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Rashford Mustang
C’est la next big thing que tout le monde attend du côté d’Old Trafford. Face à Chelsea, Marcus Rashford a laissé une fois de plus entrevoir un immense potentiel, mais ce genre de prestations XXL a été bien trop rare cette saison. Ce soir, il devrait une nouvelle fois laisser l’axe de l’attaque à Zlatan. Un mal pour un bien ?
Il n’a peut-être pas encore compris tous les rudiments du jeu de Mourinho, mais il a bien saisi les enjeux du marketing basé sur la nostalgie et l’authenticité sur lesquels surfe son club depuis bientôt 30 ans. Une carte qui lui permet d’emmagasiner un nombre incroyable de pounds en vendant des mugs George Best, des agendas Cantona ou des écharpes à la gloire des Busby Babes décimés dans la catastrophe aérienne de Munich. Au début du mois, Marcus Rashford publiait sur son Twitter une photo de lui à 11 ans, maillot des Red Devils sur les épaules, avec un petit mot visiblement écrit à la même époque à côté. Il y révèle le métier de ses rêves. « Je veux rendre ma famille fière de moi. Je n’ai qu’un but dans la vie, c’est d’être footballeur professionnel et à Manchester United, j’espère » . Ah, et dernier détail, la photo en question est en noir et blanc, lui donnant un petit côté après-guerre. Pour rappel, Marcus Rashford est né en 1997, année où les photos sur pellicule étaient déjà en fin de vie.
C’est donc ainsi que l’histoire doit s’écrire : l’actuel numéro 19 de l’effectif mancunien doit devenir le symbole du renouveau de Manchester United. Le type à la fois du cru et formé au club, qui empile les buts pendant plus de dix ans à la pointe de l’attaque des diables. En gros, le joueur que ne sera jamais Jesse Lingard, qui présente le même pedigree mais dont l’influence se trouvera toujours limitée par son talent, malgré toute sa bonne volonté et ses buts à Wembley. Rashford a des prises de balle qui ne sont pas celles d’un joueur lambda. C’est un potentiel diamant, mais qu’il faut encore polir. Le club en a besoin, lui qui a une vraie tradition de formation et qui depuis plusieurs années se fait railler pour sa folie dépensière chaque été, pour des résultats jusque-là peu probants. Mais le peut-il ? Face à Chelsea, dimanche dernier, le jeune prodige a laissé entrevoir des bribes de ce à quoi pourrait ressembler le futur. Face aux Blues, la prestation de Rashford, qui a littéralement croqué David Luiz, a entretenu l’espoir d’une fin de tunnel proche pour les fans de MU, eux qui ont eu peu de raisons de s’enthousiasmer sur les deux dernières saisons, notamment à Old Trafford. Mais les circonstances lui étaient favorables : Ibra était sur le banc, et le plan de jeu était parfait pour le joueur de profondeur qu’il est, avec un MU en configuration basse et un jeu direct basé sur des contre-attaques rapides. Ce soir, l’histoire pourrait être tout autre. Déjà, Ibrahimović sera titulaire dans l’axe, ce qui pour l’adolescent anglais est synonyme soit de banc de touche, soit de couloir gauche où il est bien moins efficace, même si Mourinho a loué son état d’esprit. Ensuite, MU devra vraisemblablement faire le jeu face à une défense d’Anderlecht regroupée. Une configuration qui a mis maintes fois en lumière les limites de l’escadron rouge cette saison, en témoigne leur bien pâle bilan à domicile, et qui semble mettre en difficulté le jeune Marcus lorsqu’il ne peut pas user de son atout principal : son démarrage.
Pour autant, à terme, Rashford devra briguer la place d’avant-centre. C’est là tout l’enjeu qui attend ce United au printemps prochain. Un United qui, quoi qu’on en dise, est toujours en reconstruction. Que faire d’Ibra ? Les stats et le niveau de jeu du Suédois cette saison ont rassuré, et devraient légitimement lui permettre de se voir proposer une prolongation. Ses buts ont rapporté des points. Mais son déclin arrivera inexorablement, alors que lui-même, lorsqu’il est aligné, vampirise tout le jeu offensif de son équipe. Dans le même temps, Rashford voit sa progression freinée à force de s’exiler dans le couloir sans avoir les qualités d’un ailier, à part celle de courir extrêmement vite. Évidemment, remercier Zlatan pour services rendus et opter pour la solution Griezmann semble être la meilleure option pour tout le monde. Un attaquant de classe mondiale, capable de jouer seul devant ou juste derrière l’attaquant. Un attaquant que l’on imagine bien être Rashford, qui aura chipé le numéro 9 laissé vacant. Ça risque encore de coûter pas loin de 100 millions. Mais, comme pour Pogba, c’est peut-être le prix à payer pour avoir dans son onze des joueurs formés au club.
Par Marc Hervez