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RDA, l’Allemagne qui perdait

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RDA, l’Allemagne qui perdait

De l'équipe nationale est-allemande de football, il ne reste aujourd'hui que des maillots réplica seyants couleur bleu électrique, frappés du sigle DDR. Environ 50 euros dans les bonnes boutiques spécialisées et l'assurance de faire encore plus vintage avec cet achat que son pote au t-shirt CCCP.

En revanche, si l’on demande à celui qui le porte de parler de cette sélection disparue en même temps que la guerre froide, à la fin de l’année 90, un an après la Chute du Mur dont on fête ce lundi les 20 ans, il aura sûrement du mal à vous donner les noms des personnages illustres et les dates historiques. La RFA, ok, c’est trois coupes du monde, c’est Séville 82, c’est Rahn, Beckenbauer, Müller, Breitner, Matthaüs ou Rummenigge, mais la RDA ? Le bilan est implacable, c’est un palmarès fade et tristoune, à l’image du pays. En 38 ans d’existence, elle ne compte qu’une seule participation à une phase finale de coupe du monde et aucune à un championnat d’Europe.

Par contre, c’est tout de même quatre médailles olympiques dont un titre à Montréal en 76. Mais le football aux JO, tout le monde s’en fout. Sauf les pays du bloc de l’Est justement, qui voyaient dans ces olympiades l’occasion de se montrer sous un beau jour à la face du monde. En 52, Hongrie titrée, en 56 au tour de l’URSS, en 60 la Yougoslavie de Tito le rebelle, en 64 et 68 de nouveau la Hongrie, en 72 la Pologne, en 76 la RDA et en 80 la Tchécoslovaquie. Pendant que les pays occidentaux envoyaient des sélections constituées d’amateurs, les cocos balançaient la grosse artillerie et squattaient les podiums. Facile et donc pas franchement glorieux. Restent des anecdotes sympa, comme cette petite finale 1972 où à l’issue des 90 minutes, Soviétiques et Est-allemands préférèrent ne pas disputer les prolongations prévues (le score était de 2-2), histoire de ne froisser aucune des deux nations alliées et de mettre en application le principe d’égalité… A Montréal, quatre ans plus tard, les Allemands de l’Est monteront cette fois sur la plus haute marche du podium, battant notamment en quarts de finale la France du jeune Platini (21 ans).

Mais bien plus que les breloques olympiques, un match restera à jamais gravé dans la mémoire collective en RDA : la rencontre fratricide contre la RFA, disputée à Hambourg le 22 juin 74, dans le cadre de la coupe du monde. Un duel hautement symbolique entre deux sélections, deux idéologies mais une seule nation. D’un côté un régime fédéral et libéral, de l’autre un régime autoritaire et policier. D’un côté l’opulence de talents, l’arrogance et une pointe de suffisance de la bande à Beckenbauer, de l’autre sa vilaine mais besogneuse sœur jumelle. Une telle confrontation ne pouvait que se solder par la victoire de la seconde, grâce à un but de Sparwasser dans le dernier quart d’heure. L’Equipe parlait à l’époque d’une « résistance héroïque des Allemands de l’Est livrant une guerre au centimètre » . Blitzkrieg Bop. Plus tard dans la compétition, la RFA gagnera son mondial tandis que les Ossies finiront par plier face au Brésil et la Hollande mais au moins, l’honneur est sauf pour l’Est.

(Résumé de RFA – RDA 1974)

Cette victoire constituera le point d’orgue de cette sélection réputée chiante à jouer, avec une organisation tactique remarquable et une discipline à la Soviétique, misant tout sur le physique et pratiquant l’art du contre. Une sélection façonnée par Georg Buschner, qui reconnaissait volontiers : « Nous sommes d’une valeur très moyenne, ce n’est pas en jouant que nous réussissons de bonnes performances mais en luttant avec notre énergie » . Avec pour ossature Croy dans les cages, Bransch et Weise en paire centrale, Hoffmann et Sparwasser sur les ailes, Vogel et Streich devant et Joachim Streich, le Gerd Müller de l’Est avec ses 53 buts en 98 sélections, la seule individualité qui ressort d’une équipe mettant évidemment plutôt en avant son sens du collectif et du sacrifice.

A la base de l’équipe, une volonté politique souhaitée par les plus hautes autorités. Ce n’est ni une légende ni un fantasme, la RDA programmait ses jeunes talents à faire gagner la patrie, et ce dès le plus jeune âge. Détectés et recrutés, ils étaient formés “scientifiquement” dans les instituts d’État et dans les clubs rattachés aux grandes entreprises. Objectif double : participer par les victoires au développement d’une conscience nationale et se faire connaître et reconnaître sur la scène internationale. Aux manettes de ce plan ambitieux se trouvait Manfred Ewald, le Ministre des Sports (entre autres) durant près de 30 ans, un ancien nazi passé par les Jeunesses Hitlériennes. Brillante en athlétisme ou en natation, la RDA ne parviendra néanmoins jamais à imposer sa patte dans le monde du football.

Après la génération 70’s, la suivante échouera, ne réussissant plus à se qualifier pour aucune compétition internationale. Elle disputera le dernier match de son histoire le 12 septembre 1990 à Bruxelles contre les Diables Rouges, devant à peine plus de 5000 spectateurs. Motif de cette désaffection du public : le match ne compte pas, comme initialement prévu, pour les éliminatoires de l’Euro 92 en raison de la réunification des deux Allemagnes, officiellement prévue le mois suivant. Un match RFA–RDA aurait dû se disputer quelques jours plus tard à Leipzig (les deux équipes étaient dans le même groupe de qualification), il fut annulé. Matthias Sammer marqua les deux ultimes buts de la sélection est-allemande pour une victoire 2-0 sur la Belgique. Pour l’honneur. Le Ballon d’Or 1996 fit par la suite le bonheur de l’équipe d’Allemagne réunifiée. Comme Andreas Thom, Ulf Kirsten ou encore Thomas Doll. Un mur s’écroule, le rideau tombe.

(Belgique – RDA, dernier match en 90)

Totò Schillaci, pour une nuit éternelle

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