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Real Madrid : quelles innovations pour Solari?
Balancé fin octobre sur le banc du Real Madrid sans réelle perspective d’avenir au poste, obligé de vivre avec la rumeur Mourinho, Santiago Solari fait le taf. Déjà auréolé d’un trophée, le technicien argentin pilote une équipe moins ambitieuse dans le jeu, mais plus solide et diablement plus efficace que celle de Julen Lopetegui. Pour un bilan entaché par deux gros ratés, à Eibar et contre le CSKA Moscou, mais largement positif pour l’heure.
« Marcos Llorente souffre d’une lésion de grade 2 à l’adducteur gauche. » C’est le genre d’annonce dont pas mal de monde à Madrid se serait cogné, il y a quelques mois encore. Sauf que depuis le 27 novembre et sa titularisation à Rome, en Ligue des Champions, Marcos Llorente squatte le onze de départ du Real Madrid version Santiago Solari. Huit matchs consécutifs, conclus le 22 décembre avec ce but et ce titre de MVP de la finale du Mondial des clubs, remportée par la Maison Blanche face à Al Ain (4-1). Estimée à deux à trois semaines, son absence va faciliter le retour aux affaires de Casemiro. Mais si Llorente doit d’abord sa montée en grade à la blessure du Brésilien, il la doit aussi à Santiago Solari.
Isco, oeuf brouillé
C’est d’ailleurs là la première observation des deux mois de règne de l’Argentin à Bernabeu : Marcos Llorente n’est plus seulement un sparring-partner à Valdebebas. Ces deux derniers mois, l’Espagnol a passé 635 minutes sur le pré, quand Julen Lopetegui ne lui en avait concédé que 43 sur les trois précédents, et là où Zizou n’avait fait du produit de la Castilla qu’un second choix la saison dernière (11 titularisations et 20 apparitions toutes compétitions confondues), à son retour d’un prêt pour le moins concluant à Alavès (38 apparitions et une finale de Coupe du Roi). C’est pourtant d’abord à Dani Ceballos que Solari a pensé pour suppléer Casemiro, pété à la cheville le 11 novembre à Vigo. Avant, donc, de relancer Llorente. Alors que le Real n’a pas compensé le départ de Kovacic à Chelsea cet été, l’Espagnol, capable d’évoluer devant la défense ou comme relayeur, peut décemment se rêver en quatrième homme du milieu madrilène, la première option pour pallier une éventuelle défection dans le trio titulaire.
L’autre gagnant de l’intronisation de Solari se nomme Lucas Vázquez. Un gagnant relatif, puisque l’ailier facture sa trentaine de matchs par saison depuis 2015 déjà. Mais un gagnant tout de même, car passé de supersub à premier choix dans le couloir droit de l’attaque merengue depuis… le 27 novembre, Bale ayant migré côté opposé ces dernières semaines. On ne fait pas d’omelettes sans casser d’oeufs : ici, les oeufs ont pour noms Marco Asensio, titularisé six fois sur 13 seulement par Solari, notamment dans les matchs de coiffeurs, et surtout Isco, brouillé avec Solari depuis la déroute à Eibar (3-0 le 24 novembre) d’après une partie de la presse espagnole.
Le spectre du Mou
Avec Vázquez à droite et Bale à gauche, donc, le Real s’avance dans un 4-1-4-1 plus rigide que celui de Lopetegui. Moins soucieux, aussi, de la possession du ballon. Systématiquement à plus de 60% (sauf lors de la taule 5-1 à Barcelone, fatale au Basque), fréquemment à plus de 70 et parfois proche des 80 avec l’ancien sélectionneur de la Roja, celle-ci est notamment passée sous la barre des 50 (48%) à Vigo le 11 novembre (12e journée), date du quatrième match de Solari sur le banc merengue. Résultat ? Un succès 4-2, signe, si quelqu’un en doutait encore depuis cet été, que la possession n’est en rien une garantie. À Rome, le Real n’a ainsi été maître du cuir que 52% du temps, pour une victoire 0-2. À Huesca (15e journée), il ne l’a tenu que 55% du match, pour un nouveau succès (0-1). Même le carton en coupe contre Melilla (6-1, le 6 décembre), équipe de D3, n’a pas permis de soigner les chiffres sur ce plan-là (59%).
Mais les faits sont là : moins prétentieux dans le jeu qu’avec Lopetegui, un peu moins sexy sur le papier, mais besogneux comme l’était son coach et surtout plus tueur, le Real a réappris à gagner avec Solari. S’il traîne les fessées à Eibar et contre le CSKA Moscou en C1 (0-3) comme deux casseroles, le technicien argentin culmine ainsi, à l’heure d’accueillir Villarreal, à 84% de succès avec la Maison Blanche. Soit le double, tout pile, de son prédécesseur. Le tout en plantant plus (2,61 buts de moyenne contre 1,5) et en encaissant moins de pions (0,84 buts contre 1,42, déjà sept clean sheets contre quatre sous Lopetegui). Un bilan d’étape suffisamment encourageant pour écarter, normalement, le spectre d’un retour au club de José Mourinho, dont Florentino Pérez serait nostalgique, toujours selon certains médias ibérique. Pour quelques mois seulement : à l’heure du bilan, seule la capacité de son Real à lever la coupe aux grandes oreilles pour la quatrième année de rang ou à opérer une remontada en Liga plaidera en faveur d’un maintien de l’Argentin à son poste.
Par Simon Butel