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Rapport McLaren, des conséquences sur le football russe ?
Depuis une semaine, le rapport McLaren met le monde du sport sens dessus dessous et la Russie au centre d’un des plus grands scandales sportifs de l’histoire. Quelles conséquences pour le football russe ? On fait le point.
Beaucoup de rumeurs, de suspicions, de polémiques, de scénarios fictifs et de mystères entourent le monde du sport russe depuis quelques semaines. Des doutes levés la semaine passée par Richard McLaren, à moins de trois semaines des Jeux olympiques de Rio. Chargé par l’AMA de mener une enquête sur les soupçons de dopage russe pendant les Jeux de Sotchi, le juriste canadien a publié un rapport proche d’un scénario catastrophe. Le dopage érigé en affaire d’état. Et surprise, le football est mentionné dans le rapport. Pas le meilleur coup de pub à deux ans du Mondial organisé sur les terres de Lev Yachine…
Football, 12e sport le plus touché
11 cas avérés de contrôle anti-dopage truqués dans le foot ont été révélés dans le rapport de 90 pages. 11. C’est plus que le judo, le volley, la boxe ou le basket. Car si ce n’est pas de contrôles positifs dont il est question, c’est tout comme. Plus que Sotchi 2014, il est question d’un système de fraude qui a duré quatre ans durant sur le territoire russe, entraînant des dommages collatéraux dans des sports loin d’être hivernaux. Dès qu’un résultat positif embarrassant était trouvé, le Laboratoire anti-dopage, l’état et les services secrets russes faisaient en sorte que l’échantillon disparaisse dans la nature au profit d’un échantillon négatif. Plus de 600 sportifs sont concernés, dont onze footballeurs. Parmi eux, un étranger.
Vitaly Mutko, dopage et 97 petits-déjeuners
Un homme dans le monde du football est dans l’œil du cyclone : Vitaly Leontiyevich Mutko. Déjà accusé de corruption lors des Jeux olympiques de Vancouver, son nom refait surface dans les affaires de dopage. En 2010, il avait été accusé d’avoir eu des frais d’hébergements douze fois supérieurs à la limite fixée pour les officiels russes. En cause notamment, la commande de 97 petits-déjeuners à son nom en … 22 jours. À l’automne, l’Agence Mondiale Anti-Dopage avait annoncé qu’il était impossible que celui qui occupe le poste de ministre des Sports depuis 2008 ne soit pas au courant du dopage dans l’équipe d’athlétisme russe. Six mois plus tard, il est désormais évident qu’il était lui-même impliqué. L’ancien président du Zénith St Petersbourg, aujourd’hui à la tête de la Fédération russe de foot décidait lui-même de couvrir ou non les footballeurs contrôlés positifs. Dans les autres sports, ses adjoints s’en chargeaient. Preuve que le foot lui tient particulièrement à cœur. Pas étonnant donc de le retrouver au poste de Directeur du comité d’organisation du Mondial 2018 ou au sein du Comité exécutif de la FIFA.
Pas de contrôles anti-dopages sur le territoire russe en 2018 ?
Cette année, l’athlétisme russe est privé de championnats du monde en salle et de Jeux olympiques. Une telle sanction n’est pas à l’ordre du jour dans le monde du ballon rond. Le Comité Exécutif de l’AMA a publié sept recommandations. Parmi elles, celle demandant au « Comité d’éthique de la FIFA se pencher sur les allégations concernant le football et le rôle joué par un membre de son Comité exécutif, le ministre Vitaly Mutko. » Les hommes de Gianni Infantino ont pris acte. Une enquête devrait donc être ouverte, même s’ils ont précisé que leur comité d’éthique était « indépendant » et le seul habilité à décider des actions qu’ils allaient entreprendre. Quid de l’UEFA dont le règlement antidopage a été enfreint ? Joint par nos soins, l’instance continentale « n’a pas de position spécifique suite à la publication de ce rapport » , rappelant uniquement sa position contre le dopage. Des sanctions à venir ? Une remise en cause de certaines contrôles lors de compétitions organisés par ses soins en terres russes ? Silence radio. La Russie a déjà perdu l’accréditation de son laboratoire anti-dopage. Problématique à 23 mois de la Coupe du monde. Si la situation persiste, aucun contrôle ne pourra donc être fait sur le territoire russe. Mais une solution existe. Au Brésil, en 2014, la situation était semblable. L’accréditation du laboratoire de Rio était suspendue (moins grave que le retrait russe). La FIFA avait décidé de rapatrier les échantillons en Suisse pour les faire contrôler. Un casse-tête logistique et financier qui ne réduit pas le risque d’intervention extérieure comme c’était le cas dans le pays de Vladimir Poutine. De plus, les produits dopants, dont les traces sont éphémères dans le sang, pourraient passer au travers des mailles du filet. Après les problèmes de corruption, la FIFA va avoir de quoi faire d’ici au 14 juin 2018…
Par Nicolas Kohlhuber