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Rayan Cherki ronge son frein à Lyon
Malgré trois passes décisives ultra-importantes en sept rencontres, Rayan Cherki n’a toujours pas goûté à la joie d’une titularisation cette saison. Utilisé moins de 100 minutes par Peter Bosz, son cas est une réelle anomalie à l’OL tant ses qualités de création et de percussion crèvent les yeux et pourraient se révéler tellement utiles dans une équipe à tendance fade et en manque d'idées. Mieux vaudrait tard, face à Lens ce dimanche, que jamais.
Lundi dernier, l’équipe de France espoirs de Sylvain Ripoll galérait face aux jeunes Belges, menée d’un but à la pause. Dès la reprise, l’ancien entraîneur lorientais a sorti une carte joker cachée dans sa manche : Rayan Cherki. Depuis le début de saison, ce coup de poker est ce qu’on pourrait appeler un code de triche : si vous en servir dans GTA permet de faire apparaître une voiture, un avion ou une arme de guerre, faire entrer Rayan Cherki sur un rectangle vert procure des garanties de réussite similaires. Au stade du Hainaut lundi dernier, il lui a suffi de 45 minutes au poste de numéro 10 pour rayonner et marquer de son empreinte le match. Car si le gamin de 19 ans avait souvent l’habitude d’être critiqué pour de trop nombreux gestes techniques bien souvent inutiles, il semblerait qu’il a gommé ce défaut en devenant désormais ultra-décisif. Face aux Diablotins rouges, il a d’abord délivré une première passe décisive, du droit, en déposant un corner sur la tête de Tanguy Kouassi avant de servir Elye Wahi d’une subtile louche du gauche sur l’égalisation finale (2-2).
Cherkiller
Trois quarts d’heure qui confirment finalement la nouvelle dimension prise par le joyau du 6-9, déjà perceptible depuis le début de saison avec les Gones malgré son faible temps de jeu. En moins de 100 minutes sur les prés, Cherki a déjà distillé trois passes décisives, toutes aussi importantes les unes que les autres. Il a d’abord permis à Dembélé d’égaliser face au mur rémois grâce à un centre parfait (1-1), a délivré un corner sur la patte de Toko Ekambi face à Auxerre (2-1) pour le but du break avant de redonner un espoir, finalement vain, aux Rhodaniens à Monaco en servant une nouvelle fois son coéquipier camerounais (2-1).
Finalement, Cherki fait de ces miettes un festin. Juste et incisif, il se montre sous son meilleur jour en prenant à lui seul les commandes du jeu de l’OL, se présentant ainsi comme un candidat naturel au onze de Peter Bosz. Un contraste saisissant en comparaison des copies livrées en préparation et lors des deux premiers matchs de championnat où il surjouait, était moins altruiste et moins mature. S’il s’est libéré depuis, ce n’est pas sans lien avec une prolongation de contrat qui a traîné avant d’être signée le 20 août dernier. Il est désormais lié à son club formateur jusqu’en 2024, avec une option d’une année supplémentaire obligatoire en fonction du temps de jeu qui lui sera donné cette saison.
Aucun numéro 10 dans ma team
La tête vidée de toute affaire extrasportive, il semble planer un niveau au-dessus des autres à chaque apparition. Capable de passements de jambes, de crochets, d’accélérations, d’éliminations, il étale une grande fantaisie dont la formation de Peter Bosz manque terriblement depuis le départ de Lucas Paquetá. C’est un peu la pièce manquante du puzzle, que son entraîneur n’a toutefois pas encore eu envie d’assembler sur les huit premières journées, au grand dam du feu follet. « Mon heure viendra à un moment, je le sais, je suis patient, même si l’impatience commence à se faire ressentir », livrait-il lundi à l’issue du match des Bleuets. Une erreur de coaching répétée et très visible, qui découle finalement d’un premier échec : le milieu à trois sans numéro 10. Tolisso, Caqueret et Lepenant cochent à peu de choses près les mêmes cases de la liste de tâches défensives et sont aussi muets les uns que les autres quand il s’agit de création et de dépassement de fonction. Un passage en 4-2-3-1 pourrait ainsi atténuer les manques, surtout si Cherki se charge du poste de meneur. Un rôle qu’il réclame après avoir passé la plupart de ses poignées de minutes sur l’aile droite.
« Tout le monde sait que mon poste préféré est numéro 10, a-t-il déclaré lundi dernier. Mais depuis que je suis professionnel, j’ai joué partout ! À gauche, à droite, en numéro 9… Sans jamais me fixer durablement. En meneur, j’ai mes repères depuis que je suis petit, je sais comment me positionner, comment attaquer et comment défendre. » Un message directement envoyé à son coach, qui serait bien inspiré de l’aligner d’entrée de jeu à Bollaert ce dimanche. Et comme ce n’est pas une grande révélation que d’avouer la supériorité du collectif lensois face à celui de l’OL, alors la logique voudrait que Bosz aligne son détonateur d’entrée. Cela afin d’équilibrer les débats et ainsi éviter une quatrième défaite consécutive en Ligue 1. Ce qui serait tout de même un comble pour une équipe qui possède un joker qu’elle n’utilise pas à bon escient.
Par Alexandre Le Bris