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Real Madrid/Liverpool, les titans qui s’évitent

Par Robin Delorme, à Madrid
4 minutes
Real Madrid/Liverpool, les titans qui s’évitent

Ils sont beaux, ils sont grands, ils sont vieux. Real Madrid comme Liverpool sont deux des mastodontes du football européen. Aussi étrange qu'une crêpe sans beurre, ils ne se sont pourtant rencontrés qu'à trois reprises. Retour sur une anomalie de l'histoire.

Real Madrid et Liverpool boxent dans la même catégorie : celle des fanions racés. Respectivement première et troisième armoires à trophées de la Ligue des champions, les deux clubs se pavanent avec dix et cinq trophées. Au niveau national, idem : les Merengues ont remporté à 32 reprises la Liga, alors que les Reds en sont à 18 éditions de Premier League. Les records, les titres, les joueurs de légende… Rien ne manque à ces deux mastodontes européens. Seule incongruité au tableau, Madrilènes et Liverpuldiens ne se sont retrouvés face à face qu’à trois reprises tout au long de l’histoire. Avant ce mercredi soir, le bilan est sans nuance, manichéen : les gars de la Mersey ont à chaque fois fessé les riverains du Manzanares. Trois victoires en C1 dont l’une, la première, avait offert le troisième titre de la Coupe des clubs champions européens au LFC. Suite à cette finale au Parc des Princes de 1981, il a fallu attendre 2009 et une double confrontation en huitièmes de finale pour revivre tel choc. Un choc qui, en plus d’être succulent, s’annonce historique.

Liverpool, bête rouge merengue

Shorts courts, maillots en laine, Kaiser en vogue… Plus que ses images en basse définition, la finale de la Coupe des champions 1981 rappelle un football où les moustaches avaient la part belle. Pour cette 26e édition de la Coupe d’Europe, rendez-vous est pris le 27 mai au Parc des Princes. Contrairement à leurs statuts actuels, l’épouvantail n’est pas blanc. Les Reds, après deux victoires en 1977 et 78, souhaitent de nouveau être couronnés rois du Vieux Continent. Le Real, lui, sort d’une période glaciaire. Depuis 1966, son nom n’apparaît plus lors du dernier match de l’épreuve : une humiliation pour Santiago-Bernabéu et ses rêves de grandeur. Sur le pré parisien se retrouvent quelques Scousers légendaires comme Kenny Dalglish, Alan Kennedy ou Bob Paisley, chef de meute de cette joyeuse troupe. Côté madrilène, Juanito, Santillana ou Del Bosque composent le XI du Serbe Vujadin Boškov. Au terme d’une finale qui ne fournira pas les annales de l’UEFA, un but du latéral gauche, le bien nommé Kennedy, dans les dix dernières minutes offre le trophée aux Anglais. Le Real va hiberner de nouveau, Liverpool remportera lui sa quatrième C1 trois saisons après.

Au millénaire suivant, l’Euro a fait son arrivée et la livre fait toujours de la résistance. Liverpool également. Le Real Madrid est sur le point de retrouver ses rêves de grandeur après une décennie à se repasser en boucle le chef-d’œuvre de Glasgow de sa majesté Zidane. En huitièmes de finale de l’édition 2008-09, Rouges et Blancs se défient donc pour la seconde fois de leur histoire. Et pour la seconde fois de leur histoire, les Anglais se tapent les Espagnols. À l’aller, dans un Bernabéu en froid avec son équipe, la bande à Benítez prend un avantage minimal sur un coup de tête de Yossi Benayoun. Mieux, le onze de l’Espagnol transpire le tapas et la makina : cinq des titulaires sont des sujets de sa majesté Juan Carlos. Au retour, le Real de Lassana Diarra sera bien seul à marcher. Une déculottée 4-0 et un Juande Ramos déconfit offriront un bonheur total à Anfield. Cerise sur le gâteau, l’ouverture du score est l’œuvre de Fernando Torres, enfant du Vicente-Calderón qui a grandi dans la haine viscérale du blanc meringue.

Le trait d’union Arbeloa

Pour son centième match à l’extérieur en Ligue des champions – encore une fois un record dans la compétition – le Real aimerait donc s’offrir une première. Pour ce, il pourra compter sur Álvaro Arbeloa, seul véritable trait d’union entre les deux institutions – Xabi Alonso à un niveau moindre, Owen étant arrivé de Newcastle au Real. Formé à la Fabrica, le natif de Salamanque s’est expatrié en janvier 2007 à Liverpool. Sous les ordres de Rafael Benítez, il a gouté au haut niveau avant de revenir au bercail madrilène en 2009. De Liverpool, le bougre se rappelle tout particulièrement de l’ambiance d’Anfield : « J’ai dit à mes coéquipiers de profiter du match à Anfield le plus possible. Les nuits de Ligue des champions et les grandes rencontres qui ont lieu à Anfield sont très spéciales. » Des conseils, il pourrait également en prodiguer à Carlo Ancelotti qui a vécu la soirée la plus étrange de sa vie un soir de mai à Istanbul face à Liverpool. Défaite ou victoire, il se murmure que l’effectif merengue est dans un état second à l’idée de découvrir Anfield. Pour combler une anomalie de l’histoire.

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Par Robin Delorme, à Madrid

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