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« Rappelez-vous de ce nom : Wayne Rooney »

Par Romain Duchâteau, avec Paul Piquard
«<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Rappelez-vous de ce nom : Wayne Rooney<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

C'était à l'occasion d'un Everton-Arsenal, en octobre 2002. Une affiche alléchante comme la Premier League en offre à la pelle. Un jour depuis devenu historique puisque c'est là, sur la pelouse de Goodison Park, que l'Angleterre a découvert l'un de ses plus grands talents. Un phénomène qui n'avait même pas dix-sept ans et une gueule déjà marquante. Son nom ? Wayne Rooney.

Pour l’Angleterre, c’était hier. Et sans doute pour l’éternité. Parce que rares sont ceux qui peuvent se targuer d’avoir eu l’apanage d’écrire l’histoire. Ce 19 octobre 2002 devait être une journée classique de Premier League à Goodison Park, mais Wayne Rooney en décida autrement. Ce jour-là, Everton reçoit Arsenal et l’attaquant anglais, numéro 18 dans le dos comme Paul Gascoigne en son temps, visage déjà renfrogné et physique de boxeur sur le banc, regarde comme les supporters les minutes s’égrener une à une. Puis, à dix minutes du terme de la rencontre, alors que le score est de 1-1, David Moyes choisit de faire entrer la promesse des Toffees. Et va, sans le savoir, basculer le cours du match, ainsi que la trajectoire de celui qui est désormais capitaine de Manchester United et de la sélection anglaise.

Les deux équipes se dirigent vers un match nul quand, à la 90e minute, ce dernier soulève 30 000 spectateurs ébahis par ce qu’ils viennent de voir. Sur une chandelle hasardeuse de Thomas Gravesen, il caresse le ballon d’un superbe contrôle aux vingt-cinq mètres et décroche une merveille de frappe enroulée qui touche la barre transversale du moustachu David Seaman avant de rentrer dans le but. Rooney n’a que 16 piges et 360 jours lorsqu’il inscrit son premier but en championnat et devient le plus jeune buteur de l’histoire de la Premier League. « Je suis devenu fou, j’ai couru vers les fans » , racontera-t-il bien des années plus tard dans sa biographie intitulée Wayne Rooney : My decade in Premier League. « C’était exceptionnel, incroyable. Je pouvais voir les visages des supporters et j’ai compris que j’avais fait quelque chose de spécial pour eux » . « Wazza » a fait plus que rendre fiers les supporters, il leur a offert un souvenir impérissable.

114 buts en 29 matchs avec les U10 et U11 d’Everton

Si ce but est ancré dans la mémoire collective, c’est en grande partie dû au contexte qui régnait avant le début du match. Lors de l’ouverture de la 10e journée de Premier League, Arsenal se présente comme un fringant leader dont la dernière défaite remonte à l’exercice précédent (1-3 contre Newcastle, le 18 décembre 2001). Les Gunners restent sur 30 matchs sans défaite en championnat et bombent donc logiquement le torse. De son côté, Everton embrasse une trajectoire totalement antinomique. Arrivé en pompier de service en mars 2002, David Moyes parvient de manière spectaculaire à éviter aux Toffees la relégation au terme de la saison 2001/2002. À l’heure de recevoir les hommes d’Arsène Wenger dans son antre, c’est ainsi une formation au visage fragile et en reconstruction (12e du championnat à 12 longueurs d’Arsenal) qui se dévoile à son public. Mais Pascal Cygan, titulaire ce jour-là, rappelle que le club liverpuldien n’avait rien non plus d’un simple faire-valoir : « À l’époque, c’était difficile de battre Everton. Chaque rencontre n’était jamais évidente face à eux. Leur attaquant principal était Kevin Campbell, Rooney ne faisait, lui, qu’entrer en fin de match » .

Le Royaume tout entier ne connaît pas encore le fan de l’idole Duncan Ferguson, mais son nom commence déjà à être susurré dans les rues de Liverpool. Parce que le gamin qui s’est construit dans le quartier difficile de Croxteth marche sur tout le monde depuis son arrivée à l’académie d’Everton, à l’âge de neuf ans. Avec 114 buts en 29 matchs avec les U10 et U11 d’Everton et 8 pions en 8 rencontres de FA Youth Cup avec les U19 alors qu’il n’a que 15 ans, son talent interpelle déjà. « Le potentiel de Wayne n’était un secret pour personne, martèle d’entrée Clive Tyldesley, commentateur anglais qui couvrait le match entre Everton et Arsenal pour la chaîne de télévision britannique ITV. Il a joué une ou deux fois devant un public nombreux lors du parcours d’Everton jusqu’à la finale de la FA Youth Cup la saison précédente et il se démarquait déjà de tous les autres joueurs dans sa catégorie d’âge. Je me souviens d’un recruteur de Manchester United, Eric Harrison, me disant combien Rooney avait fait mal à la jeune défense mancunienne. Il y avait eu notamment pas mal de bruit concernant ses deux buts inscrits contre Tottenham en demi-finales, au printemps 2002. La finale avait été une grande déception pour Everton, car Aston Villa s’était imposé facilement, mais, même dans la défaite, Wayne avait brillé par son esprit combatif. » Et Moyes, rapidement mis au courant du talent brut de l’Anglais et séduit par ses prestations en période de pré-saison, ne va pas se priver pour le mettre sur le devant de la scène.

« Je me suis mis à côté de Seaman, je me suis dit « Wow, il est énorme » »

Pour le premier frisson en professionnel, il faudra attendre le deuxième tour de la League Cup contre la modeste équipe de Wrexham, le 1er octobre 2002 (0-3). Sur le banc en début de match, l’attaquant anglais entre peu après l’heure de jeu et claque un doublé en six minutes peu avant la fin du temps réglementaire. Comme en Cup, le joyau est utilisé avec parcimonie en championnat par son manager écossais qui lui fait apprendre le métier avec patience. « Nous ne sommes pas pressés, avec lui. C’est super d’avoir un tel gagneur sur le banc que nous pouvons sortir au bon moment. Mais pour l’instant, vu son âge, nous essayons juste d’être sûr qu’il joue la bonne quantité de football » , confiait à l’époque Moyes. Avant la réception d’Arsenal, le Toffee affiche au compteur huit apparitions (347 minutes disputées), dont trois en tant que titulaire. De quoi forcément être impressionné à l’idée d’affronter le champion en titre d’Angleterre. « S’il y a bien une chose dont je me souviens, ce sont les joueurs d’Arsenal prenant place dans le tunnel juste avant la rencontre. J’avais remarqué Sol Campbell, David Seaman et Patrick Vieira, narre encore « Wazza » dans son autobiographie.Thierry Henry et Kanu étaient aussi là. Ils étaient tous gigantesques. Je ne m’étais jamais rendu compte à quel point David Seaman était immense. Je l’avais vu plein de fois à la télé, mais lorsque je me suis mis à côté de lui, je me suis dit « Wow, il est énorme ». »

Suppléant de Kevin Campbell et Tomas Radzinski sur le front de l’attaque, il débute sur le banc. Puis assiste à l’ouverture précoce du score de Fredrik Ljungberg dès la 8e minute. Mais poussés par leur public, les hommes de Moyes réagissent un quart d’heure plus tard par l’intermédiaire de Radzinski (22e). Le tournant du match se produit à la 65e minute quand Wiltord, entré en jeu, voit son tir dévié sur la ligne au terme d’un travail sur le côté droit. La suite appartient à l’histoire et à Wayne Rooney : « Je regardais les quatre défenseurs d’Arsenal depuis le banc, et j’ai remarqué que dès qu’un de nos joueurs arrivait à avoir la balle derrière leur milieu, leurs défenseurs centraux reculaient beaucoup. Je me suis dit : « Si j’arrive à me mettre dans cette position, je tenterai un tir ». (…) À la 90e minute, j’ai inscrit le but vainqueur. La balle arrive devant, et Thomas Gravesen la touche. La balle rebondit vers moi, et je la mets au sol. Soudainement, je me retrouve dans cet espace entre la défense d’Arsenal et le milieu et je tiens ma promesse. Sol Campbell a reculé, je la tente. Je fouette la balle aussi fort que je le peux, en la rabattant vers le premier poteau. Elle quitte mes orteils et file à côté de Seaman qui était debout sur sa ligne, avant de s’écraser sur la barre transversale et de rebondir derrière lui. Il n’aurait rien pu faire pour l’arrêter. J’ai marqué ! »

Une formule pour l’histoire

Un but sublime qui en dit long sur les qualités du bonhomme alors qu’il n’a même pas encore dix-sept ans. « J’aurais pu parler à Sol pour qu’il monte sur lui et que je le couvre. C’est vrai que je n’en garde pas tellement de bons souvenirs (rires), se remémore Cygan. C’était un gamin de seize ans, l’un des plus jeunes joueurs du championnat et il arrive, puis te met un but fantastique qui, en plus, donne la victoire dans les dernières secondes. Forcément, ça a fait du buzz et c’est pour ça que c’est resté durant des semaines dans les journaux. » Sidéré par le talent du joueur, Arsène Wenger lâchera après la rencontre cette déclaration significative : « Depuis mon arrivée en Angleterre, je n’ai jamais vu de joueur de moins de vingt ans aussi doué que lui. Il est plus qu’un buteur. C’est un joueur intelligent, et ce qu’il accomplit est exceptionnel » .

Les louanges pleuvent. L’attaquant d’Everton fait la Une des journaux britanniques qui n’ont plus encensé un joueur de cette manière depuis le « Wonder Boy » , Michael Owen. Mais si l’image est depuis devenue historique, c’est parce que Clive Tyldesley y a grandement contribué. Transporté par le but de « Shrek » , le commentateur anglais énonce sur le coup cette saillie que personne n’a oubliée : « Remember the name, Wayne Rooney ! » Une formule que le bon Clive raconte au détour d’une anecdote amusante. « Je dois avouer que « Remember the name » est une citation directe tirée d’un fan d’Everton que je connaissais depuis de nombreuses années, explique-t-il. Il m’a rejoint à la fin d’un dîner de charité à Liverpool, on a bu ensemble un ou deux verres et il m’a murmuré à l’oreille :« Wayne Rooney, rappelez-vous de ce nom ».C’était un supporter qui regardait beaucoup les matchs des jeunes et il a été la première personne à m’avertir du potentiel de Wayne avant tout le buzz qu’on a connu les mois suivant son but. J’ai revu le même homme à plusieurs reprises depuis, et il me donne toujours un autre nom à retenir, mais aucun d’eux n’a jamais percé. Il m’a même dit une fois que le frère de Wayne, John, allait être meilleur que lui ! J’ai toujours donné du crédit à la phrase de cet homme, mais je dois dire que son taux de réussite est d’environ 1 sur 6. « Jean-Paul Kissock, rappelez-vous de ce nom »,m’a-t-il dit une fois. J’attends toujours ! » Ce chapitre éminemment important dans sa vie, l’actuel Red Devil, lui, le conclura non sans une once de nostalgie : « Lorsque j’étais assis dans le vestiaire, vingt minutes après le coup de sifflet final, je pouvais encore entendre la foule scander mon nom dans les rues à côté de Goodison Park » . Depuis, c’est toute l’Angleterre qui entonne à tue-tête le nom de Wayne Rooney.

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