Est-ce que tu peux me raconter la naissance de cette équipe ?
Tout a commencé par quelques bières au Goth Week-end, un festival de musique gothique à Whitby. Moi, je couvrais l’événement. Et pendant la soirée, j’ai parlé à un membre du groupe Manuskript, un mec qui s’appelle Mike Uwins. C’est un gros fan de foot et surtout un supporter d’Arsenal. Moi, je suis aussi un gros fan de foot, mais je supporte Sunderland – on est nuls, mais on est pleins d’espoir –, bref, on discutait de foot et on s’est dit qu’on devrait organiser un match pendant le festival. Il m’a dit que c’était une super idée. L’année d’après, ils ont choisi des maillots (noirs forcément), ils ont trouvé des sponsors, des joueurs et on a fait notre premier match. Real Gothic était né. Sur une défaite, si je ne me trompe pas.
Ça se passe toujours pendant le Goth Festival ?
Oui, début novembre. En fait, il y a vraiment énormément de monde pendant ce festival. C’est un événement énorme, les gens viennent du monde entier. Tous les hôtels, tous les « Bed and Breakfast » sont complets. Et la tradition maintenant, c’est donc de clôturer le festival par ce match de foot.
Vous jouez où ? En plein milieu du festival ?
Non, non. En fait, on fait ça sur le terrain de foot de Whitby. Il y a des vestiaires, un bon terrain, tout ce qu’il faut. Dans le vestiaire gothique, ça écoute de la musique lourde avant les matchs. De la musique de gothiques. Je n’y connais pas grand-chose en fait, mais j’ai l’impression que les paroles sont en allemand ou quelque chose comme ça. Mais dans le vestiaire de mon équipe, c’est plus calme.
Tu ne fais plus partie de l’équipe des Gothiques donc ?
Oui et non. En fait, je suis à l’origine de l’équipe. Au début, je jouais avec eux pour faire le nombre et puis après, j’ai rejoint une équipe de journalistes et de personnes de la ville et on joue contre les gothiques du coup. Mais ce n’est pas plus mal parce que je deviens vieux et lent. C’est de mon niveau.
Et du coup, le dimanche après-midi, tout le monde joue en gueule de bois ?
Oui, complètement. On joue le dimanche après-midi, c’est toujours plus calme et c’est le meilleur moment pour jouer. Le coup d’envoi est sifflé vers 14h normalement. On a donc tous le temps de récupérer de notre samedi soir. Et franchement, c’est marrant de voir autant de gothiques se dépenser alors qu’ils devraient être sous la couette à ce moment-là.
Il y a du public ?
Ouais, il y a plein de monde en noir tout autour du terrain. C’est dur de définir le gothique, mais le truc qui les caractérise le mieux, forcément, c’est le noir. Ils sont tous habillés en noir. Après, la plupart d’entre eux ont des looks incroyables, des coupes de cheveux folles. Il faut vraiment voir ça.
Et comment les joueurs sont recrutés ?
C’est assez simple. La plupart des joueurs du Real Gothic FC, ce sont des gens du coin. Il y a quelques joueurs réguliers. Mais il y aussi des mecs recrutés sur le tas, dans le festival. Des mecs qui n’ont pas trop bu le samedi soir et qui veulent jouer le dimanche. Après, il y a aussi un autre truc drôle : à la mi-temps, ou à la fin du match, il y a un concours de penalty pour les filles. Elles ont leur propre maillot. Elles s’appellent les « Sisters » .
Et les Gothiques, ils sont bons ou pas ?
Pour être honnête, mon équipe actuelle, celle des journalistes et des gens du coin, gagne la plupart du temps. Il y a quelques bons joueurs chez les gothiques. Et d’autres moins. Ils sont environ vingt joueurs. Et tous entrent à un moment donné. C’est plutôt bien parce que tout le monde peut participer à la fête. Mais c’est aussi utile pour eux et leur condition physique. La plupart du temps, on gagne par trois, quatre ou cinq buts d’écart.
Les matchs, ils ressemblent à quoi ?
Aujourd’hui, c’est plutôt serré. Mais parfois, ça peut être très maladroit aussi, je peux vous raconter une anecdote à ce propos : une année, un des gothiques est allé au contact aérien avec mon frère. Il s’est démoli les dents sur le crâne de mon frère. Mon frère a eu un petit peu de sang. Mais le gothique, sa dentition, c’était un désastre après ça. Ce n’est pas qu’il était bourré ou mauvais, peut-être un peu des deux, mais on va dire que c’est un accident qui arrive dans le foot. Ils vont mieux tous les deux aujourd’hui. C’est tout. Une histoire de dents. Et sinon, depuis peu, pour équilibrer les équipes, il y a des joueurs professionnels qui jouent avec nous. Brian Killcline a déjà joué avec les gothiques. Il a été leur « special guest » une année. C’est un ancien de Newcastle et de Coventry qui a l’habitude de venir au festival. Je crois que c’est un gothique, sa femme avait un stand ou un truc comme ça sur le festival. Bref, il a été brillant sur le terrain, bien meilleur que moi en tout cas, et les gothiques ont gagné. Après, l’année dernière, dans mon équipe actuelle, il y a aussi eu Darren Williams, ancien joueur de Sunderland et entraîneur de Whitby. Et pendant ce temps-là, les gothiques ont aussi réussi à dégoter le gardien de Whitby, Shane Bland. Il a été énorme, le match était super serré, mais on a réussi à gagner. C’est pas mal avec des joueurs de ce niveau. Ça permet de ramener pas mal de public.
Et c’est quoi l’objectif de ce match au final ?
Quand on joue, c’est pour gagner, mais aussi pour boire des bières après le match, passer du bon temps. Et enfin, c’est aussi pour ramener du monde, amasser un peu d’argent parce qu’on reverse des fonds pour des associations, la Willow Foundation, la SOS Children’s Villages et une association locale. Mais c’est aussi utile pour mon équipe, car nous, on joue toute l’année. Et on est très, très très loin de la Premier League ou du PSG vous savez…
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