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Real Madrid/Juventus, Zizou comme trait d’union
Cinq ans à Turin, cinq autres à Madrid, Real-Juve, c'est dix ans de la vie de Zinedine Zidane et surtout cinq confrontations directes en Ligue des champions. Des matchs qui auront finalement rarement souri au meilleur joueur français de l'histoire.
Real Madrid 1-0 Juventus
Finale 1998
Le double Z dispute sa troisième finale de Coupe d’Europe de suite après celle perdue face à Dortmund en 1997 et avec Bordeaux face au Bayern en 1996. Cette fois, il connaît la chanson et ne découvre plus la Juventus où il a signé en 1996. Une première saison pour apprendre, une seconde pour confirmer. À quelques mois de la Coupe du monde 1998, Zidane est en forme. À Turin, il commence à prendre de la place. On le compare d’ailleurs à Platini, un autre meneur de jeu français de la Vieille Dame. « Quand je suis arrivé le premier jour à l’entraînement et comme je cherchais ma place dans le vestiaire du Comunale, Romeo, le magasinier du club, m’a dit : « Mets-toi là. C’est là qu’était Michel » » déclare-t-il le matin de la finale face au Real Madrid. Zidane est bel et bien turinois et veut ramener une nouvelle C1 dans le Piémont ( « C’est une ville froide, réservée et fermée, qui me ressemble » selon ZZ).
En face, il y a le Real Madrid qui n’a plus soulevé le titre depuis 1966 ni même foutu les pieds en finale depuis 1981. La Juventus est favorite. Et de loin. L’armée de Lippi a de la gueule : sept Italiens, deux Français (Zidane, Deschamps), un Hollandais fou (Davids) et un mur uruguayen (Montero). Surtout, il y a Del Piero et ses 10 buts en C1 cette saison. Dans le 3-5-2 de Lippi, Zidane joue numéro 10 derrière Del Piero/Inzaghi, mais lâché par son duo offensif, Zizou perd une troisième finale de suite sur un but du génial Mijatović en seconde période (0-1). Pourtant, le Français avait tout fait en début de match : un caviar pour Deschamps (5′), un autre gâché par son duo d’attaquants (3′) ou cette frappe du gauche qui frôle le cadre du Real (14′). Mais voilà, Zizou a Karembeu sur le dos en permanence et son apport va sérieusement diminuer au fil du match. Seul dans la nuit d’Amsterdam, Zidane perd une nouvelle finale de Coupe d’Europe. « On a joué vingt minutes et c’est tout. Je ne m’attendais pas à ce genre de match » , lâche-t-il, dépité, en fin de match.
Real Madrid 2-1 Juventus
Demi-finale aller 2003
Après un quinquennat doré à Turin (2 championnats, une Supercoupe d’Italie, une Supercoupe d’Europe et une Coupe intercontinentale), Zidane a signé à Madrid en 2001 et soulève déjà la C1 en 2002. C’est donc la première fois qu’il retrouve « sa » Juve, où il a été remplacé par Pavel Nedvěd dans le cœur des Turinois. Sous Del Bosque, Zidane joue plutôt à gauche au Real dans un 4-4-2 à plat. Son but ? Délivrer des caviars à Ronaldo et combiner avec Roberto Carlos sur le côté gauche. Pour cette demi-finale aller à Bernabéu, Zidane doit faire face au 4-2-3-1 turinois et se coltiner Conte et Thuram dans son secteur, pas des cadeaux. Même si le Real remporte cette première manche (2-1, Ronaldo et Roberto Carlos contre un but de Trezeguet), Zidane ne dispute pas un grand match. Cantonné à gauche, il s’exprime surtout sur phase arrêtée et offre quelques roulettes ou râteaux aux puristes, mais, globalement, il ne pèse pas sur la rencontre. Et ce but marqué à l’extérieur par la Juve fait mal au dos. Il faudra gérer son retour à Turin…
Juventus 3-1 Real Madrid
Demi-finale retour 2003
« Zidane sera sans doute très ému de retrouver ce stade et j’espère que nos supporters sauront lui réserver un accueil digne de lui. Autrement dit, pas par des sifflets, mais par des applaudissements que ce joueur, ce personnage fantastique, mérite. » Avant le match, Marcello Lippi a déjà mis le double Z dans le confort. Zizou de retour à Turin pour une demi-finale retour de C1, ça vaut le détour. Même en l’absence des Turinois Iuliano et Ferrara (suspendus), le match va être brillant et débridé. La Juve mène 2 à 0 à la pause (Trezeguet, Del Piero) et mange complètement le « collectif » espagnol. Le Real est à la rue. Les stars sont absentes. Figo rate même un penalty à la 67e. Le tournant, puisque Nedvěd en rajoute un troisième à la 73e et plie le match jusqu’au but… de Zidane à la 89e. Encore un but et ce sont les Espagnols qui passent. Ce but n’arrivera jamais. Zidane est de nouveau battu. Trop seul, le Français a mis 20 minutes pour rentrer dans son match. Dans le 4-2-3-1 du soir, il a semblé perdu sur son côté gauche. Son but du gauche, plein de rage, a redoré un peu sa prestation, mais Zizou quitte la C1 la tête basse. Il repart de Turin en vaincu. Dures retrouvailles.
Real Madrid 1-0 Juventus
Huitième de finale aller 2005
« Avec Zizou, on s’amusait. On se comprenait d’un seul coup d’œil, d’une seule feinte. Ça n’arrive pas avec beaucoup de joueurs. » Quand Alessandro Del Piero parle de Zidane avant de nouvelles retrouvailles en C1, on a envie de mettre du Francis Cabrel en fond sonore. C’est de la poésie. Avec un « cœur » à la place du point du « i » . Pourtant, Zidane est au cœur de petites polémiques au Real. Le match précédant le 8e de finale, ZZ a squatté le banc contre Bilbao. Luxemburgo, le coach du Real de l’époque, admet pourtant qu’il voulait reposer son maître à jouer avant la réception des Turinois. Mais au Real, en 2005, tout part en vrille. Et Luxemburgo a son franc parler qui fait des étincelles. Notamment vis-à-vis de Ronaldo.
Lors d’un entraînement, le coach aurait alors envoyé à son attaquant une saillie verbale très classe : « Ne sois pas fils de pute. Décroche et viens un peu défendre. Allez, bouge ton cul. » Une sortie qui a fait du bruit dans la presse espagnole et placé le Real sous pression avant de recevoir la Juve. Une Vieille dame qui a peu changé depuis 2003. Ils sont encore huit à être présents sur la feuille de match au coup d’envoi. Un match, pour une fois, dominé par le Real Madrid, même si le score ne le reflète pas : 1-0 (Helguera). Toujours à gauche, mais dans un 4-1-3-2 très offensif (Raúl, Ronaldo, Figo, Beckham et Zidane titulaires), Zizou réalise encore un match moyen, avec notamment un coup de mou physique après la pause. Peu importe, la première manche est pour le Real. C’est l’essentiel.
Juventus 2-0 Real Madrid
Huitième de finale retour 2005
Une semaine que le Real Madrid balise à l’idée de retourner à Turin. Surtout que la Juventus de Capello a envie de faire un truc. Et le matos est là : Buffon, Thuram-Cannavaro en charnière, Ibrahimović et Del Piero pour épauler Trezeguet, ça donne mal au crâne. En Espagne, on sait que les Galactiques jouent gros sur ce match. Pour Guti, « toute notre saison passe par Turin. On joue tout sur un match. Si la Juve nous élimine, ce sera un grave échec. » On connaît la suite : un premier but de Trézégol à un quart d’heure de la fin sur une géniale remise d’Ibrahimović et un but en prolongation de Zalayeta à la 115e minute. Zidane, lui, ne joue que 74 minutes. Et plutôt bien. Simple et discipliné, le Français permet à son bloc de remonter et ralentit les sorties de balle italienne. Quand il sort de la pelouse, le score est de 0-0. Et le Real est qualifié. 60 secondes plus tard, la Juventus marque. Le karma, putain.
Par Mathieu Faure