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Mbappé au Real Madrid : montrer patte blanche
Après sa fin de saison complètement ratée, Kylian Mbappé a été présenté, ce mardi, à un public madrilène complètement béat. Vite, la suite.
« Tu es bon ou tu n’es pas bon, là je n’étais pas bon et on rentre à la maison, c’est simple. Maintenant, je pars pour une nouvelle vie, avec de nouvelles choses à faire, il y a beaucoup à faire. » C’est sur ces paroles, prononcées face aux micros dans les coursives de la Fußball Arena München, que Kylian Mbappé a clôturé son championnat d’Europe, dans la nuit du 9 au 10 juillet. Une compétition qui, à n’en pas douter, occupe dorénavant une place de choix dans les pires souvenirs de sa carrière : le nez pété, les numéros d’équilibriste en conf au sujet des élections, le match contre les Pays-Bas observé depuis le banc, le masque, les tensions dans le groupe, les frappes hors cadre, la sortie en prolongation contre le Portugal, zéro but dans le jeu, l’humiliation par Lamine Yamal. Qui d’autre que l’Espagne pour mettre fin au parcours du Kyks ? Ce mardi à 12h46, une semaine tout pile après l’élimination, c’est justement de l’autre côté des Pyrénées que le Bondynois a commencé – devant 80 000 groupies – sa nouvelle vie. Celle qui aurait déjà pu débuter en 2017. En 2019. En 2021. En 2022. Celle qui doit l’emmener à la Ligue des champions et au Balón de oro.
L’abolition des privilèges
En mettant les pieds à Santiago-Bernabéu, Mbappé débarque chez le champion d’Espagne, le champion d’Europe, et plus globalement – n’ayons pas peur des mots – le plus grand club du monde. Celui des idoles Cristiano Ronaldo – dont il a imité la gestuelle lors de son intronisation – et Zinédine Zidane. Une équipe qui fait tous les deux ans ce dont Mbappé rêve depuis ses débuts : soulever cette foutue C1. Une institution, une vraie, à côté de laquelle notre génie français ne pourra que se sentir petit – et la cérémonie d’aujourd’hui, mine de rien, est venue le rappeler. Depuis combien de temps Kylian Mbappé n’a-t-il pas évolué dans une formation au sein de laquelle il est un soldat plus qu’un colonel ? Avec une configuration dans laquelle tout ne repose pas uniquement sur ses épaules ? Et si la spirale infernale qui a fait de lui le personnage figé et contre-intuitif vu pendant cet Euro prenait fin une bonne fois pour toutes ? Plus simplement, voir Mbappé changer d’écurie, pour la première fois depuis 2017, est forcément une bonne nouvelle, son aventure à Paris ayant déjà duré trop longtemps.
KYLIAN MBAPPÉ HACIENDO EL “1, 2, 3, HALA MADRID” DE SU ÍDOLO CRISTIANO, ESTOY LLORANDO 😭🐐
— gam (@mbapadre) July 16, 2024
Sur ses onze dernières sorties, club et sélection confondus, l’attaquant a marqué trois fois : contre Toulouse lors de ses adieux au Parc, contre le Luxembourg en amical, puis contre la Pologne sur peno lors du dernier match de poules des Bleus. Des stats honnêtes lorsqu’on s’appelle Evann Guessand ou Steve Mounié, moins quand on est censé être l’un des trois meilleurs joueurs du globe. Surtout, quand c’était le moment de marquer l’histoire – en finale de Coupe de France, mais surtout en demies de C1 ou en phase à élimination directe à l’Euro –, le buteur s’est tu, alors qu’il avait encore envoyé des chiffres déraisonnables lors de la saison « régulière ». Et il est clairement apparu cramé. « Il faut passer à autre chose, lâchait-il après la déroute de Munich. L’année a été longue, je vais aller en vacances me reposer – ça va faire beaucoup de bien, c’est important – et essayer de revenir très fort. » Pour se remettre en forme, l’ancien Monégasque va – espérons-le – pouvoir souffler, mais aussi forcément devoir se remettre en question.
Kylian Mbappé entre dans le Stade Santiago-Bernabéu ! pic.twitter.com/wUTVYhnc5i
— la chaine L'Équipe (@lachainelequipe) July 16, 2024
Sa compétition avec l’équipe de France nous l’a confirmé : Kyky de Bondy est en fin de cycle. Et puisqu’il n’a que 25 ans et encore beaucoup de choses à accomplir dans ce sport, il va falloir en enclencher un nouveau, sous la tunique blanche. Car ce déménagement pourrait lui apporter beaucoup, et pas uniquement sur les réseaux, où il a attiré 3,2 millions de followers dans les deux jours suivant sa signature officielle à Madrid. Aux côtés de Jude Bellingham, Vinícius Júnior – ses concurrents dans la course au Ballon d’or, mais aussi nouveaux coéquipiers – ou encore Rodrygo, et sous la coupe de « Don Carlo » Ancelotti – qui saura remodeler ses schémas pour introduire son nouveau jouet, mais ne bâtira pas tout autour de lui, au contraire de Didier Deschamps –, le Français n’aura pas la même pression, pas le même environnement, pas le même statut, pas la même fonction. Pas les mêmes privilèges ni la même impunité, non plus.
Peut-être arrêtera-t-il de demander dans les pieds dès que le ballon passe la ligne médiane ? De bouder lorsqu’on l’envoie faire banquette ? D’ouvrir la boca à chaque fois qu’un journaliste le pousse dans les cordes ? De créer un scandale dès qu’il n’est pas content ? De donner des ordres à sa direction et à son entraîneur ? D’exiger des départs dans l’effectif ? De faire la tronche lorsqu’un partenaire troue les filets à sa place ? Peut-être, tout bonnement, retrouvera-t-on le Mbappé épanoui, clutch et indestructible qui a disparu il y a quelques mois, voire quelques années.
Par Jérémie Baron