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- Real-City (3-1)
Real Madrid : Merci pour ce momentum
Comme face au PSG et à Chelsea, le Real Madrid a tangué au-dessus du gouffre, mercredi soir, contre Manchester City. Mais comme face au PSG et à Chelsea, le gang de Carlo Ancelotti a fait basculer la soirée dans la folie et a balancé son adversaire dans l'eau. Madrid se souviendra longtemps de cette nuit.
Un destin tout tracé. Voilà à quoi ressemble l’épopée européenne de ce Real Madrid cuvée 2022. Pourtant, au fil d’un dernier quart d’heure difficile dans la foulée de l’ouverture du score de Riyad Mahrez, c’est plutôt l’acceptation de la défaite, pour une fois, qui semblait gagner les rangs du Santiago-Bernabéu. Jusque-là, le mojoqui avait accompagné les Madrilènes depuis la seconde période du match retour face au PSG semblait s’être fait la malle, dans le sillage de Benzema et Vinicius, en manque de réussite dans le dernier geste (aucun tir cadré pour le duo dans le temps réglementaire). Puis, il y a eu ce ballon par-dessus la défense de Camavinga, parfaitement remis par Karim Benzema dans la course de Rodrygo : le point de bascule vers une nouvelle dimension.
Bienvenue dans la quatrième dimension
D’un seul coup, la cathédrale reprend feu. Une minute trente d’incertitude avant de comprendre : une tête parfaite de Rodrygo pour ramener la Casa Blanca à hauteur, et Manchester City, comme le PSG et Chelsea avant lui, est emporté par les eaux. À tel point que c’est alors tout une foule qui pousse derrière les siens, avec l’espoir d’aller renverser la table avant même que ne s’égrène le temps additionnel. Mais pour que le scénario rentre dans les mémoires, il fallait une deuxième prolongation consécutive, trois semaines après avoir torpillé Chelsea. Un fait rare sur la plus grande scène continentale.
L’ouragan déclenché par la jeune garde du Real – Camavinga et Rodrygo en tête – peut continuer de souffler. Où que les caméras se posent dans les tribunes, l’émotion se lit sur les visages d’un public madrilène qui n’en revient pas de vivre un nouveau rêve éveillé. Dans un vacarme absolu, à peine entrecoupé par les sifflets assourdissants accompagnant chaque phase de possession mancunienne, le héros s’appelle finalement Karim Benzema, auteur du but de la qualification sur penalty. Dix pions en phase éliminatoire de Ligue des champions (15 au total), record de Cristiano Ronaldo version 2016-2017 égalé, et une ovation à la hauteur de l’exploit au moment de sa sortie, quelques instants plus tard.
Immortels
Depuis l’introduction des huitièmes de finale lors de la saison 2003-2004, le Real Madrid devient le premier club à atteindre la finale en perdant l’un des deux matchs à chaque tour. Un parcours placé sous le signe de la résilience pour une équipe qui a largement démontré qu’elle savait souffrir avec le sourire. Avec la même recette à chaque fois, au moment même où tout le monde les croit perdus. Une équipe qui sait profiter de l’instant aussi, à l’image d’un Marcelo quadruple champion d’Europe et désormais relégué bien loin dans la hiérarchie, heureux comme un gosse sur le banc tout au long de la prolongation.
« C’est plus dingue encore que le PSG ou Chelsea parce que c’était jusque dans les dernières minutes, peut savourer Thibaut Courtois au coup de sifflet final au micro de Canal+. D’un coup, le 1-1 arrive, et tu vois qu’ils ont peur. C’est incroyable, je ne peux pas l’expliquer mieux que ça. Dans la prolongation, on savait qu’on était mieux qu’eux physiquement et qu’on avait l’impulsion pour gagner. Tu rêves d’être dans des clubs comme ça pour vivre de tels moments. » Vidé par de telles émotions, Carlo Ancelotti non plus ne trouve pas de mots pour décrire ce qu’il vient de vivre : « C’est juste le plus grand club du monde. » Un géant qui envisage déjà d’aller chercher un quatorzième sacre européen, comme le rappellent les T-shirts arborés par les joueurs au moment de communier avec leur public. Attention cette fois, il faudra faire sans l’irrationnel du Bernabéu pour terrasser Liverpool.
Par Tom Binet