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Real Madrid, apologie de la souffrance

Par Anna Carreau, à Madrid (avec Adel Bentaha)
Real Madrid, apologie de la souffrance

Devant Chelsea, comme face au Paris Saint-Germain, le Real Madrid s’est fait peur. Un passage obligé, afin de mieux assassiner son adversaire dans les ultimes secondes. Le mental des hommes de Carlo Ancelotti, malgré leur palanquée de titres accumulés, semble inébranlable, et les supporters madrilènes n’ont qu’une option : souffrir avec eux, pour mieux célébrer au coup de sifflet final.

Le Real Madrid s’est fait une nouvelle spécialité cette saison : donner des sueurs froides à ses supporters. En Liga, le club de la capitale a ainsi donné le ton avec des succès bien souvent étriqués (11 victoires sur 22 avec un petit but d’écart). Mais en Ligue des champions, la Casa Blanca préfère pousser le vice encore plus loin, proposant à son public un scénario complètement dingue à chacune de ses sorties. Les 59 839 spectateurs présents à Santiago Bernabéu ce mardi n’avaient pourtant a priori pas grand souci à se faire. Les Merengues s’étant imposés à Stamford Bridge une semaine plus tôt (1-3), il suffisait de ne pas trop s’endormir à domicile pour valider sa place en demi-finales. Prévenu avec la remontada d’enfer qu’avait menée le Real face au PSG en huitièmes, le contingent madrilène ne s’attendait néanmoins pas à revivre pareille soirée. Plongée dans les abysses du don de soi.

Sueurs froides et chants en continu

Pas vraiment maîtres du ballon (47% de possession, comme face à Paris à l’aller et au retour) et bouffés dans chaque compartiment du jeu par la bande de Thomas Tuchel, les Madrilènes n’ont dès lors pu compter que sur deux choses : leur mental et leur public. En illustration statistique, les Espagnols auront notamment encaissé 90 phases offensives (contre 46), concédé 10 corners (contre 1) et subi 29 frappes. Car cette saison, plus que les autres, c’est bien dans la capacité de résilience de chacun qu’est née la soif de victoire. Des succès que l’on pensait longtemps dus au simple talent balle au pied du virtuose Luka Modrić, du fulgurant Vinícius Júnior ou de l’inarrêtable Karim Benzema, mais que ces douces nuits printanières sont venues ramener à la surface. Celle du pragmatisme et du tout collectif.

Calma, comme à l’époque de Ronaldo

En conférence de presse d’avant-match, Carlo Ancelotti avait à ce titre prévenu les siens : « Nous ne devons pas nous reposer sur le résultat de l’aller, mais lutter sur chaque ballon. Car vous pouvez être sûrs que Chelsea ne va pas baisser les bras et donnera le meilleur pour tenter de se qualifier. » De son flegme caractéristique, « Carletto » était en effet bien trop conscient du potentiel danger guettant les siens, comme face au PSG : « Je ne crains pas un relâchement de mes joueurs après le 3-1 de Stamford Bridge, car j’ai cette chance d’avoir un groupe qui connaît très bien ce type de rencontres et qui va se méfier comme il se doit d’un adversaire de la qualité des Blues. » Une expérience et une lucidité à toute épreuve qui auront, par exemple, manqué au jeune Julian Nagelsmann dans l’autre quart. Dominateurs techniquement et tactiquement, les Londoniens se sont ainsi laissés emporter par l’irrationnel madrilène, encouragé à gorges déployées par un Bernabéu rarement abattu, même mené de trois pions, aux cris d’« El Real va a meter un gol ! » ( « Le Real va mettre un but » , en VF).

Avant de se délecter de l’extérieur de « Lukita » ou de l’appel contre appel de « Benzegol » , c’est effectivement dans la boue que s’est dessiné le parcours madrileño. Un Benzema perclus de crampes, forcé de terminer les 120 longues minutes de cette confrontation face à Chelsea les mains sur les adducteurs, ou Dani Carvajal, 1,73m, obligé de finir la partie en défense centrale. L’illustration même de l’acceptation du combat, pour des garçons que l’on croyait trop élégants pour cela. « Ne jouez pas avec le Roi d’Europe ! » disait le tifo des Ultra Sur au coup d’envoi. Force est de constater que le onze princier présent sur la pelouse a su leur donner raison.

Modrić et Benzema, garants mentaux

Vieillissante et critiquée de toute part pour son jeu minimaliste, l’équipe version Ancelotti a une nouvelle fois prouvé que sa principale force réside dans la solidité, en dépit de la flopée de trophées posés dans l’armoire. À l’image d’un Modrić haranguant chaque partie de la tribune et se fondant d’un laconique communiqué : « Abandonner n’est pas une option. » Et c’est peut-être en ce vécu individuel que réside cette mentalité inflexible. Il faut dire qu’avec 30 ans de moyenne d’âge (troisième effectif le plus âgé de l’histoire du Real Madrid, derrière celui de la saison 1963-1964 sous Miguel Muñoz et 2021-2022 de Zinédine Zidane), difficile de faire plus sage et pragmatique en matière de préparation de match. Un rendement palpable en Liga qui plus est, voyant le Real Madrid atteindre poussivement la barre des 63 buts inscrits, deuxième plus faible total des leaders des cinq championnats majeurs avec l’AC Milan (à titre d’exemple, le Bayern en est à 86 réalisations, Manchester City à 72 et le PSG à 70). « Je suis très heureux, se plaisait à détailler Ancelotti en conférence de presse. Je souffre beaucoup, mais plus je souffre, plus je suis heureux. » Sans concessions.

C’est des larmes que l’on voit là, Luka ?

À l’issue de cet énième dénouement empli d’émotions, le technicien italien a, en toute logique, tenu à saluer sa propre force de caractère : « Il y avait un peu de blocage psychologique et nous avons plus souffert sur les coups de pied arrêtés que dans le jeu. Puis l’énergie du Bernabéu est apparue. Il y a de la magie ici, quelque chose qui se crée, une atmosphère spéciale entre les joueurs et les supporters : c’est vraiment quelque chose d’inexplicable. Vous parvenez à faire des choses que très peu de gens peuvent imaginer. Qui, à part moi, pensait qu’à 0-3 nous réussirions à passer ? » Atteignant désormais les huit demi-finales de Ligue des champions comme Pep Guardiola et José Mourinho avant lui, Don Carlo, premier entraîneur à accéder au dernier carré lors de chacune des quatre dernières décennies, a donc transmis cette confiance à une équipe jouant sans cesse « hasta el final » ( « jusqu’à la fin » en VF). Et ce n’est pas près de s’arrêter.

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