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Real Madrid : c’est grave docteur ?
Une prestation bien trop terne pour une équipe de ce standing, une nouvelle défaite face aux flèches du Shakhtar Donetsk (2-0) et une élimination de la Ligue des champions qui lui pend aux nez. Trois jours après s'être incliné devant Alavés en championnat, le Real Madrid a une nouvelle fois affiché ses nombreuses limites au grand jour en Ukraine, et devra impérativement battre Mönchengladbach la semaine prochaine s'il veut poursuivre sa route en C1. Le temps presse pour Zidane, mais a-t-il seulement ce qu'il faut à sa disposition ?
Désabusé. Bonnet du Real Madrid vissé sur la tête dans la froideur de Kiev, Zinédine Zidane ne peut que constater les dégâts. Bien trop neutre et plombé par des erreurs individuelles derrière, le Real Madrid s’incline pour la deuxième fois face au Shakhtar Donetsk. Bien loin de cette équipe pas toujours séduisante dans le jeu, mais absolument clinique dès lors que montait la pression des soirées européennes, ces Merengues sont désormais menacés d’élimination dès la phase de poules. Une mésaventure qui ne leur est jamais arrivée dans le nouveau format de la compétition à 32 équipes. Terrible pour un club qui a largement marqué la dernière décennie en remportant la coupe aux grandes oreilles quatre fois en cinq saisons, dont trois sous la direction de ZZ.
Zidane : « Je ne vais pas démissionner »
Le champion du monde 1998 est d’ailleurs resté droit dans ses bottes au coup de sifflet final, refusant de céder à la pression qui pèse désormais sur ses épaules. « Je ne vais pas démissionner, ce n’est pas du tout à l’ordre du jour. En première mi-temps, nous étions très bons, cela aurait changé beaucoup de choses si nous avions ouvert le score. Le premier but du Shakhtar nous a fait très mal », a-t-il tenté de se persuader. Il n’empêche : au lendemain de cette nouvelle déroute, la situation globale n’est guère reluisante pour les Madrilènes. Y compris en Liga où ils pointent à une bien insuffisante quatrième place. Pire, Luka Modrić et ses copains n’ont tout simplement pas gagné en Liga en novembre et restent sur un piteux revers à domicile contre Alavés.
Évoluer ou disparaître
Quand on regarde l’effectif de ce Real Madrid, deux constats sautent aux yeux : d’abord il n’a plus été renouvelé – en atteste un dernier mercato sans la moindre arrivée – depuis de longues années et semble arrivé au bout de ce qu’il avait à proposer. Seule arrivée majeure de l’ère Zidane ? Eden Hazard, abonné à l’infirmerie. Ensuite, il souffre de plusieurs manques criants pour l’un des plus grands clubs du monde. Cette équipe ne semble aujourd’hui tout simplement pas taillée pour lutter pour les plus prestigieux trophées du continent.
« Je crois en ces joueurs et en mes forces, s’est pourtant une nouvelle fois obstiné Zizou après la rencontre. Il faut relever la tête et continuer. » Un discours de plus en plus inopérant de la part d’un entraîneur dont les principes ont surtout consisté à s’appuyer sur une colonne vertébrale ultrasolide depuis ses débuts à la tête du bolide. Mais les cadres ne répondent plus. Le symbole de cette déliquescence est sans doute Raphaël Varane, déjà auteur de trois erreurs amenant directement un but cette saison en Ligue des champions, quelques semaines après avoir coûté la qualification sur la pelouse de Manchester City en août.
La priorité pour Zidane et ses hommes reste pour l’heure de sauver ce qui peut encore l’être : battre le Borussia Mönchengladbach la semaine prochaine et se qualifier, en imaginant que la réalité de début décembre ne sera pas celle de février. Mais la question mérite aujourd’hui d’être posée. Quel avenir pour ce Real Madrid, avec Zinédine Zidane à sa tête ? Pas (encore ?) reconnu à la hauteur de Guardiola, Klopp et Mourinho pour ses innovations tactiques malgré une armoire à trophées incroyablement garnie, le Français se trouve face à un immense défi : évoluer et offrir autre chose que cette bonne vieille recette proposée depuis qu’il a posé ses fesses sur le banc du Bernabéu, en janvier 2016. Et prouver que la recette du succès peut exister sans l’ingrédient Cristiano Ronaldo.
Par Tom Binet