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Raphaël Varane, investisseur central
Présent à la tour BPCE à Paris pour l’évènement annuel de SporTech, organisation spécialisée dans les start-ups liées au sport et à la technologie, Raphaël Varane fait son trou dans le monde de l’investissement, et prépare son futur après les terrains. Motivations, historique et méthodes d’investissement, le footballeur s’est mué en investisseur et donne des précisions sur sa (future) nouvelle vie.
Que faire après sa carrière de footballeur ? C’est la grande question qui taraude les joueurs au moment de raccrocher les crampons, ou même quelques années avant s’ils sont prévoyants. Après une vie professionnelle faste, nombreux sont les exemples de sportifs ruinés quelques années après leur retraite, alors que faire ? Depuis quelques années, les footballeurs n’hésitent plus à se lancer dans les investissements. En France, Mathieu Flamini en est l’exemple parfait. Ancien milieu de terrain de l’Olympique de Marseille, il fait désormais partie des footballeurs les plus riches du monde, devant les plus grandes superstars du foot. Après une honorable carrière, l’ancien d’Arsenal et du Milan a su se démarquer et est maintenant aux portes du top 400 des plus grandes fortunes de France.
Pour Raphaël Varane, ce n’est que le début du chemin. Alors que l’équipe de France commence ce lundi la première compétition officielle depuis la retraite de son défenseur central, ce dernier a aussi franchi le pas pour s’engager dans le business. Une activité qui a débuté en 2021, quand le champion du monde investit dans Kinvent, une start-up qui développe des capteurs connectés pour aider à la rééducation chez le kinésithérapeute. Après avoir rencontré le fondateur, il est séduit, essaye lui-même les produits développés par l’entreprise, bingo. De son aveu, il utilise toujours ces produits pour son usage personnel, et professionnel, il est séduit au point de se lancer dans l’aventure.
Société non anonyme
Depuis, l’ancien défenseur international français multiplie les placements. Une envie qui est née très tôt chez lui : « À 23 ans, j’ai décidé de prendre en main ma carrière. Le sportif de haut niveau, c’est comme une petite entreprise, il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte, et je voulais le faire à ma façon. J’ai fait un reset total de mes relations professionnelles, j’ai monté une équipe autour de moi et j’ai fini par faire la même chose aussi pour mon patrimoine », disait-il mardi dernier, en préambule de son intervention à SportTech.
Depuis son premier investissement, il a découvert un nouveau monde en parallèle de sa carrière de footballeur. Cependant, hors de question de considérer ces placements comme unique moyen de faire fructifier son patrimoine gagné sur les terrains. Le mot d’ordre de Raphaël Varane, c’est l’humain. L’héritage d’une enfance passée dans le nord de la France, dans la banlieue de Lens, une éducation qui l’a suivi durant toute sa carrière. « C’est aussi quelque chose de très humain. Ce n’est pas une nécessité pour un sportif de haut niveau, c’est plus donner du sens à ses finances, réussir à redonner un peu à la société, à développer des secteurs qui nous sont chers. Il y a ce côté philanthrope dans les investissements pour moi », nous glissait-il.
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Les investissements servent donc de passerelle pour Raphaël Varane. Une occasion d’utiliser son patrimoine pour améliorer la société qui l’entoure, tout en pouvant gagner plus d’argent si cela fonctionne. Pour appuyer cela, le défenseur s’appuie sur ses associations et toutes les actions qu’il met en œuvre à travers celles-ci. Dans le domaine de la santé, du sport, mais surtout de l’éducation, il ne veut rien laisser au hasard : « J’essaie à travers mes investissements de créer des passerelles pour financer des stages éducatifs, sportifs, c’est un vrai engagement personnel. »
Un autre sport d’équipe
Mais alors, comment cela fonctionne-t-il ? Comment Raphaël Varane choisit ses investissements, ses partenaires, pour ne pas se tromper ? Pour lui, tout n’est pas question d’opportunité ou de profit, mais d’envie : « Tout d’abord, je choisis des domaines qui me plaisent, qui me parlent, à propos desquels je parle avec passion, et ensuite on évalue le marché, les connexions qui sont faites avec le fond, j’ai une équipe qui gère la partie finance, chiffres, pour voir le sérieux du projet, et ensuite c’est une question de feeling, de ressenti. » Tout sourire sur l’estrade de l’auditorium de la tour BPCE, il embrasse et enlace chaleureusement Athanase Kollias, fondateur de Kinvent, son premier investissement. Après toutes ces années, il entretient toujours des relations étroites avec ses partenaires, qui deviennent des amis selon ses dires.
Dans un monde toujours aussi incertain, les joueurs sont beaucoup plus conseillés qu’avant, et cela passe aussi par la gestion de leur patrimoine. Pour Raphaël Varane, c’est aussi le cas. « C’est le monde de demain. Aujourd’hui, la jeune génération a besoin de donner un sens à ses finances, au-delà du côté sécurité. » Des conseillers pour guider les footballeurs dans le monde de l’investissement, mais de son aveu, les discussions entre sportifs l’ont aussi aidé à se lancer dans cette nouvelle vie : « J’ai échangé avec Blaise Matuidi, avec Tony Parker et avec d’autres, on est attirés par la même chose, donc on se comprend très bien. On a envie d’avoir un impact sur le monde. »
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Adulés par une partie de la population, les joueurs de football ne sont plus uniquement des sportifs. Les jeunes se reconnaissent en eux, ils portent des valeurs et ont une influence sur la société d’aujourd’hui. Les différents appels au vote des joueurs de l’équipe de France de football pour les prochaines législatives en sont le parfait exemple. Cette influence passe par les investissements pour Varane, mais pourrait-il directement investir dans le monde du sport, comme a pu le faire Tony Parker justement, avec l’ASVEL en basket ? « Bien sûr, ça fait partie des idées que j’ai, des projets que j’ai envie de mener, mais je prends le temps d’apprendre, je ne veux pas me précipiter. » Après tout, à 31 ans, Xavier Niel n’avait pas encore créé Free quand Elon Musk venait tout juste de fonder SpaceX.
Par Maxime Verhille, à Paris
Tous propos recueillis par Maxime Verhille
Crédits photo : Benjamin Amar pour la SporTech