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Raúl Jiménez, ma poule !
Arrivé à Wolverhampton sous les doutes l’été dernier, Raúl Jiménez est désormais un type qui compte et qu’on regarde dans les yeux en souriant. Car, avec 15 buts toutes compétitions confondues, l’international mexicain est le meilleur buteur des Wolves, mais aussi le meilleur passeur d’un club enthousiasmant septième de Premier League et qui a l’occasion, dimanche, de toucher à sa première finale de FA Cup depuis 59 ans.
Dans une Premier League imaginée en western, voilà les chasseurs de primes : des types qui courent avec de l’or et du noir sur le dos, du genre à vouloir toucher coûte que coûte le blé à la fin de l’histoire, quitte à s’en mettre plein le short. Attention, ces mecs y mettent la manière et ne sont pas que des hargneux. Wolverhampton, c’est autre chose, l’histoire à part depuis que le conglomérat privé chinois Fosun International a mis la main sur le club et qu’il a laissé le super-agent Jorge Mendes placer ses pions dans le coin. Et alors ? Le foot, parce que c’est avant tout de ça qu’on parle, déployé par la bande de Nuno Espírito Santo, qui restera à jamais le premier client de Mendes, parle autrement qu’avec des chiffres : c’est du spectacle, un ensemble vivant, un cocktail souvent détonnant.
La preuve : après trente-deux journées de championnat, les Wolves pointent à la septième place de Premier League et comptent quelques belles victimes sur leur tableau de chasse (Manchester United, Tottenham ou encore Chelsea). Dimanche, Wolverhampton disputera surtout une demi-finale de FA Cup contre Watford, à Wembley, qui pourrait permettre au club des Midlands de disputer sa première finale dans la compétition soixante ans après son dernier succès. Pas mal, non ?
Don’t stop him now
Oui, pas mal, et voilà une représentation de la chose. Son nom : Raúl Jiménez, 27 ans, débarqué dans la gueule des Loups en juin dernier avec 24 petites titularisations en championnat sur les quatre dernières saisons dans le rétro et arrivé au Molineux avec quelques regards suspicieux à gérer. Alors, le Mexicain n’a pas fait de grandes annonces, s’est d’abord contenté de bosser en silence et a attendu la première journée de championnat pour sortir un premier coup de casque au bout d’un délice de centre de Rúben Neves. C’était face à Everton, c’était le mois d’août, c’était les préliminaires. La suite aura été une montée aux rideaux : en huit mois, celui qui avait passé ses premières années européennes, à Madrid et à Lisbonne, sur une banquette, a répondu en grand et s’est enfin révélé pour de bon. Douze buts en Premier League, trois en FA Cup, toujours à l’heure dans les moments décisifs, plus sept passes décisives, ce qui fait de la gâchette mexicaine le meilleur passeur de la saison des Wolves à égalité avec João Moutinho, le chef de la meute. Simple, comme le dit Nuno Espírito Santo, le gaillard est tout simplement « incapable de s’arrêter » .
Drôle de transformation pour un type au départ prêté par Benfica, où il n’aura jamais vraiment réussi à s’imposer malgré un ratio but par minute jouée plutôt correct (un but inscrit toutes les 146 minutes), et qui a décidé cette semaine de prolonger son aventure en Angleterre. Pour ça, Wolverhampton a dû signer le plus gros chèque de son histoire – soit quelque 30 millions de livres –, mais pouvait-il en être autrement ? Non, et personne ne s’en est caché : Raúl Jiménez devait être sécurisé en vitesse. « Le voir rester est une super nouvelle, s’est alors félicité Nuno Espírito Santo. C’est notre premier élément de pressing, il symbolise le caractère de cette équipe et nous aide à confirmer qu’on n’était pas venus en Premier League pour uniquement se sauver. » Wolverhampton est revenu dans l’élite pour exister et jouer sa chance, ce que son attaquant mexicain raconte à la manière de Roberto Firmino : répétition de courses à haute intensité, repli défensif, appels permanents et finition froide.
Sin Cara, destruction et créativité
Cette saison, Raúl Jiménez est tout simplement le mec qui fait exploser les foules du côté de Wolves, lui qui a réussi à planter à domicile (2-1) comme à l’extérieur (1-1) contre Chelsea, qui aura été décisif à Wembley, là-même où l’attaquant mexicain avait remporté les JO avec son pays en 2012, lors de la démolition de Tottenham (1-3) en décembre, qui a été de tous les coups en FA Cup (Liverpool, Shrewsbury Town, Manchester United…)… L’été dernier, personne n’en attendait autant d’un joueur qui n’avait réussi à gratter que quatre titularisations lors de son passage à l’Atlético, où il était arrivé en juillet 2014 pour remplacer numériquement un Diego Costa parti à Chelsea.
Et pourtant, celui qui est un gros fan de catch, notamment de l’Hispano-Américain Sin Cara, à qui il a dédié quelques-uns de ses buts par le passé en enfilant un masque, a saisi l’opportunité, créant une paire de feu avec Diogo Jota et déployant chaque week-end une créativité rare. S’il est le joueur le plus utilisé des Wolves, Raúl Jiménez en est aussi le membre-clé, ce qui a poussé Nuno Espírito Santo à bousculer son système en décembre. Quand un coach dessine un schéma pour un joueur, cela en dit long. Pour le moment, ce dernier répond avec le sourire et a l’opportunité de s’offrir une fin de saison excitante en cas de qualification pour la finale de la FA Cup. Ensuite, Raúl Jiménez, dont le jeu sans ballon est aussi une merveille, partira sur les routes de la Gold Cup, et ce, avec une nouvelle étiquette sur le front. Oui, ce mec est redevenu un tueur, un vrai.
Par Maxime Brigand