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Raymond Verheijen, le sorcier des coréens
L'arme fatale des sud-coréens se nomme Raymond Verheijen. Ce préparateur physique batave va emmener les Tigres d'Asie jusqu'en quarts de finale. Portrait d'un homme de l'ombre.
S’il était un personnage d’une aventure d’Astérix et Obélix, Raymond Verheijen serait à coup sûr Panoramix. Un étrange druide capable de faire remporter le Tour de France à un coureur de la Française des Jeux. Indissociable de la réussite de Guus Hiddink, on retrouve le bonhomme derrière la plupart des succès de coach néerlandais. Raymond-la-science s’affirme comme l’un des plus grands préparateurs physique de la décennie : « Je sais comment amener les joueurs à leur pic de forme » , se contente-t-il de dire presque modestement.
Verheijen connaît bien la Corée du Sud. En effet, c’est la troisième Coupe du monde consécutive à laquelle il participe en revêtant le survêt’ des Guerriers Taeguk. En 2002, il s’était forgé un nom à Séoul aux côtés de Guus Hiddink avec la réussite que l’on connaît grâce à une excellente préparation – ainsi que des décisions arbitrales étranges – qui avaient permis aux Coréens d’atteindre le dernier carré. Après avoir été diplômé, Raymond a d’abord brillé au sein de la fédération hollandaise. C’est Frank Rijkaard qui le repère et lui met le pied à l’étrier en le nommant préparateur physique des Oranjes durant l’Euro 2000. Pas encore trentenaire, il tutoie déjà le haut niveau. Puis, il trimera sous les ordres du pélican van Gaal et s’occupera par la suite de l’état de forme des hommes de Dick Advocaat : la sélection hollandaise en 2004 et la sélection sud-coréenne deux ans plus tard. Dans le même temps, Verheijnen intervient comme conseiller indépendant auprès du Barça de Rijkaard : à la clé deux Ligas et une Ligue des champions. Il supervise aussi le travail du Zénith Saint Pétersbourg à la sauce Advocaat vainqueur de la Coupe de l’UEFA en 2008. De solides références qui vous classent un homme. Mais plus qu’un excellent CV, son fait de gloire reste la qualification de la Russie pour les demi-finales de l’Euro Suissautrichien au détriment des Pays-Bas. Plus endurante, plus véloce, plus rapide, la sélection russe domine son adversaire qui implose physiquement : « Nous avions joué trois jours seulement avant notre quart alors que les Néerlandais avaient eu quasiment une semaine pour se préparer et je me demande encore comment on a pu montrer une telle différence de forme. Eux marchaient, nous on continuait à leur courir dessus en prolongation » , déclare-t-il à l’issue de match, faussement surpris. A l’autre bout du ring, Van Basten, sélectionneur hollandais de l’époque, termine sonné et perplexe : « On aurait dû être plus fort physiquement, non, vraiment, je ne me l’explique pas » .
Aujourd’hui l’aspect physique est incontournable, surtout durant une Coupe du monde. Les saisons sont de plus en plus chargées pour les joueurs qui arrivent émoussés quand vient le temps des grandes compétitions internationales. Dans ses conditions, Verheijen apparaît comme un alchimiste parvenant miraculeusement à redonner aux guiboles lourdes de fin de saison une seconde jeunesse à l’approche des grands rendez-vous. Adepte du fitness, le batave est un dingue d’innovations technologiques. Ainsi, le camp d’entraînement des coréens a pris des allures de laboratoire high-tech comme l’a remarqué la presse argentine. Durant les séances, les joueurs sont équipés de capteurs électroniques qui transmettent immédiatement des informations sur ordinateur par Wi-Fi. Verheijen et son équipe dissèquent les performances et compilent les données statistiques afin de faciliter le travail et les choix du sélectionneur. Durant la compétition, via son compte twitter, le préparateur revient sur les séances d’entraînement et livre ses impressions concernant les matchs : « L’Argentine n’a pas été capable d’égaler notre condition physique en seconde mi-temps. La classe de Messi a fait la différence » . Il dévoile ses méthodes de travail notamment l’adaptation à l’altitude qui le turlupine : « Ce soir, avant de diner, nous avons eu notre session quotidienne de masque à oxygène. Les joueurs se sont préparés avec une saturation en oxygène de 80 à 85% » , écrit-il le 9 juin. Et s’étale légèrement sur ses potions magiques : « Pendant les deux heures et demi de trajet en bus, les joueurs auront droit à un mélange à base protéines pour que leurs organismes récupèrent » . Verheijen a toujours fait preuve d’une certaine transparence. Il publie des livres, donne des colloques et anime des séminaires. Mais personne n’a découvert sa botte secrète…
Du rythme et de la fraîcheur, voilà ce que proposeront les sud-coréens contre la Céleste. L’objectif est d’étirer le match au-delà de la quatre-vingt dixième minute afin d’asphyxier la bande à Forlan. Que les Uruguayens soient prévenus, cette après-midi ils devront batailler face à d’increvables lapins Duracell en maillot rouge. « Les joueurs m’ont paru frais au cours de l’entraînement d’hier. Ils semblaient avoir rapidement récupéré du match de mardi. Leur niveau d’énergie est déjà élevé ! » , notait-il hier soir.
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