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Randal Kolo Muani : « Retourner jouer au city, c’était plus fort que moi »

Propos recueillis par Diren Fesli et Jérémie Baron, à La Chapelle-sur-Erdre

Révélation de l'exercice 2020-2021 au sein d'un FC Nantes qui a mis du temps à croire en son potentiel, la comète Randal Kolo Muani n'a pas bougé malgré un mercato agité et confirme cette saison que le futur s'écrira avec lui. À la sortie du déjeuner collectif, l'attaquant s'est posé durant une heure à la Jonelière. Le temps d'enlever sa carapace et de brasser tous les sujets : son cocon de Villepinte, son éclosion tardive, son jeu, les JO, son avenir qui devrait s'écrire loin de la Loire-Atlantique... Et même Nwankwo Kanu ou Filip Djordjevic.

Randal Kolo Muani : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Retourner jouer au city, c&rsquo;était plus fort que moi<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Face à Bordeaux(1), tu as manqué un face-à-face avec Benoît Costil puis offert un but à Pedro Chirivella en laissant passer le ballon. Tu prends autant de plaisir à faire marquer qu’à planter toi-même ? Ces derniers temps, j’ai du mal à marquer, à trouver le chemin des filets. Mais tant que j’arrive à faire marquer mes partenaires, je suis content.

Tu n’es pas focalisé sur tes stats, dans un monde obnubilé par ça et après ce qu’avait pu dire ton président l’an passé(2) ? Pas forcément. Je dois devenir comme ça, car je suis attaquant et c’est un peu mon métier, mais je ne vois pas le foot comme ça. Si on gagne et que je fais de bonnes prestations, c’est la même chose pour moi.

Selon ton frère Kévin, une fois arrivé devant le but, tu te poses trop de questions.C’est vrai que quand je suis face au but, j’ai des hésitations. Je peux hésiter entre deux solutions et tirer quand c’est trop tard. Je m’entraîne à côté, je ne me prends pas la tête sur ça. En première intention, quand ça me vient, j’arrive à les mettre au fond.

Antoine Kombouaré t’utilise plus souvent en pointe, alors que tu évoluais plutôt à droite à Boulogne-sur-Mer. Quel poste te fait le plus kiffer ?Ça m’arrive encore de jouer à droite, comme à Bordeaux en deuxième période. Sur le côté, il y a du un-contre-un, j’ai plus le ballon, j’arrive à percuter, je me fais plaisir. Tu prends plus de plaisir quand tu es à droite que quand tu es devant. En pointe, tu as les défenseurs sur le dos.

Tu te considères comme un finisseur ?Non, plus un neuf et demi qui tourne autour, qui participe au jeu.

On a l’impression que vous parlez le même football, avec Moses Simon et Ludovic Blas. Oui, même avec Pedro Chirivella et Wylan Cyprien. J’arrive à décrocher, jouer avec eux, on s’entend très bien même aux entraînements. Avec ces quatre-là, on aime bien jouer dans le petit périmètre, on arrive à se trouver facilement à l’entraînement, donc on essaie de reproduire ça en match. J’avais match à 14 heures, je rentrais et j’allais au city direct, à une minute de chez moi, je partais avec mon ensemble. Je ne jouais qu’au foot. Vous vous entendez bien, en dehors des terrains ?On s’entend très bien, on rigole beaucoup tous ensemble, on peut même dire que c’est une équipe de frères. La saison 2020-2021 nous a beaucoup soudés, et on entame bien la suivante.

Ton but à Angers, lors duquel tu couches deux défenseurs, laisse apparaître une belle aisance face au but.J’ai des moments comme ça, tu te sens obligé de dribbler et de ne pas tirer en première intention. J’ai pris mon temps, et ça a réussi.

Thierry Henry t’a comparé à Nwankwo Kanu, tu étais trop jeune pour l’avoir connu à l’époque. Tu as vu des vidéos de lui, depuis ?J’ai regardé directement ! J’étais très content, j’ai montré ça à mon frère. C’était un joueur très à l’aise techniquement, je vais essayer de m’en inspirer.

Qu’est-ce qui a changé, pour que l’équipe tourne aussi bien aujourd’hui ?On a eu beaucoup de changements d’entraîneur, donc de changements de formation et de tactique. Avec Antoine Kombouaré, ça a changé : on a essayé de garder la même configuration, on arrive à bien s’entendre et on ne veut pas vivre la même saison que l’an dernier. Antoine Kombouaré est très rigoureux, notamment sur nos postes : on sait ce qu’on a à faire sur le terrain, on ne lâche pas. C’est un coach un peu strict, un peu à la Vahid (Halilhodžić). Il sait ce qu’il veut, c’est une méthode qui marche. Sur le plan personnel, il m’a toujours mis en confiance.

Il paraît qu’en jeunes, tu étais capable de briller pendant dix minutes puis de disparaître pendant 60 minutes. Tu avais des doutes sur ton avenir dans le football, dans ce contexte d’irrégularité ?Pas forcément. J’étais naïf, flemmard, je prenais juste du plaisir, je prenais le ballon, je dribblais, puis on ne me voyait plus. La prise de conscience, je l’ai eue un peu plus tard.

La première chose dont se souvient Nelson Araujo (coéquipier en jeunes, NDLR) te concernant, c’est que tu lui aurais dit un jour devant la Beaujoire : « Que ce soit avec Nantes ou pas, je jouerai sur cette pelouse un jour. » Tu t’en rappelles ? J’avais 18 ans, je m’en souviens très bien. Dans le foot, il faut avoir confiance en soi. Mais le moment où je me suis dit « Je suis prêt », c’est quand je suis allé à Boulogne. J’ai pris conscience des choses, j’ai saisi l’opportunité qu’on m’a donnée.

À Villepinte, tu as baigné dans un environnement très foot ?Depuis tout petit. J’avais match à 14 heures, je rentrais et j’allais au city direct, à une minute de chez moi, je partais avec mon ensemble. Je ne jouais qu’au foot.

Au city, il y a toutes les tranches d’âge, du monde qui regarde, tu as une certaine pression, tu es dans la cour des grands. Ça t’a aidé ?Techniquement, tu es à l’aise, tu tentes tout ce qui te passe par la tête, ça m’a beaucoup aidé techniquement. J’étais petit, frêle et je tentais des gestes que je ne pouvais pas tenter sur un grand terrain. Il n’y a pas de pression, c’est vraiment du plaisir.

Ta vivacité qu’on voit aujourd’hui, elle est née au city ?Non, je pense que je l’avais déjà.

Elle ressemblait à quoi, ta jeunesse ?Moi, ce n’était que foot. L’école… J’y allais, mais je ne parlais pas en classe. J’étais dans mon coin, j’attendais que ça se finisse. Mon père me le rappelait : « Il y a l’école. » D’ailleurs, quand je faisais des tests, ils demandaient les bulletins : le terrain ça allait, mais le bulletin ça n’allait pas. On a tous une tête, deux bras, deux jambes, je ne suis personne. Tu peux me croiser dans la rue, à Carrefour en train de faire mes courses. On dit que le bling-bling ne t’intéresse pas du tout. Ça ne fait pas tourner la tête, de se faire un nom ?Je reste toujours la même personne, on a tous une tête, deux bras, deux jambes, je ne suis personne. Tu peux me croiser dans la rue, à Carrefour en train de faire mes courses. Je suis comme tout le monde.

On se souvient de ton gros match au Parc, la saison passée. Quand tu étais petit, tu y allais ? J’y suis allé une ou deux fois. J’avais fait le challenge Orange, où tu devais marquer. C’était kiffant ! J’avais marqué, j’étais avec Torcy. La saison dernière, c’est dommage qu’il n’y avait pas de public, c’était le seul problème. C’était une belle émotion.

À quel âge as-tu compris que ta vitesse pouvait être un atout ?Pour te dire, je n’ai pas encore conscience de ma vitesse. Je ne joue pas à 100% dessus. On me le rappelle : ma famille, mes potes me disent « Tu cours trop vite », mais je n’y crois pas à 100%. Je sais que je pourrais aller encore plus vite, j’essaie de me dépasser.

Tu marquais beaucoup, en jeunes ?Quand j’étais tout petit, oui. Mais quand j’ai grandi, je ne marquais pas beaucoup. Quand on est passé sur grand terrain, dès U14, j’étais plutôt ailier droit, je provoquais plus. En revanche, au city, je marquais. On me donnait tous les ballons.

Il existe encore, ce city ? Tu y retournes parfois ?Là, ils l’ont détruit pour en reconstruire un nouveau. Même quand j’étais en U19 ou en CFA, à Nantes, j’y retournais. Mon frère me disait : « Arrête de jouer, tu vas te blesser. » Mais j’y retournais, c’était plus fort que moi. Ça n’est qu’à Boulogne que j’ai arrêté d’aller au city.

Tu rentres très souvent à Villepinte. Ça représente quoi pour toi ?Tout. C’est là où j’ai grandi, où j’ai mes potes et mes repères. C’est là-bas que je me ressource.

Tu contribues à la vie de quartier ?Je suis parrain de l’association d’un grand de mon quartier, DLM (pour « Dans la maison » ). Ils aident la ville, ils proposent des activités aux jeunes… Quand je rentre, ça m’arrive de ramener des maillots, leur faire un coucou, passer un peu de temps avec les jeunes.

Pendant ton adolescence, tu as été touché par une maladie au niveau du genou (Osgood-Schlatter). Est-ce que tu as pensé que le foot était fini pour toi ?Non, mon frère me disait que plein de personnes l’avaient, quand tu grandissais d’un coup. Je n’ai pas paniqué. J’avais une douleur inexplicable. Dès que je courais, j’avais mal. En plus, on jouait sur des synthétiques. C’était une saison noire en U15, j’étais en équipe B.

Avec un meilleur dossier scolaire, tu penses que tu aurais intégré un centre de formation plus tôt ?Oui, largement. Je ne vais pas dire que je regrette, mais je l’ai en travers de la gorge : on ne me prenait pas par rapport à mon bulletin.

Quand tu jouais en B à Torcy en U15 et que tu trainais tes problèmes de genou, comment ça se passait psychologiquement pour l’adolescent qui rêvait de devenir footballeur ?C’est très difficile. Tu vois tes copains en A… Je me disais qu’ils étaient plus forts que moi, j’admets. J’ai bossé de mon côté, je me suis guéri l’année d’après et j’ai commencé à faire une bonne saison en U16. Mon père m’a toujours dit que si tu n’arrives pas quelque chose, si on ne te prend pas, c’est qu’il y a une raison : tu fais peut-être mal les choses.

Après Torcy, tu as passé deux essais du côté de l’Italie à Cremonese et Vicenza.Je sortais de U17 Nat’, la saison allait finir et un club en Serie C, Cremonese, m’a appelé. On y est allés avec un pote à moi, mon frère était là aussi. Ça s’est bien passé, ils nous voulaient. Mais franchement, je n’ai pas trop kiffé. J’ai dit non, et un autre club est arrivé à la fin de la saison, Vincenza. J’ai fait la prépa avec eux. J’ai fait un mois, je faisais des matchs, je m’entraînais, mais rien n’avançait. Si on m’avait dit oui, j’aurais foncé tête baissée. Mon père ne voulait pas, il n’était pas chaud. Pour moi, c’était la dernière chance. Finalement, mon père m’a dit de rentrer, et là, j’ai vu tous mes rêves tomber.

Ça ne te faisait pas peur, l’Italie ?Pour le foot, j’étais prêt à aller jusqu’en Australie ! J’étais déterminé. Quand mon père m’a dit de rentrer en France, j’ai carrément pleuré. Ça n’est pas que je me sentais pas bien, mais c’était dur : la langue, je n’avais pas d’ami, j’étais loin de ma famille, j’avais seize ans… Mon père m’a appelé, et il m’a dit : « Demain, tu rentres, je te prends un billet, tu auras d’autres opportunités. »

Parmi ces opportunités, il y a Neuilly-sur-Marne.C’est l’agent que j’ai rencontré après ça qui m’a dit de m’entraîner à Neuilly-sur-Marne, parce qu’un entraîneur de Rennes devait venir me voir. J’ai fait les tests à Rennes pendant une semaine, ils m’ont dit de revenir, j’ai refait une semaine. À la fin, ils m’ont expliqué qu’ils avaient trop de profils similaires. Là, j’ai voulu baisser les bras, ça m’a tué. Mais mon frère m’a dit : « Ne lâche pas, tu vas à Nantes lundi. »

Que représentait le FC Nantes avant que tu y arrives, tu en connaissais quoi ?Je voyais des matchs de Nantes, on connaît tous Nantes. Le jeu à la nantaise, je connaissais déjà ça. Je voyais aussi des buts de Djordjevic. Sur des centres, il mettait des reprises… Il allumait, il ne rigolait pas, ça m’avait marqué. Ce n’est pas mon style, j’étais plus dans le dribble à la Neymar, mais il était fort. Nantes m’a ouvert les portes, ils m’ont tout donné.

Il y a d’autres centres de formation qui se sont manifestés, à l’époque ?Il y avait Guingamp, mais c’était pareil, ils avaient des profils similaires. Mais si j’en avais eu d’autres, j’aurais choisi Nantes. J’ai foncé tête baissée, c’était le paradis… et ma dernière chance. Je me suis directement excusé, je lui ai même envoyé un message après l’avoir trouvé sur Instagram au cas où il pensait que je l’avais fait exprès. Tu as mis du temps à te sentir chez toi, toi qui n’avais jamais connu de centre de formation ?Je suis arrivé ici en novembre, j’ai signé sept mois jusqu’à la fin de saison et ça a été sept mois d’adaptation. J’avais un peu de mal, j’essayais de jouer, mais eux étaient déjà bridés. Le temps que je m’adapte à la ville, aux cours avant et après l’entraînement… C’était un peu compliqué. Avant, j’avais entraînement trois fois par semaine. Ici, tous les jours. Je n’étais pas prêt.

Tu as ensuite été prêté à l’US Boulogne, alors en National. Ça fait quoi de se retrouver à Boulogne-sur-Mer à 20 ans, quand on n’a connu que Nantes ou la région parisienne ?C’était un peu compliqué, car il fallait s’adapter à la ville, aux conditions météo, aux installations qui n’étaient pas les mêmes qu’ici. C’était un mal pour un bien, donc je me disais qu’il fallait y aller. Boulogne, c’est bien, c’est un autre climat. Mon père m’a dit : « Tu es dans une ville de merde, c’est bien car tu ne bougeras plus. » À Nantes, j’aimais bien sortir, aller avec mes potes… J’étais tête en l’air, je ne pensais pas assez au foot. Boulogne, ça m’a remis dans le droit chemin : foot-maison, maison-foot. J’ai gardé cette habitude-là.

Tes débuts à l’US Boulogne ont été marqués par deux cartons rouges et huit matchs de suspension, tu as mis du temps à te faire à ce championnat ?C’est un championnat dans lequel il y a beaucoup de contacts. Et je suis très nerveux sur un terrain, uniquement sur le terrain. Si on me cherche, je m’énerve. J’ai vrillé. C’est un comportement que je ne devais pas avoir, mais je l’ai fait et ça a peut-être été le déclic de ma carrière. Ça n’était pas une histoire de mots, mais de fautes non sifflées. J’ai essayé de réagir, et ça m’a porté préjudice.

Tu as également été exclu pendant les JO face au Japon, c’était aussi un problème de nervosité ? Non, là, j’essayais de récupérer le ballon, mais il a été plus rapide que moi. Je me suis directement excusé, je lui ai même envoyé un message en anglais après l’avoir trouvé sur Instagram au cas où il pensait que je l’avais fait exprès.

Ton père faisait vraiment tout le temps le trajet Villepinte-Boulogne pour venir te voir jouer ?Tout le temps, avec mon frère. Même à Nantes ! Il vient, il squatte chez moi, il fait des semaines, et quand on joue à l’extérieur, il part.

Ça t’aide, que ta famille soit autant derrière toi ?C’est une force, j’ai vraiment grandi là-dedans. Mon père vient à tous mes matchs depuis tout petit. Je suis revenu à Nantes pour tout détruire, pour leur montrer que j’étais là pour jouer avec l’équipe première. Sinon, je partais. Au moment de ton retour de Boulogne, il y avait encore des doutes à ton sujet à Nantes. Tu étais dans quel état d’esprit ?Quand je suis revenu, j’étais dans un esprit revanchard. J’avais bien fini (à Boulogne-sur-Mer), j’étais revenu pour tout détruire. Pour leur montrer qu’ils se trompaient, que je n’étais pas là pour compter les moutons ou jouer en CFA, que j’étais là pour jouer avec l’équipe première. Sinon, je partais.

Comment expliques-tu que tu aies mis autant de temps à franchir la marche qui te séparait de la Ligue 1 ?J’étais nonchalant, on disait que je m’en foutais un peu, c’est ce qui m’a porté préjudice. J’ai mis du temps à le comprendre, pour moi je n’étais pas nonchalant, j’ai toujours été comme ça. J’ai essayé de faire un travail sur moi-même.

Pour certains, c’est ta nonchalance qui fait ta force. Tu es d’accord avec ça ?C’est le fait de prendre du plaisir sur le terrain. Je suis comme au city, le foot est un jeu ! On doit être concentré, parce qu’il y a des enjeux énormes. Mais quand je vais sur le terrain, c’est pour prendre du plaisir. L’étiquette de joueur nonchalant était relou, parce que je ne le fais pas exprès. Ce n’est pas comme si je m’en foutais, j’étais vraiment comme ça.

Elle se caractérise par quoi, cette nonchalance ?J’étais souvent en retard à l’entraînement, sur le terrain quand il fallait faire un appel, je prenais mon temps…

La saison dernière a été cauchemardesque, mais tu as réalisé une grosse saison malgré la pression. Comment as-tu fait abstraction du contexte compliqué autour du club ? Déjà, j’aurais voulu faire une meilleure saison. C’était une première saison, j’en rêvais depuis longtemps. Quand je rentrais sur le terrain, c’était du plaisir : je voulais tout faire, je courais un peu partout, j’étais fou. Je devais m’adapter à cette équipe, j’ai essayé de faire de mon mieux. Il y a des moments où c’était chaud, quand tu vois que tu es dans la zone rouge… Parfois, après une défaite, on se regardait dans le vestiaire et on n’avait rien à se dire.

Le vestiaire était prêt à exploser, à certains moments ?Oui, il y avait des embrouilles à gauche à droite, on n’était pas aussi soudés. Il fallait qu’on garde notre calme, c’est ce qu’a apporté le coach Kombouaré.

Comment fait-on évoluer son jeu, quand on passe du petit nouveau qui joue sur l’aile en National à l’avant-centre titulaire d’une équipe de Ligue 1 ?À Boulogne, on jouait déjà énormément sur mon côté, c’est ce que le coach voulait. Donc j’avais déjà un peu de pression, je m’y suis vite habitué. J’ai toujours eu le même style : provoquer, aller vite vers l’avant. En Ligue 1, c’est plus tactique, on prend plus de temps à analyser le jeu de l’autre, on fait tourner le ballon. National, c’était plus box-to-box, plus direct.

À chaque fois que Romain Thomas t’affronte, il te complimente en disant que tu es un des meilleurs attaquants du championnat. C’est un adversaire que tu aimes bien, Angers ? Non, pas spécialement. Je ne savais pas, c’est très flatteur de sa part ! J’aime jouer tous les matchs, peut-être que contre Angers, je suis plus fort. (Rires.)

Par rapport à la saison passée, maintenant que tu es identifié comme un danger, tu as senti une différence de traitement de la part des défenseurs ?Les défenseurs me laissent moins d’espaces, anticipent plus la profondeur et n’hésitent pas à venir me bloquer à deux. Ce qui change, c’est aussi de jouer face à des défenses à cinq. Mais je m’y attendais, j’essaye d’être plus mobile et de redoubler d’efforts pour les esquiver.

Ça t’a marqué, les Jeux olympiques ?Déjà, être appelé aux JO est un truc de fou. En plus, j’ai toujours voulu me rendre au Japon même si on n’a pas pu le visiter comme on l’aurait voulu. Dans le village olympique, voir autant de pays représentés, de sportifs ou de langues parlées, c’est une expérience à vivre.

Tu es également attaché à la RDC, c’est une culture ancrée en toi ?Bien sûr, mes parents sont originaires de là-bas. Quand je rentre (à Villepinte), je mange des plats congolais, j’écoute de la musique de là-bas, je danse…

Tu avais parlé de la célébration « fimbu » que tu prévoyais de faire…Au prochain but, je vais essayer. (Sourire.)

Tu parais très timide, mais il paraît que tu es quelqu’un qui met l’ambiance et qui chambre dans le vestiaire.Je suis quelqu’un de taquin, j’aime bien rigoler et faire mes blagues. Quand on est en off, c’est détendu.

Ta famille est très exigeante envers toi, tu le vis comment ?Encore aujourd’hui, je le vis parfois mal. Ça m’arrive de ne pas répondre à mon frère, après un match. Mais au fond, ils ont raison parce que c’est pour mon bien. Mes deux grands frères sont mes modèles et si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce à eux. Je leur dois tout.

On a beaucoup parlé de Francfort cet été, qu’est-ce qui t’attire là-bas ?En Allemagne, je vois des joueurs qui s’épanouissent. Moussa Diaby, Nkunku, Ibrahima Konaté, Mukiele… Ensuite, je pense que c’est un championnat qui me va bien, car les attaquants s’y s’épanouissent. Ce n’est pas seulement Francfort : s’il y a Wolfsburg, le Bayern Munich ou même Fribourg qui vient… L’Angleterre aussi m’attire énormément, ce sont les seuls championnats que je regarde. Imran Louza (qui a signé à Watford) m’envoyait des messages : « Viens », « Suis-moi »… Mais l’Angleterre, je n’irais pas maintenant. Un jour peut-être, mais j’ai besoin de confirmer en Ligue 1.

Dans cet article :
Des député(e)s NFP appellent à la fermeté face aux violences des ultras
Dans cet article :

Propos recueillis par Diren Fesli et Jérémie Baron, à La Chapelle-sur-Erdre

(1) Entretien réalisé avant la victoire face à Clermont

(2) Waldemar Kita dans L'Équipe en juin 2021 : « Kolo Muani a marqué 9 buts en 37 matchs. Puisque vous vous intéressez beaucoup plus au foot que moi, sachez qu’un bon avant-centre doit marquer au minimum 15 buts, si ce n’est plus. »

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