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- 29e journée
- RC Lens/Toulouse FC
RC Lens, l’espoir fait survivre
Quasiment condamné sportivement, le Racing Club de Lens vit également avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête en raison des soucis financiers de son actionnaire Hafiz Mammadov. Du côté des supporters, l'espoir est mince, mais existe toujours.
« Il ne faut pas se voiler la face, si on prétend au maintien, il faut gagner. » Président du 12 Lensois, Philippe Pernet n’y va pas par quatre chemins. Ce match contre Toulouse samedi, c’est bien celui de la dernière chance, comme l’avait expliqué Antoine Kombouaré après la défaite à Paris le week-end passé. Pour Jean-Paul Guéry, des Gueules noires, le constat n’est pas plus reluisant : « L’état d’esprit est au plus bas, il y a de la fatalité, de la résignation, les gens ne croient plus au maintien. Je suis l’un des seuls à encore espérer. Contre Toulouse, il faut une victoire, car après, on va jouer des gros comme Marseille ou Bordeaux. » Il faut dire que le RCL broie du noir en 2015 : aucune victoire, une élimination en Coupe de France, 6 revers et 3 nuls en Ligue 1. De quoi plonger tête la première dans la zone rouge et y prendre dangereusement pied avec une avant-dernière place à 9 points du premier non-relégable Lorient. Kombouaré l’a dit il y a une semaine, Toulouse, « c’est le match à gagner pour relancer la machine » . Reste à voir si les Sang et Or en sont capables.
La nostalgie de Bollaert
Depuis une fin d’année 2014 courageuse achevée avec une victoire « à domicile » contre Nice (2-0), le moteur artésien a calé et ne veut plus redémarrer. Une situation que Philippe Pernet impute en partie à l’indisponibilité du stade Bollaert, en travaux pour l’Euro 2016 : « Être à Bollaert, cela aurait aidé à gagner des points en plus, même si cela n’aurait pas révolutionné le classement. Il y a eu un boycott du stade à Amiens qui a fait mal, car on n’arrive pas à remplir la Licorne, alors qu’à Bollaert en L2, on avait beaucoup plus de monde. » Une théorie qu’appuie le président des Gueules noires, selon qui « à Amiens, il n’y a pas d’ambiance » , notamment à cause de l’absence des Red Tigers. « Cette saison, on a senti que tout était contre nous, notamment les arbitres. Si on avait pu jouer à Bollaert, on aurait plus de points, on serait en milieu de tableau. » Plus qu’une équipe sans stade, le RCL est également sans le sou, et a donc attaqué son retour en Ligue 1 avec une équipe de Ligue 2. Une situation que les hommes de Kombouaré ont affronté avec courage, mais sans capacité à déplacer des montagnes selon Pernet, pour qui le Racing s’est « épuisé faute de recrues, alors qu’à chaque match, il n’a pas manqué grand-chose pour ramener plus de points. »
La Ligue 2, un moindre mal
Aujourd’hui, à bout physiquement et moralement, les Sang et Or voient pointer le spectre de la Ligue 2, qui ne serait « qu’un moindre mal » selon le président du 12 Lensois. Car ce dont le peuple lensois a peur, ce n’est pas tant d’un retour à l’étage inférieur qu’une descente aux enfers. « On a peur du dépôt de bilan ou de la CFA2, cela ferait mal à tout le monde : le club, les supporters, la région » , rappelle Jean-Paul Guéry, conscient que tant qu’Hafiz Mammadov ne quitte pas le navire, le club a les mains liées. Or, le seul moyen de l’éjecter automatiquement, le dépôt de bilan, signifierait des dégâts irrémédiables pour le Racing : « On perdrait le droit de jouer à Bollaert, la Gaillette. La DH pour Lens, ce serait un désastre. » Pour Philippe Pernet, il ne faut pas oublier que l’homme d’affaires azéri avait sauvé le club il y a plusieurs saisons, tout en espérant « que l’État azéri fasse quelque chose pour le pousser à céder ses parts. » Pour le leader du 12 Lensois, la cause de Lens, c’est presque une cause nationale, car « un dépôt de bilan serait catastrophique pour la région, déjà assez touchée par la crise économique. Le foot, c’est le seul espoir de pas mal de gens ici, sans ça, sans le Racing, ils n’auraient plus rien. » Même au plus bas, les Lensois pourront néanmoins compter sur la fidélité de leurs supporters, à l’image de Jean-Paul Guéry : « Mon cœur est lensois depuis que j’ai 8 ans. Même en DH, j’irais les voir et les supporter. »
Par Nicolas Jucha