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Ranocchia, la carrière d’en bas

Par Florian Cadu
4 minutes
Ranocchia, la carrière d’en bas

Promis à un avenir exceptionnel il y a quelques années, Andrea Ranocchia n’a finalement jamais répondu aux promesses que son talent naturel avait créées. Actuellement prêté à Hull City par l’Inter, le défenseur central n’aura certainement plus sa chance au sommet du football européen.

Dans le football, il faut parfois savoir mettre son orgueil de côté pour réussir à rebondir. Dans le cas contraire, le risque de s’enfermer et de voir son avenir s’éteindre lentement, mais sûrement est immense. Malgré toutes les déconvenues qu’il a pu subir, Andrea Ranocchia l’a compris. Alors, quand il a observé que son niveau était bien insuffisant pour espérer quelque chose dans un club comme l’Inter, et que son profil n’était sans doute pas (ou plus) fait pour la Serie A, l’Italien a accepté de migrer en Angleterre. À Hull City. Une équipe qui se bat chaque année pour le maintien ou la montée en Premier League.

Quelques mois après ce transfert, force est de constater que ce prêt est une réussite. Avec douze matchs de championnat dont onze titularisations (agrémentés de deux passes décisives, et deux buts en prime au mois de mars), le défenseur central offre quelques garanties à une arrière-garde qui en a bien besoin (deuxième plus mauvaise défense du royaume). Solide dans les duels aériens, efficace dans le placement et pertinent dans l’anticipation, le nouveau venu rend des copies plus que correctes. À tel point que l’union entre les deux parties pourraient passer du Pacs au mariage l’été prochain, le joueur ne s’y refusant pas et Hull y songeant sérieusement.

L’ex-futur Nesta

L’Inter, elle, ne devrait pas trop faire de chichi. Car c’est peu de le dire : chez les Nerazzurri, où il a signé en 2011 et où il fut même nommé capitaine après la retraite de Javier Zanetti, Ranocchia n’a franchement pas épaté la galerie. Ou seulement pour ses bourdes. « À l’Inter, j’ai connu des moments difficiles » , a-t-il d’ailleurs récemment admis à Radio 24. Pourtant, les choses étaient destinées à se passer bien différemment. Outre un mémorable sauvetage contre le Bayern Munich en Ligue des champions, le bonhomme de 195 centimètres débarque en provenance du Genoa accompagné d’une grosse confiance et de l’étiquette du futur grand défenseur du pays. Le monsieur a en effet impressionné à Bari, où il est prêté entre 2008 et 2010 et où il remporte notamment la Serie B sous les ordres d’Antonio Conte.

« De retour en Serie A, avec Giampiero Ventura comme coach, il jouait dans l’axe avec Leonardo Bonucci. Et pour moi, il avait beaucoup plus de potentiel, se souvient Pedro Kamata, ancien coéquipier du joueur durant deux ans chez les Galletti. Il était plus élégant, il voyait tout, il était vraiment beau à regarder jouer. Quand Bonucci était dans le physique et l’interception, lui était vraiment dans l’anticipation. Et s’il avait fallu mettre une pièce entre les deux, tout le monde l’aurait placée sur Ranocchia. » Oui, mais voilà : aujourd’hui, l’un fait partie des meilleurs arrières centraux du monde pendant que l’autre n’a cessé de gâcher ses années entre des prestations bidons à Milan et un prêt pas convaincant à la Sampdoria. « C’est vrai qu’il a connu une carrière hyper décevante. Qu’est-ce que c’est dommage…, regrette Pedro Kamata. Je pensais vraiment qu’il arriverait au top niveau. Celui d’un Alessandro Nesta, hein. Il avait tout : le style, la vitesse, une lecture du jeu folle… Finalement, il a manqué de continuité partout où il a évolué après Bari. »

On a tous le choix d’aimer sa carrière ou pas

Dès lors, comment expliquer qu’une telle pépite se batte maintenant pour une survie dans l’élite anglaise alors qu’il devrait être le patron d’une teamcapable de gagner la C1 ? Que s’est-il passé pour que qu’il ressemble davantage à un Philippe Christanval qu’à un Nesta ? Pourquoi ne compte-t-il que quinze capes après six ans de présence en sélection ? L’a-t-on vu trop beau ? Était-il en surrégime ? S’est-il laissé aller ? Peut-être. Reste que pour Pedro Kamata, la justification est ailleurs : « Je ne crois pas que ce soit une question de talent ou de travail. Parce qu’il était plutôt du genre sérieux. Plus simplement, je pense qu’il a fait des mauvais choix de carrière. Il a signé à l’Inter lors de la période post-Mourinho : les entraîneurs passaient, les résultats n’étaient pas là… Les conditions n’étaient pas réunies pour qu’il s’adapte bien. Si on veut comparer encore une fois, Bonucci a signé pour la Juve à peu près à la même époque, quand les Turinois s’apprêtaient à entamer un nouveau cycle avec Antonio Conte. » Six ans plus tard, ce dernier compte quasiment six titres de champion d’Italie et se bat pour ramener une étoile européenne. Quant à Ranocchia, il a, en tout et pour tout, remporté une Coupe d’Italie. Mais à 29 ans, il sait maintenant quels objectifs il doit viser. Et tant pis s’ils sont modestes.

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Par Florian Cadu

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