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Randal Kolo Muani, pari 2024
Le constat est clair : Randal Kolo Muani a raté son premier trimestre au Paris Saint-Germain. Mais il serait sage d'attendre encore un peu avant de l'enterrer.
Deux fois, ce mercredi, Kylian Mbappé a lancé Randal Kolo Muani dans la profondeur, sur ce qui ressemblait à des passes décisives. Les deux fois, la même histoire : un appel parfait et une accélération démente pour fausser compagnie à son défenseur, une montée d’adrénaline chez tous les supporters parisiens, puis un mauvais choix face à Gregor Kobel et une occasion avortée. On ne pourra pas faire meilleur résumé de la soirée qu’a passée le natif de Bondy – le vrai – au Westfalenstadion lors de cette 6e journée de Ligue des champions, cruciale s’il en est. Même en mettant toute sa bonne volonté, l’attaquant n’a quasiment rien réussi, et c’est malheureusement loin d’être son premier non-match de la saison. De toute évidence, Randal Kolo Muani n’est plus le même, sous le maillot francilien.
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Le schéma de ses (quelques) réalisations au PSG, des buts tout faits inscrits en renard, souvent dans les six mètres et souvent sur des seconds ballons, démontre certes un flair en développement, mais tranche surtout avec les qualités de vitesse, dribble, percussion, enchaînement et attaque de la profondeur qu’il avait montrées à Nantes ou à Francfort. À l’image, finalement, de son banger inscrit au stade Agiá Sofiá le 21 novembre dernier avec les Bleus en Grèce. Un autre fait notable : lui qui donnait quasiment autant de buts qu’il n’en marquait, auparavant, a délivré seulement deux offrandes depuis début septembre. Autrement dit, le vrai Randal Kolo Muani est resté bloqué quelque part à la frontière allemande et n’a pas encore débarqué dans la ville lumière. Même s’il avait découvert le très – très – haut niveau entre novembre et décembre 2022, Kolo Muani a de nouveau atterri, cet été, dans une dimension qu’il ne connaissait pas. Et la fraîcheur mêlée d’insouciance qu’il avait apportée dans le groupe France à ses débuts ne fait plus effet dans le club de la capitale.
L'énorme frappe en angle fermé de Randal Kolo Muani lors du match nul face à la Grèce (2-2) !⚽🔥 pic.twitter.com/5I0nQWjyyj
— Equipe de France ⭐⭐ (@equipedefrance) November 23, 2023
Des pieds d’or dans des sandales
Aujourd’hui, il est ce joueur qu’on fracasse presque à chaque apparition – y compris dans ces colonnes – et dont Twitter développe actuellement un répertoire de surnoms tous plus alambiqués les uns que les autres (« Sandales couleur vanille », « Randal Florent Pagny », « Gandalf Frodo Gimli », « Laval Sochaux Annecy »…). Scoop : bien que pesant aujourd’hui 90 briques, l’ancien Nantais ne sera jamais Kylian Mbappé. Et, quitte à relativiser, faisons-le jusqu’au bout. En examinant la progression des autres renforts offensifs parisiens, par exemple : Bradley Barcola vient à peine de décoller ; Ousmane Dembélé a également attendu fin novembre pour réellement rappeler pourquoi Paris était venu le chercher ; Gonçalo Ramos réalise de bonnes entrées en milieu de partie, mais tremble des genoux lorsque Luis Enrique couche son nom dans le onze de départ ; Marco Asensio est encore en phase de découverte de son nouveau club. Avec un peu de mauvaise foi, on serait presque tenté de dire que le joueur de 25 ans est encore dans le coup. Et le temps transforme parfois des erreurs de casting en bonne pioche, à Paris.
C’est aussi entre les mains d’Enrique, lequel semble pour le moment incapable d’utiliser son dragster de service à bon escient. On ne va pas toujours rabâcher la même histoire, mais Kolo Muani revient de loin, et il en a vu d’autres. Après tout, on n’est pas à l’abri d’un déclic début 2024 (au hasard : une entrée clutch en huitièmes de C1 ?), et du début d’une belle aventure. S’il a perdu son mojo depuis de longs mois maintenant, ses jambes de feu sont toujours là, et sa complémentarité avec Kyks peut ressurgir à n’importe quel moment, à l’image des quelques éclairs de mercredi. RKM l’a prouvé : il a trop de talent pour devenir un one-hit wonder. 2022 était son année. En 2023, il sera tombé de son nuage. Voilà 2024 qui arrive. Et s’il attendait simplement les années paires, histoire de tout casser avec les Bleus ? Une chose est sûre : quand Didier Deschamps aura besoin de faire entrer quelqu’un à la 41e en finale de l’Euro, le 14 juillet, il faudra être prêt.
Par Jérémie Baron, optimiste