- C1
- Demies
- Real Madrid-Manchester City
Real-City : revanche et domination
La demi-finale aller de la Ligue des champions opposant le Real Madrid à Manchester City, ce mardi, a tout du rapport de force. Entre l’habitué en difficulté et le dominateur revanchard.
Le vintage n’est parfois pas aussi éloigné qu’on ne le pense. Car si mercredi à San Siro, les nostalgiques se remémoreront avec délice les années 2003 et 2005 autour du fratricide duel entre l’AC Milan et l’Inter, ce mardi vaudra lui aussi son lot de souvenirs. Opposant le Real Madrid à Manchester City, dans le faste de Santiago-Bernabéu, cette première demi-finale de la Ligue des champions 2022-2023 correspond en effet à l’acte III (et bientôt IV) d’une confrontation entamée l’an dernier. Et si à l’époque, les Merengues s’étaient offert un finish d’anthologie – puis la victoire finale –, la fin de cette saison marque un inversement palpable des forces, semblant grandement profitable aux Anglais.
Le Real Madrid se cherche
Depuis un mois, soit le début de sa préparation vers cette demie, le Real Madrid rame. Deux défaites (face à Gérone et à la Real Sociedad), deux victoires (contre Almeria et Osasuna), et un bilan ne comportant ni garanties, ni réussites. En chiffres, il suffit de se focaliser sur les neuf buts en quatre matchs encaissés par la bande de Carlo Ancelotti, vacillant chroniquement sous la pression adverse. Poussifs dans le jeu et dans les résultats, les Madrilènes piochent dans les ultimes retranchements d’une campagne menée avec le strict minimum – 23 joueurs seulement (26 si l’on y ajoute Álvaro Rodríguez, Mario Martin et Sergio Arribas, pensionnaires du Castilla venus faire le nombre en cours de saison) – et la fin programmée de ce marathon entamé depuis l’an dernier. Pour battre City et aller au bout de son aventure continentale, la Maison-Blanche pouvait alors surfer sur la vague de son titre de champion d’Espagne et de ses improbables scénarios victorieux devant le Paris Saint-Germain, puis Chelsea.
Une donnée quelque peu différente aujourd’hui. Le succès obtenu devant Osasuna en Coupe du Roi ce samedi n’aura d’ailleurs eu que des allures d’amuse-bouche, à écouter les propres dires d’Ancelotti en zone mixte : « Ce trophée est symboliquement paradoxal. On l’a gagné, il est entre nos mains, mais on ne peut même pas en profiter, car mardi, on a une échéance cruciale. » Sarcastique au micro des journalistes de la RTVE, Carletto a compris que la « dernière chance » se jouerait face aux Skyblues. « Nous n’avons pas fait preuve de la régularité nécessaire pour remporter la Liga. Donc il nous reste la Ligue des champions, et c’est à nous de mettre la plus grande énergie possible pour aller au bout et, pourquoi pas, achever cette saison sur une bonne note. » De l’énergie, il faudra en puiser dans ce qui peut rester d’encore actif au sein d’organismes épuisés et que Manchester City se fera un plaisir d’essorer une dernière fois.
Manchester City s’est trouvé
Il faut dire que loin de la fatigue madrilène, Pep Guardiola jubile, porté par une dynamique tout à fait inverse. Parvenu à reprendre la tête de la Premier League après avoir brillamment évincé Arsenal du trône, City fait effectivement figure d’épouvantail européen dans ces deux derniers mois de compétition restant à jouer. Il faut remonter au 5 février et un match piège à Tottenham pour trouver trace d’une défaite mancunienne (1-0). Depuis se sont enchaînées vingt rencontres sans perdre, dont dix-neuf victoires (match nul face au Bayern Munich, le 19 avril en quart retour de Ligue des champions, 1-1). Le rendement majuscule d’un collectif revenu en pleine possession de ses moyens et qui, sans même évoquer Erling Haaland, peut désormais compter le roulement parfait de sa colonne Rúben Dias-Rodri-Kevin De Bruyne.
Une équipe en pilotage quasi automatique, à même de rouler sur ce Real Madrid en dedans. Bernardo Silva pose les termes en conférence de presse : « Nous les respectons, oui, mais nous n’avons absolument pas peur d’eux. Cela fait deux mois que nous nous préparons exactement pour ce “momentum”, arriver avec 100% de nos capacités le jour de notre duel face au Real Madrid. Et aujourd’hui, je peux dire que nous sommes bel et bien prêts. Les leçons de l’année dernière ont été retenues. » Si elles sont osées, les déclarations du Portugais n’ont ainsi rien de surréalistes, traduisant, au contraire, l’aura qui entoure des Mancuniens dominateurs et revanchards. Ces mêmes hommes renversés l’an dernier par le tourbillon Real Madrid, dont le traumatisme s’est aujourd’hui transformé en dalle immense. « L’écusson n’a jamais fait gagner des titres, enchaîne Silva. La victoire repose sur les joueurs. Si vous enlevez Luka Modrić, Vinícius Júnior, Toni Kroos ou Karim Benzema au Real Madrid, il ne gagnerait absolument rien. Donc c’est à nous d’apprendre des erreurs de la saison passée et d’annihiler leur force pour prouver qu’on a atteint notre vrai niveau. » En 2020, alors que le monde plongeait dans le confinement, Manchester City dominait justement un Real Madrid déjà morose. Prêt à réitérer l’exploit ? Le rapport de force est lancé.
Par Adel Bentaha