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Reading, Southampton et West Ham retrouvent la lumière

Thomas Andrei
Reading, Southampton et West Ham retrouvent la lumière

1871, 1885, 1885. Ce sont les années de créations des trois promus british version 2012-2013. Après avoir bataillé dans la boue de ce qui est considéré comme le meilleur championnat de deuxième division de la planète, Reading, Southampton et West Ham vont devoir retenir quelque peu leurs tacles et poser la balle au sol pour tirer leur épingle du jeu face aux Manchester(s), Chelsea ou Arsenal. Présentation des trois bizuts de Premier League.

Reading, les nouveaux riches

Dans l’imaginaire de l’amateur de football britannique, de musique pop, de pintes de bière et de castagne, Reading, c’est un nom : Robin Friday. En inscrivant 46 buts en 121 matchs, le « man who don’t give a fuck » a marqué à jamais l’histoire du club. Un mec qui, à coups de spliffs, de cachets, de danses nues dans des pubs et de dégueulis sur le terrain, aurait fait passer George Best pour un fan de Take That. Mais depuis les années 70, le monde a bien changé, et le club du Berkshire aussi. Tellement que, selon Jack Pitt-Brooke de The Independent, les Royals, relégués en 2008, ont constitué l’an dernier la grosse surprise de Championship : « Après un départ difficile, ils ont accéléré pour finalement gagner le championnat. Leur succès était basé sur beaucoup de travail, d’unité et un gros mental, tout ça grâce à l’excellent boulot du manager Brian McDermott. » Nommé en 2009, cet ancien joueur d’Arsenal perpétue la tradition des coachs d’origine irlandaise, après le court règne de Brendan Rodgers – nord-irlandais pour le coup -, nouveau maître d’Anfield Road.

Décrit comme un des gars les plus sympas du football outre-Manche, le technicien de 51 ans a mis en place un jeu simple en s’appuyant notamment sur deux joueurs d’expérience. Vague portier international australien, Adam Federici est un fidèle du Madejski Stadium. Sans ses piges dans des équipes de campagne, telles Carshalton ou Southend, le gardien de 27 ans serait au club depuis 2004. Solide dernier rempart, il a permis à sa formation de n’encaisser que 37 cartouches la saison passée, d’où son titre de joueur du mois de février. Âgé de 33 ans, Jason Roberts est à l’origine d’un record. Il a effectué le meilleur début de carrière de l’histoire du maillot blanc et bleu en remportant 8 rencontres à la suite. Vieil habitué de la Premier League, le Grenadin, passé par les Wolves, West Brom et Wigan, était arrivé en provenance de Blackburn en janvier dernier. Choix judicieux, quand on sait que ce sont les Rovers qui évolueront en deuxième division cette saison.

Si, avec ces deux seuls atouts revendiqués, on pourrait légitimement s’inquiéter du sort de l’ancienne formation de Martin Keown, un évènement a changé la donne cet été. Le 29 mai, le multimillionnaire russe Anton Zingarevich s’empare de 51 % du bébé de Sir John Madejski, président depuis 1990, et qui a humblement donné son patronyme au stade. Propriétaire de Thames Sport Investment, le nouveau copain de Roman Abramovitch n’est évidemment pas là pour faire l’ascenseur. Rapidement, il empile les recrues, et notamment son compatriote d’avant-centre, Pavel Pogrebnyak, chipé à Fulham. Ajoutez à cela l’enrôlement du prometteur milieu relayeur de Newcastle Danny Guthrie ainsi que la prochaine arrivée d’un autre Magpie, le tatoué Danny Simpson, et l’avenir des Royals ne semble plus si terne. Et connaissant le comportement des magnats russes dès la tête d’un club de football acquise, on peut parier quelques roubles que les emplettes sont loin d’être terminées…

Southampton, la nursery

Ville côtière de 220 000 habitants, Southampton est célèbre comme ayant été le point départ du Mayflower, embarcation des pères fondateurs américains. On s’imagine dès lors que la cité portuaire est charmante, alors que c’est tout pourri. Ravagée par les bombardements de la Luftwaffe durant le conflit mondial volume deux, l’agglomération du Hampshire est un mouroir. Une sorte de Palavas version UK. Une implantation parfaite pour former de jeunes footballeurs, tenus éloignés des plaisirs de la vie. Et, il faut le reconnaître, ça fonctionne plutôt pas mal. Dans leur pouponnière du football britannique, les Saints ont permis l’éclosion de Peter Crouch, Wayne Bridge et plus récemment de trois grands espoirs de Premier League : Theo Walcott, Gareth Bale et Alex Oxlade-Chamberlain.

Mais, comme tout club formateur qui se respecte, les pensionnaires du St Mary’s Stadium sont contraints de vendre leurs étoiles pour survivre. Cette constante, couplée à une mauvaise gestion, a précipité la relégation du club en 2005. En mai 2009, le SFC est au plus bas. Relégué en League One, le club favori de Brian May voit alors arriver comme un prophète le richissime homme d’affaire germano-suisse Markus Liebherr. Issu d’une des familles les plus prospères d’Allemagne, Liebherr décède en août 2010 d’une crise cardiaque, mais laissera un joli pactole à ses poulains. En plus d’un confortable matelas financier, le businessman aura apporté aux siens un homme de qualité en la personne du coach Nigel Adkins. Ancien portier de Wigan, l’Anglais de 47 ans est le grand artisan du succès des Saints. Promoteur d’un jeu fluide et réfléchi, le Frédéric Hantz local a construit son XI autour de deux jeunes et d’un solide point d’ancrage devant. Formé au club, Adam Lallana, 24 ans, est le dépositaire du jeu du dauphin de Reading.

Derrière, Jack Cork, élevé à la sauce Chelsea et convoqué dans la sélection de Grande-Bretagne pour les JO, fait figure de patron de l’arrière-garde. Mais la star de l’équipe, élu joueur de l’année en Championship, s’appelle Rickie Lambert. Meilleur buteur du championnat avec 24 unités, l’ancien de Bristol et Macclesfield découvrira, à 30 ans, l’élite du football de Sa Majesté. D’après le journaliste Jack Pitt-Brooke, il pourrait être « le Grant Holt de cette saison » . Mais, et ce, malgré les signatures de Steven Davis des Rangers et du très courtisé Jay Rodríguez en provenance de Burnley, Southampton, en manque cruel d’expérience, pourrait être le promu qui souffrira le plus en 2012/2013. Pour leur premier match, les chouchous de Craig David – ouais, Craig David – accueilleront Reading.

West Ham, de nouveau à sa place

Avec le retour de West Ham en Premier League, Londres comptera 6 clubs au plus haut niveau du football anglais. Prends ça, Paris ! Mais, promis à la montée dès leur relégation, les choses n’ont pas été aisées pour les Hammers. Pas aidés par quatre lamentables dernières saisons parmi l’élite, les Londoniens ont souffert, notamment à domicile. Il faudra en effet deux victoires sur Cardiff, puis Blackpool, lors des play-offs, pour que les hommes du charismatique Sam Allardyce retrouvent la première division. Très aimé, très respecté, « Big Sam » est connu pour assurer le maintien à des équipes médiocres, mais pas en pratiquant le football le plus sexy du Royaume. Il faut dire que ce n’est pas vraiment – contrairement à certains de ses rivaux de la capitale – par le jeu que les Irons brillent le plus.

Seulement vainqueur de trois Cups et d’une poussiéreuse Coupe des vainqueurs de coupes, la formation du district de Newham, dans l’East End de la ville, est bien plus réputée pour sa terrible armée de fans. Anti-héros du film de Lexi Alexander Green Street Hooligans (sobrement Hooligans en VF), avec le hobbit Elijah Wood en tête de casting, les – très – mauvais garçons d’Upton Park s’articulent autour de l’Inter City Firm, une des meutes ultras les plus redoutées de Grande-Bretagne. Leur dernier fait d’arme : une émeute provoquée lors d’un match de Coupe de l’UEFA à Palerme, qui débouchera sur de graves blessures pour six d’entre eux, autant de carabinieri et 5 supporters locaux. 2 500 fans avaient alors fait le déplacement en Sicile. Les derbys devraient ainsi redevenir très chauds autour de la Tamise. Plus conventionnels, « The Academy of Football » compte également nombre de soutiens célèbres. Parmi eux, Katy Perry, qui posera même en tenue plus que légère pour son club, Keira Knightley, Rod Stewart ou encore Matt Damon. Par ailleurs, une rumeur circule selon laquelle Barack Obama, dont la sœur a vécu un temps dans l’Est londonien, choisirait West Ham s’il devait se décider à comprendre quelque chose au soccer.

Cette saison, le locataire du bureau ovale devrait donc porter un maillot au nom de Mark Noble. Élu « Hammer of the year » , le milieu de terrain de 25 ans formé au club est l’argument offensif le plus valable de l’ancienne formation de Carlos Tévez. Dans l’entrejeu des Irons, il évolue aux côtés du légendaire capitaine Kevin Nolan, ancien skipper de Newcastle qui avait surpris tout le monde en signant l’été dernier en Championship. Défensivement, c’est James Tomkins, lui aussi élevé au son de l’hymne « I’m forever whistling bubbles » qui est chargé de tenir la baraque. Côté mercato, si le club formateur de Frank Lampard a perdu le fameux Robert Green, passé chez les ennemis des QPR, les ouailles de Sam Allardyce ont enregistrés les renforts de Mohammed Diamé, transfuge de Wigan et du Sochalien Modibo Maïga. En attaque, ils côtoieront le gros Carlton Cole, sélectionné chez les Three Lions à 7 reprises. Formation historique, West Ham ne devrait pas éprouver trop de mal à attirer quelques autres joueurs de qualité. Probablement suffisant pour assurer le maintien, mais pour combien de temps ?

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