- Cdm2019
- Gr. A
- Nigeria-France
Rasheedat Ajibade, en roulettes libre
Avec trois points, le Nigeria doit impérativement faire un résultat face à l’équipe de France ce lundi (21h) pour espérer voir les huitièmes de finale. Et les Super Falcons pourront compter sur Rasheedat Ajibade. À 19 ans, la milieu offensive championne de freestyle et de roller à ses heures perdues pourrait bien donner du fil à retordre à des Bleues d’ores et déjà qualifiées.
Mercredi dernier, la Norvège a bien fait les choses. Mais seulement à moitié. Bien regroupée en défense, la sélection nordique n’a encaissé que deux buts contre l’équipe de France dont un sur un penalty. Si la seule mission était de mettre en difficulté les Bleues, alors elle est réussie.
Cependant, s’agissant de marquer des buts, les deuxièmes du groupe A ont échoué en manquant totalement d’inspiration dans l’aspect offensif. Ce brin de folie, qui aurait pu faire douter les joueuses de Corinne Diacre, le Nigeria l’a. Et Rasheedat Ajibade en est l’incarnation.
Du patin au crampon
Le Nigeria est bien connu pour fournir des joueurs à la technique alléchante. Ce n’est pas pour rien que l’équipe africaine et sa ville de Lagos sont disponibles dans la version 2005 du jeu FIFA Street. Entre Nwankwo Kanu et Jay-Jay Okocha vient désormais s’ajouter le nom de Rasheedat Ajibade dans la liste des footeux fantaisistes nigérians. La native de Mushan évolue au milieu de terrain dans un poste hybride, entre 8 et 10. Mais il faut dire que c’est le côté créatif du numéro dix qui l’emporte. Loin des grandes courses de transition entre le centre du terrain et la surface adverse, la regista des Super Falcons est une adepte de la passe et de l’ouverture en profondeur. Sans oublier le petit grigri, évidemment. Ce style, elle le doit à ses hobbies que sont le roller et le freestyle. Enfin, hobbies… En vérité, il s’agit de bien plus que de simples occupations. Par le passé, la jeune femme de 19 ans a pratiqué le roller à outrance : « C’était mon hobby numéro un. J’y consacrais beaucoup de temps et avais un très bon niveau. J’ai même été championne de l’état du Lagos, a-t-elle confié dans une interview à la FIFA. Puis le football est entré dans ma vie… Je trouvais ce jeu amusant et fédérateur. La dimension « esprit d’équipe » me manquait un peu au roller. »
⚽️ Teenager Ajibade Rasheedat is one of the best female freestyle footballers in Nigeria. pic.twitter.com/6PGCbngSoJ
— BBC (@BBC) October 25, 2018
À l’âge de dix ans donc, fini la glisse : place au ballon rond. Mais les roulettes sont toujours présentes, cette fois les pieds sur le ballon et au service d’un collectif. La numéro quinze a dû s’adapter aux conditions du football, tout en restant dans une philosophie qui lui est propre : prendre du plaisir. Mais l’appel de l’individuel demeure fort, d’où la pratique du freestyle. C’est en solo, avec un ballon et surtout avec beaucoup de plaisir que Rasheedat Ajibade remporte deux fois (2017, 2018) le tournoi international Feet ‘n’ Tricks qui a pour ambassadeur un certain Nwankwo Kanu. Ce n’est donc pas pour rien que la récente recrue de l’Avaldsnes IL, en Norvège, a pour idole Marta. Seulement, la capitaine de la Seleção n’est pas montée au rang de légende uniquement pour son côté « régaleuse » , mais aussi pour sa capacité à mettre des buts. Beaucoup de buts.
Marquer des buts, une équation divine
D’ailleurs, les Super Falcons auront besoin de marquer contre les Bleues dans ce dernier match de poule. Avec une différence négative (-1), la sélection de Thomas Dennerby est encore loin de pouvoir prétendre faire partie des meilleurs troisièmes de la compétition. Les trois points sont donc impératifs et l’efficacité d’Asisat Oshoala, l’attaquante du Barça, ne devrait pas forcément suffire. C’est pourquoi Rasheedat Ajibade doit sortir du lot, avec l’aide de Dieu pense-t-elle. Fervente croyante, la jeune femme est persuadée que la religion y est pour quelque chose, même quand il s’agit de mettre pion sur pion : « Pour moi, marquer des buts, c’est l’œuvre de Dieu, car parfois, ce n’est pas le meilleur joueur qui est amené à marquer. Ce n’est pas non plus les efforts que tu fais qui te font marquer. L’un pourrait être chanceux d’être toujours en bonne position pour marquer, tandis que d’autres fois, on pourra avoir une occasion nette et la mettre au-dessus de la barre. C’est pourquoi je pense que marquer est quelque chose de divin. Et je remercie Dieu de me mettre en bonne position au bon moment pour marquer et de m’avoir donné la technique pour faire le bon geste » , est-il possible de lire sur Goal.com.
Selon elle, Dieu lui aurait donc déjà permis de rafler plusieurs distinctions individuelles : meilleure buteuse du championnat nigérian en 2017, et trophée de jeune joueuse de l’année en 2018 décerné par la Fédération du Nigeria de football. Des récompenses qui lui ont ouvert la porte des sélections de jeunes du pays, en compagnie de qui elle a disputé quatre Coupe du monde (deux avec les U17, deux avec les U20) avec plusieurs buts au compteur. L’œuvre divine, donc, même si elle peut également se montrer très terre à terre. Son transfert dans un club européen en atteste. Après neuf années passées au FC Robo Queens, l’internationale a jugé bon de passer un cap pour progresser et signer dans un club européen en Norvège au début de cette année : « Je pense que jouer pour Avaldsnes et connaître le style de jeu européen va affiner mes compétences et ma personnalité. Je dois juste y aller, être plus performante et acquérir plus d’expérience que ce que j’ai déjà. » Et quoi de mieux qu’une confrontation face à l’une des meilleures équipes au monde pour constater ses progrès ?
Par Claude-Alain Renaud
Propos de Rasheedat Ajibade recueillis sur FIFA.com, Goal.com, Thisdaylive.com