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Ray Clemence, disparition d’un héros

Par Maxime Brigand
Ray Clemence, disparition d’un héros

Gardien des premiers titres européens de Liverpool, Ray Clemence, considéré comme l'un des meilleurs gardiens de l'histoire, est décédé dimanche après quinze ans de combat contre un cancer de la prostate. Retour sur la carrière d'une légende.

S’il fallait retenir une scène, une seule, emblématique des pouvoirs de l’araignée en maillot vert à manches longues qu’était Ray Clemence, ce serait celle-ci. Lors de l’été 1967, qui suit une saison compliquée pour son Liverpool (5e du championnat), Bill Shankly discute avec son patron, Sidney Reakes. Le coach des Reds veut relancer une machine légèrement grippée, ouvrir une nouvelle page avec un effectif qu’il connaît sur le bout des doigts et a une cible dans le crâne. « Patron, j’aimerais avoir 18 000 livres pour acheter Ray Clemence, du Scunthorpe Football Club », souffle-t-il alors à son président, qui lui répond : « Ray qui ? » Shankly sait très bien ce qu’il fait et a observé à plusieurs reprises une proie dont le nom lui a été soufflé par son recruteur en chef, Geoff Twentyman. Ray Clemence est alors en troisième division et joue tous les quinze jours au Old Showground de Scunthorpe, où Bill Shankly s’est rendu à huit reprises lors des mois précédents.

Pourquoi ? L’explication est fournie par David Peace dans l’excellent Rouge ou mort : « Huit fois, parce que Bill Shankly voulait voir Ray Clemence arrêter un tir de la main droite. Huit fois, parce que Bill Shankly voulait voir Ray Clemence stopper un tir croisé provenant de la gauche. Huit fois, parce que Bill Shankly voulait voir Ray Clemence stopper un tir croisé provenant de la droite. Huit fois, parce que Bill Shankly voulait voir Ray Clemence sauver un but de la main gauche. Huit fois, parce que Bill Shankly voulait voir Ray Clemence sauver un but de la main droite. Huit fois, parce que Bill Shankly voulait voir Ray Clemence frapper le ballon du pied gauche. Huit fois, parce que Bill Shankly voulait voir Ray Clemence frapper le ballon du pied droit. Huit fois, parce que Ray Clemence était gardien de but. Huit fois, parce que Ray Clemence était gaucher quand il se servait de ses pieds. Huit fois, parce que Bill Shankly voulait s’assurer que Ray Clemence n’était pas gaucher quand il se servait de ses mains. Huit fois, parce que Bill Shankly n’aimait pas les gardiens de but gauchers. Huit fois, parce que Bill Shankly pensait que les gardiens de but gauchers manquaient d’équilibre. Huit fois, jusqu’à ce que Bill Shankly soit certain que Ray Clemence n’était pas gaucher quand il se servait de ses mains. Huit fois, jusqu’à ce que Bill Shankly en soit convaincu. À présent, Bill Shankly en était certain. À présent, Bill Shankly en était convaincu. Ray Clemence était le meilleur gardien de but qu’il eût vu de sa vie. De sa vie. » Et Clemence est devenu l’un des meilleurs gardiens de l’histoire, si ce n’est le meilleur.

Troisième joueur le plus aligné de l’histoire du foot

C’est ainsi : coincé quelque part entre Peter Shilton, Lev Yashin, Pat Jennings et Gordon Banks, il y a Ray Clemence. Un mec qu’il est d’abord possible de dessiner avec un fait : derrière Shilton et Rogério Ceni, aucun joueur n’a disputé plus de matchs professionnels que l’ancien gardien de Liverpool (1104 rencontres jouées entre 1965 et 1988) dans l’histoire du foot. Un type que l’on peut aussi recouvrir à l’aide d’un palmarès immense, fait d’une vingtaine de trophées, remportés entre Liverpool et Tottenham : trois C1, trois C3, cinq championnats d’Angleterre, une Supercoupe d’Europe, deux FA Cup, une League Cup, six Charity Shield… Mais une légende qui était surtout bien plus que des chiffres et des médailles.

Clemence était un style, une tronche des seventies et des eighties en compagnie du duo Dalglish-Keegan, une idole de son époque, un repère d’abord arrivé timidement chez les Reds pour prendre la suite de Tommy Lawrence, puis devenu numéro un en 1970 et qui est finalement reparti de Liverpool quatorze ans après son arrivée à l’issue d’une finale de C1 remportée sous les ordres de Bob Paisley face au Real, à Paris, en 1981. Avant ça, le natif de Skegness, ville où il a un temps géré les transats sur la plage, avait hanté les nuits vertes, malgré deux buts mythiques encaissés de la part d’un Bathenay princier, et porté ses potes face à Gladbach en 1977 avec notamment un arrêt héroïque face à Uli Stielike. Il a ensuite laissé Grobbelaar écrire son histoire et faire le pitre, filant à Tottenham pour s’offrir un nouveau challenge et pour pouvoir disputer le Mondial 1982 avec l’Angleterre. Le sommet d’une vie internationale sans grand pic.

« C’était juste un excellent gardien »

Ray Clemence est décédé dimanche à 72 ans, au bout d’un combat de quinze ans avec un cancer de la prostate. Ce qu’il laisse derrière lui est immense et, s’il restera d’abord comme le gardien des premiers titres européens de l’histoire des Reds, il faut se souvenir de sa capacité à être indestructible sur sa ligne et dans les airs (plus de 300 clean sheets rendues) grâce à sa taille, mais aussi du changement qu’il a apporté pour les joueurs de son espèce : Clemence a été l’un des premiers gardiens-libéros de l’histoire, là où Shilton, son concurrent encombrant de l’époque, a davantage crevé l’écran par son élasticité. Décoré par l’Empire britannique pour sa carrière, désigné à plusieurs reprises dans le onze type du XXe siècle par les supporters de Liverpool et entraîneur des gardiens en sélection de l’été 1996 à l’hiver 2007, Ray Clemence a vu il y a quelques semaines son visage être dessiné sur le mur d’une maison de Wylva Road, tout près d’Anfield, en compagnie de ces mots de Bill Shankly, dont Clemence a porté le cercueil en 1981 : « Ray avait tout. Il était rapide, il ne voulait pas être battu. C’était juste un excellent gardien. » Juste ça, et rien d’autre.

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