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Raul Meireles : une affaire de style
Parler du look de Raul Meireles, c’est se frotter à un paradoxe. Le milieu de terrain de Fenerbahçe a une dégaine de clodo sur les terrains, mais, à l’inverse, adopte un dress code impeccable en dehors. Alors, ça passe ?
Raul Meireles, c’est avant tout une dégaine. Une trentaine de tatouages, une crête iroquoise à longueur variable pour dissimuler une calvitie… Bref, sur un terrain, le mec intrigue. Inexplicablement, lorsqu’on l’aperçoit, deux mots viennent directement à l’esprit : taulard, clochard. Une coupe plus dégueulasse qu’une autre la saison dernière avait même inspiré un qualificatif global, parfait, de l’individu : punk à chiens. Vrai, c’est plutôt bien trouvé. Cela dit, attention aux préjugés. Car une fois le match terminé, Meireles arbore un look qui lui donne une allure différente. Celle d’un homme élégant ou d’une putain de fashion victim. Le bonhomme n’a d’ailleurs jamais caché son goût pour la mode, possède un magasin de prêt-à-porter et pas mal de connaissances dans le milieu. Quelque part entre le trash et la classe, il y a donc Raul Meireles. Un mec qui, semble-t-il, est parvenu à trouver le juste dosage.
Trash-glam’ et grunge-chic
Pouilleux sur les prés, Meireles est donc élégant à la ville. Un homme de son temps, aussi à l’aise dans un jean slim que dans un costard bien cintré. « En dehors du terrain, il est hyper classe. Il est dans tous les codes récents, il a le physique qui s’y prête… On pourra toujours contester tout ce qui est cumul d’accessoires : les tatouages, la crête – et encore, il varie de ce côté-là – mais il a bon goût » , explique Mathieu Le Maux, chef de rubrique sport et news de GQ. Quelqu’un qui a organisé, l’an dernier, le « Ballon d’or du style » en collaboration avec RMC. Un « trophée » remporté par Xabi Alonso, et où le milieu portugais était arrivé 3e. La présence de celui-ci parmi les nommés avait d’ailleurs provoqué la surprise quasi-générale. « Je me souviens que, quand on avait fait ce vote, ça avait étonné la plupart des gens qu’il soit là. Tout le monde connaissait le Meireles du terrain, mais personne ne l’avait vu à la ville, bien fringué. Je me rappelle que ça débattait sur les forums de RMC, beaucoup ignoraient cette facette de Meireles » , poursuit Mathieu. Une facette qui lui confère un style dit « grunge-chic » . Voire « glam’-trash » . Dans tous les cas, comprendre association d’éléments qui ne sont pas faits pour aller ensemble.
Beckham portugais ?
Raul Meireles glamour, vrai qu’on a toujours du mal à le croire. Pourtant, certains ont osé la comparaison avec un certain David Beckham. « Il n’en est pas loin, de Beckham, finalement. Parce que Beckham aussi a les bras bardés de tatouages, lui aussi a eu des iroquoises totales. Mais bon, c’est Beckham, on dit pas « punk à chiens » quoi. Meireles, vu qu’il est moins beau gosse et qu’il incarne moins une figure métrosexuelle, on l’a étiqueté comme ça. Mais si on l’avait connu chic avant, on n’aurait pas dit la même chose » , pointe Mathieu. Un rapprochement avec le Beck, un avis que ne partage pas forcément Ludovic Bonnet, responsable éditorial du webzine masculin.com : « Il faut arrêter de comparer Beckham et Raul Meireles. Les deux styles n’ont pas grand-chose à voir. Au risque de paraître simpliste, Meireles joue nettement plus la carte du bad-boy, du rocker. Mais il sait être chic en dehors. Il correspond à ces hommes qui aiment simplement jouer de leur image, du genre « Regardez, je suis toujours là où on ne m’attend pas » ou « Vous croyez me connaître, mais en fait non ». En grossissant un peu le trait, on pourrait presque pousser la comparaison avec Johnny Depp. » Au final, une éventuelle similitude avec Beckham s’arrêterait à la gueule. Parce que le souci (ou l’avantage) de Meireles, ce qui lui vaut de ne pas être une icône glamour du football, c’est aussi un visage passe-partout, qui a pour conséquence « qu’il ne fait pas de shooting ou de pubs, même s’il y aurait moyen. Et puis, il n’incarne pas non plus le côté glamour du foot à la Beckham ou Cristiano Ronaldo du fait de sa position sur le terrain » , continue Mathieu. Parce qu’il y a la vérité du terrain aussi. Celle qui fait d’un Beckham un type lové, pour ses caresses. Et sans se mentir, les caresses, ce n’est pas du genre de Meireles, récupérateur de l’ombre qui vise davantage le tibia et brutalise la gonfle avec ses pralines.
Punk à chiens, fashion victim classe, glam’-trash… Difficile, donc, de qualifier le look de Meireles. Surtout que le bonhomme aime varier. « On voit que Meireles est un vrai passionné de mode, qui n’hésite pas à tenter tous les looks. Surtout, quand il adopte un style, il le fait à fond, quitte à tomber dans la faute de goût » , explique Ludovic. Un avis cette fois partagé par son homologue de GQ : « En matière de style, il va vraiment au bout du truc. On ne peut pas lui reprocher un côté girouette dans son personnage. On peut aimer ou pas, mais le fait est qu’il va au bout des choses. » Et si Raul Meireles était finalement la rock-star discrète du football moderne ? Oui, répond Ludovic. « Il ose tout et ne laisse pas insensible. C’est peut-être ça, le propre d’une rock-star. »
Par Alexandre Pauwels