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Real Madrid-Paris : mettre la tenue de soirée
Souvent insipide en Ligue 1 cette saison, un peu plus que les autres, le PSG a pour seules parenthèses enchantées ses cavalcades européennes, qu’il a jusqu’ici gérées avec un certain brio. Pour ne pas amputer sa saison de deux derniers mois de frissons continentaux, Paris va devoir faire, ce mercredi soir au Bernabéu face à un Real Madrid paré pour l'exploit, comme au match aller : jouer comme une grande équipe européenne, et plus comme une équipe française suffisante.
Le Bernabéu a beau être éventré par les grues et les échafaudages qui assurent actuellement sa mue, il reste l’un de ces quelques écrins en Europe qui savent sublimer les très grandes affiches européennes. Et à ne pas s’y tromper, la réception du Paris Saint-Germain, ce mercredi soir en 8es de finale retour de la Ligue des champions, en est une belle.
Dynamiques inverses
Au-delà des stars, toutes opérationnelles pour le grand rendez-vous, il y a surtout cette pression unique qui fait frémir d’impatience les supporters de tout bord dans la capitale espagnole. Côté Paris, ce rêve de rajouter le scalp d’un nouveau grand d’Europe à son tableau de chasse et de ne pas quitter, comme trop souvent, la C1 avant le début du printemps. Côté Real, cet impératif de briller après un résultat négatif à l’aller, mais cette certitude absolue, renforcée par la dynamique des Merengues depuis trois semaines, qu’ils peuvent renverser la situation. « Au match aller, nous avons vu le meilleur PSG ; espérons que demain, nous verrons le meilleur Real Madrid, a résumé Carlo Ancelotti en conférence de presse, ce mardi. L’équipe a beaucoup travaillé physiquement. Nous sommes sûrs que nous ferons un grand match demain. »
Pour Paris, c’est encore un défi de taille qui se dresse sur le chemin qui mène au Graal. « Ce sera du 50/50 », a jaugé Neymar, frileux, au micro des journalistes mardi. Il faut dire qu’avec Paris, qui n’a pas rassuré ce week-end face à Nice, chaque match à élimination directe est une pièce lancée dans les airs : aux souvenirs des performances brillantes de la saison dernière à Munich et à Barcelone, ou des copies majeures rendues face à Manchester United ou même au Real Madrid ces dernières saisons, répondent toujours ceux, moins reluisants, des grands craquages collectifs parisiens, souvent aux moments les plus cruciaux. Dans son inconstance sur la scène européenne ces dernières années, Paris offre toujours des certitudes : d’une, il est bien souvent une équipe différente en Ligue des champions ; de deux, il est capable, en conséquence, de se dresser face à des très grands clubs européens et même de les faire tomber ; de trois, tout cela ne pèse pas grand-chose quand les Parisiens, inexplicablement, s’effondrent sous le poids de la pression.
Continuer de grandir ou partir la tête basse
Ainsi, chaque saison, c’est la même rengaine : le PSG doit prouver qu’il a les moyens — pas financiers, non non, mais techniques et mentaux — de donner du sens à sa devise « Rêver plus grand » . Paris doit envoyer un message à l’Europe, même si le message sera oublié rapidement et les compteurs remis à zéro dès le prochain match. Surtout, Paris doit, ce mercredi soir, à tout prix « sauver » sa saison. Tout confortable leader de Ligue 1 qu’il soit, le club de la capitale a non seulement reçu un camouflet en Coupe de France, mais surtout ennuie dans le jeu, quand il n’inquiète pas. La Ligue des champions, seule compétition qui fait encore se lever le gros des supporters parisiens tant les autres trophées semblent avoir perdu de leur saveur, est aussi la seule dans laquelle les Rouge et Bleu semblent sortir de leur torpeur, jouer soudés, en équipe et parfois même de manière spectaculaire, comme on l’attendrait normalement d’eux chaque week-end.
C’est un test qui arrive tôt dans la saison, et qui en appellera d’autres, mais qui peut déjà faire la décision entre une grande saison marquée par un bon parcours européen et un exercice foiré, terminé tête basse dans le quotidien plan-plan de la Ligue 1. Les grands noms de Paris, et Kylian Mbappé en tête, dont on parle autant côté parisien que madrilène, en sont conscients et sont programmés pour ce type de rendez-vous. Neymar, encore : « Il arrive, quand on a des joueurs de grande qualité en face, qu’il faille se concentrer plus. On attaque ensemble, on défend ensemble. Si on joue ensemble, on a la possibilité de gagner de grandes choses, pas seulement ce match. » Reste à convertir ces belles paroles en un acte fort.
Par Alexandre Aflalo, à Madrid