel révélait publiquement être transgenre non-binaire sur Instagram. « Alors que je vis depuis de nombreuses années en tant que personne ouvertement trans avec les gens que j’aime, je me suis toujours demandé à quel moment j’allais l’annoncer publiquement », avait confié Quinn, à l’époque où elle découvrait la Suède à l’occasion d’un prêt au Vittsjö GIK. Avant d’ajouter : « Je veux être visible pour les personnes queer, qui ne voient pas de gens comme eux dans leur fil d’actualité sur les réseaux sociaux. Je sais que cela m’a sauvé la vie il y a des années. »

Ouvrir les yeux

Natif·ve de Toronto à deux pas des chutes du Niagara, « Quinny » a très vite tapé dans le ballon rond, dès l’âge de cinq ans, demandant même rapidement à l’un de ses coachs quel âge il fallait avoir pour jouer pour le Canada. Mais, c’est finalement de l’autre côté de la frontière, que Quinn a le plus impressionné et s’est trouvé·e. Pendant ses années en Caroline du Nord à l’université de Duke, pour laquelle iel évoluait en défense centrale ou au milieu de terrain lors des matchs du championnat universitaire américain, son monde s’est enfin mis à tourner à l’endroit. « À l’université, j’ai vraiment compris qui j’étais. Avant, je n’arrivais pas à verbaliser ce que je ressentais. Nous vivons dans un monde tellement binaire, et depuis ma plus tendre enfance, je recevais des injonctions à me comporter et à me présenter de telle façon. Tout ce qui s’en écartait était perçu de façon négative. »

Mieux dans sa tête, mieux dans son corps, « Quinny » a continué à dérouler sur le pré vert, tout en validant un diplôme en biologie. Élu·e milieu de terrain de l’année 2017 de la Conférence de la côte Atlantique, iel s’est même offert le luxe d’être choisi·e en troisième position par le Washington Spirit lors de la draft de 2018, qui voit chaque année les clubs de la NWSL s’arracher les pépites du prestigieux championnat universitaire américain. Pendant ce temps en sélection, Quinn faisait aussi son trou chez les Canucks. Médaillé·e de bronze aux Jeux à Rio, iel était également du voyage en France lors de la Coupe du monde 2019.

Devenir une inspiration

Aujourd’hui, l’athlète de 25 ans, qui fera à son retour des JO la rencontre de la Française Eugénie Le Sommer et retrouvera aussi Megan Rapinoe à l’OL Reign, prouve au monde entier que les athlètes transgenres s’intègrent parfaitement dans le football professionnel. Même si son parcours n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. « Certaines joueuses m’ont déjà dit ouvertement qu’elles n’approuvaient pas que je sois transgenre. J’ai aussi parfois reçu des remarques blessantes », a admis iel, qui a évolué six mois au Paris FC en 2019. Actuellement, la National Women’s Soccer League, qui gère l’élite du football féminin américain, la fédération canadienne, mais aussi son club et l’ensemble de ses coéquipières semblent en tout cas engagés sur la voie de l’inclusion. « Ça fait plaisir de voir toutes les personnes qui m’entourent essayer de rendre l’environnement dans lequel nous évoluons plus inclusif, expliquait Quinn en début d’année. Mais cela va bien au-delà de moi. À l’heure actuelle, je suis la seule personne trans dans mon équipe, mais je pense que ces gestes instaurent de nouveaux codes encourageants pour la suite. » Les choses évoluent en effet progressivement.

En juin dernier, Kumi Yogoyama s’est ouvert·e à propos de son identité de genre. L’attaquant·e du Washington Spirit aux États-Unis et international·e japonais·e, qui a révélé être transgenre homme, a confié avoir été inspiré·e par l’histoire de Quinn. « Je l’ai vu·e porter un sweat-shirt avant un match sur lequel était écrit « Protégez les enfants trans ». À ce moment-là, j’ai réalisé qu’agir ressemblait à ce genre d’action. » Comme quoi, les petits gestes font des différences.

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Par Tara Britton

Propos de Q. tirés de la BBC, SB Nation et du blog South Seattle Emerald, ceux de K.Y. de la chaîne Youtube de Yuki Nagasato.

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