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Real Madrid-PSG, l’heure des choix
Pour la première fois de la saison, Thomas Tuchel va pouvoir compter sur l'ensemble de ses armes offensives lors du déplacement du PSG sur la pelouse du Real Madrid en Ligue des champions. Un bien pour un mal puisque l'entraîneur allemand va devoir faire des choix forts qui vont forcément faire des déçus.
« Tu es français ? Vous avez bien de la chance d’avoir Kylian Mbappé. Même si bientôt il sera à nous. C’est sûr qu’il va venir jouer au Real Madrid. » À l’image de Fernando, chauffeur au crâne dégarni d’une soixantaine d’années qui se trompe trois fois de chemin dans le labyrinthe qui mène au centre d’entraînement du Real Madrid, tous les Madrilènes n’ont qu’un mot à la bouche : Mbappé. Et sa venue avec le Paris Saint-Germain est l’occasion de réaliser une véritable opération de séduction. Au programme : des articles élogieux sur internet et sur les journaux du jour, mais surtout une déclaration d’amour de Zinédine Zidane, bien obligé de se lâcher après la quatrième question au sujet du champion du monde français : « Je le connais depuis longtemps, je suis amoureux de lui depuis longtemps, mais avant tout de la personne qu’il est. Il a fait des essais ici il y a longtemps, ce n’est pas la première fois qu’on se voit. »
Quelques heures plus tard, en plein milieu de Madrid cette fois-ci, où l’Estadio Santiago-Bernabéu, pourtant immense, se cache au milieu des immeubles et des arbres qui l’entourent, c’est Thomas Tuchel qui a eu le droit aux questions – 6 sur 12 dont 5 sur 6 pour les journalistes espagnols – sur l’homme de la journée : « Mbappé au Real Madrid un jour ? C’est une mauvaise question, car je suis l’entraîneur de Paris et c’est notre joueur. Nous essayons de créer une équipe avec lui et je ne veux pas réfléchir à son départ dans le futur. »
Tuchel : « Personne n’aime être sur le banc dans un match comme celui-ci »
Madrid et l’Espagne ont beau n’en avoir que pour Kylian Mbappé (et un peu pour Neymar), l’ancien Monégasque n’est pourtant pas certain de commencer la rencontre face au Real Madrid. Car si Zinédine Zidane a avoué qu’il était sûr que le PSG allait débuter avec Mbappé et Neymar, Thomas Tuchel s’est, lui, montré bien moins affirmatif. Car pour la première fois de la saison en Ligue des champions, l’entraîneur allemand peut compter sur l’ensemble de ses joueurs offensifs. De là à imaginer un quatuor Di María-Neymar-Mbappé-Icardi ? « Une possibilité » , a confié Thomas Tuchel qui s’était pourtant montré un brin dubitatif sur le sujet après la rencontre face à Lille : « À Madrid ? Ce serait très courageux. C’est possible d’un point de vue de la structure en 4-2-3-1, mais il faut réfléchir à comment on peut équilibrer l’équipe. » Si le PSG devrait donc rester dans son 4-3-3 classique de Ligue des champions, Thomas Tuchel va devoir pour la première fois de la saison faire des choix forts sur le plan offensif.
La forme du moment voudrait que Neymar rejoigne Cavani (écarté de la course à la titularisation) sur le banc, puisque les 19 derniers buts inscrits par le PSG sont venus du trio Mbappé-Di María-Icardi. À moins que Thomas Tuchel n’utilise la récente blessure de l’attaquant français pour le faire débuter sur le banc. Quoi qu’il en soit, quelque chose se trame dans le cerveau de l’entraîneur allemand qui a répété à plusieurs reprises comme pour se persuader lui-même que ses joueurs « sont assez intelligents et sont prêts pour accepter des décisions qui peuvent être dures et de se donner à fond pour l’équipe quel que soit leur rôle » . Idéaliste ? Peut-être. Car Marquinhos ne s’en est pas caché : « Personne n’aime être sur le banc dans un match comme celui-ci. Il n’y a pas que Neymar. » Pourtant, le déroulé de cette rencontre et le comportement du joueur lésé seront l’une des clés de la suite de la saison du Paris Saint-Germain. Sauf si, comme depuis plusieurs années, l’infirmerie était pleine au mois de mars et obligeait alors Thomas Tuchel à choisir entre Eric Maxim Choupo-Moting et Arnaud Kalimuendo pour épauler Mauro Icardi en pointe lors du huitième de finale retour de C1 face à Tottenham.
Valverde, le nouveau chouchou de Zizou
Des choix, Zinédine Zidane en a, lui, déjà fait. Et ce, depuis plusieurs semaines maintenant. À commencer par la titularisation sur l’aile droite du jeune Rodrygo Goes (18 ans), auteur d’un triplé contre Galatasaray (6-0), mais surtout celle au milieu de terrain de Federico Valverde. C’est bien simple, à chaque fois que l’Uruguayen, qui avait pourtant connu des débuts difficiles l’an dernier, a été titularisé par le double Z cette saison, le Real Madrid n’a jamais perdu (7 victoires, 2 nuls). De quoi redonner le sourire au technicien français qui n’est que l’ombre de l’homme au visage fermé qui semblait dépité après la défaite des siens au Parc des Princes en septembre dernier (3-0). Il faut dire que depuis cette gifle, la Maison-Blanche avale les adversaires les uns après les autres, à l’exception d’une défaite à Majorque et d’un vilain nul face à Bruges (2-2).
Au beau milieu de l’immense centre d’entraînement du Real Madrid – où seul le basketteur des Merengues Edy Tavares et ses 221 centimètres, croisé sur le parking, peut compter le nombre de terrains -, Zinédine Zidane semble de nouveau épanoui. Et rien ne peut désormais l’atteindre. Que ce soit la pression du résultat ou la récente polémique autour de Gareth Bale. Mais Zizou le sait, au Real Madrid comme au Paris Saint-Germain, chaque choix est épié et contesté en cas de résultat négatif. Et le sourire affiché sur les visages de Zidane et de Tuchel durant la journée de lundi pourrait vite disparaître. Du moins pour l’un des deux.
Par Steven Oliveira, à Madrid
Tous propos recueillis par SO