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Ramón Calderón : « Cristiano Ronaldo est invincible »

Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid
7 minutes
Ramón Calderón : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Cristiano Ronaldo est invincible<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Homme fort de la Casa Blanca entre 2006 et 2009, Ramón Calderón a attiré Cristiano Ronaldo au Real Madrid. Un transfert dont il a la paternité et qui, aujourd'hui, lui procure une grande fierté : celle d'avoir recruté le meilleur buteur de l'histoire madridista, Soulier d'or pour une quatrième fois, n'en déplaise à Florentino Pérez.

Qu’avez-vous ressenti après le match du Real Madrid à Malmö ?

En plus de la joie procurée par ce record de Cristiano Ronaldo, j’ai ressenti une certaine fierté, celle de ne pas m’être trompé lorsque nous avons entrepris les démarches pour faire signer Cristiano Ronaldo au Real Madrid. Tous les gens qui, à l’époque, disaient que le prix était excessif ne disent plus rien aujourd’hui. J’en ai même certains qui me disent trouver le montant que nous avons payé ridicule à la vue de ce record incroyable.

En décembre 2008, lorsque vous actez le transfert de Cristiano Ronaldo, pensiez-vous qu’il atteindrait si rapidement la barre des 323 buts de Raúl ?

Tout a été très rapide depuis son arrivée. Cristiano Ronaldo se caractérise par sa fulgurance, que ce soit en plein match ou dans sa carrière. En arrivant de Manchester, il était déjà un grand joueur, qui venait de remporter son premier Ballon d’or et qui était devenu une légende d’Old Trafford. Mais il a réussi à dépasser toutes les attentes, que ce soient celles du public ou de la direction.

Que raconte ce record sur Cristiano Ronaldo ?

Cristiano fait partie de ces sportifs qui se lèvent chaque matin avec pour objectif d’être meilleur que le jour d’avant. Cela le rend invincible. Le talent incroyable avec lequel il est né ne lui a jamais suffi. Il y a ajouté un travail quotidien très intense et une hygiène de vie exceptionnelle. Sa persévérance et sa détermination sont des atouts autant, voire plus importants que le talent.

Et sur l’époque que vit le Real Madrid ?

Étrangement, les performances individuelles de Cristiano n’ont pas été accompagnées des titres collectifs qu’elles appelaient. Quand un joueur marque environ 70 buts par an, on est en droit de s’attendre à voir arriver des titres. Selon moi, le Real Madrid vit une époque de mauvaise gestion. Il n’est pas normal de voir que, depuis que j’ai quitté la présidence, il n’y ait plus de directeur sportif. Jorge Valdano n’est resté que quelques mois avant d’être viré. Aujourd’hui, aucun professionnel ne s’occupe de gérer les arrivées et les départs.

Comment se sont déroulées les discussions autour de son transfert ?

Pour un transfert de cette importance, je dirais que les tractations ont été très simples. Nous avions prévu de le recruter un an plus tôt. J’étais alors à Bogota, où nous disputions un match amical, et Cristiano m’a appelé pour me dire : « Président, je suis désolé, mais cette saison, je resterai à Manchester, je l’ai promis à Sir Alex. Je me sens très redevable envers ce club. » Nous avons très rapidement trouvé un accord pour qu’il nous rejoigne l’année suivante. Tout était simple : il voulait venir au Real Madrid, mais ne souhaitait pas partir en mauvais termes de Manchester. Les dirigeants anglais ne souhaitaient pas le vendre, mais se sont résignés face à la volonté du joueur. Et puis notre offre de 80 millions de livres avait de quoi les contenter.

Avez-vous parlé personnellement à Cristiano après sa venue ?

Malheureusement, non. J’étais déjà en dehors du club et je ne voulais pas poser des problèmes à Ronaldo. Si je lui avais parlé, cela aurait pu être problématique pour sa situation au sein du club. J’ai toujours dit que ce n’est pas un président qui ramène un joueur, mais le Real Madrid. Nous, les dirigeants, ne faisons que passer au club et nous remplissons nos devoirs. Celui qui a le pouvoir de convaincre ou d’attirer un joueur comme Ronaldo, c’est le Real Madrid, pas celui qui occupe le poste de président.
Florentino Pérez ne croit pas en ses entraîneurs, à l’exception de Mourinho. Il pense qu’ils sont tous les mêmes, il ne les voit que comme des obstacles.

Florentino Pérez ne cesse pourtant de répéter que « Cristiano est le meilleur Galactique que j’ai signé » …

C’est d’autant plus comique que lorsqu’il a repris la présidence du club, il souhaitait revoir le contrat de Cristiano que nous lui avons laissé. C’est lui qui était présent sur la photo de l’officialisation du transfert, mais il a plutôt essayé de le faire capoter qu’autre chose… Il trouvait que cet achat était exorbitant, il disait qu’il voulait acheter trois ou quatre joueurs avec cet argent. Lorsque Jorge Mendes et Cristiano ont eu vent de cela, ils ont pensé rompre le contrat. Même si cela impliquait une perte de 30 millions d’euros, ils étaient prêts à le déchirer… Cristiano n’a jamais pardonné cela à Florentino, et leur relation en pâtit toujours aujourd’hui. Heureusement, ils sont tous les deux des personnes éduquées et tentent de ne pas le montrer en public.

Depuis l’arrivée du Portugais, le Real Madrid n’a que peu gagné. Cette situation s’explique-t-elle seulement par la période faste du FC Barcelone ?

C’est l’une des deux raisons, effectivement. La seconde, c’est que toute la partie sportive du Real Madrid est gérée par un ingénieur. C’est une grande et grave erreur. Un ingénieur apprend à l’école à faire des routes, des ponts, des tunnels… Mais pas à composer une équipe de football ! Les joueurs et les entraîneurs qui arrivent ne répondent qu’à une caractéristique : ils plaisent à Florentino Pérez. Il est le seul décideur et se retrouve parfois bien esseulé. C’est ce qui est arrivé avec Benítez qui était le quatrième choix derrière Mourinho, Löw et Klopp. Cela montre bien qu’il n’y a aucune logique sportive.

D’ailleurs, dans quel état se trouve le Real Madrid au niveau institutionnel ?

Tous les socios sont conscients que les statuts du Real ont été changés d’une manière qui ne favorise en rien la démocratie au sein du club. Ce club a toujours fonctionné sur cette base. L’avis d’un socio est toujours une bonne chose, même si le président n’est pas d’accord avec. Aujourd’hui, cela n’est plus possible. Et même pire, les socios lambda ne peuvent plus prétendre à faire partie de la direction ou à postuler le poste de président… Je dirais que le Real est « séquestré » par l’actuel président.

Une partie des socios parle d’une perte des valeurs du Madridismo. Cette perte d’identité n’est-elle pas due à l’époque que traverse le football plus qu’à la gestion de Florentino Pérez ?

L’association pour les valeurs du madridismo fait en quelque sorte la même chose que nous avons essayé de faire à travers l’association pour la défense du patrimoine du Real Madrid. Et cela a tout à voir avec la mutation du Real Madrid, et non celle du monde du football. Le socio ne demande pas l’impossible : il veut gagner, voir un beau football et prendre du plaisir.

En quoi Cristiano Ronaldo représente les valeurs du madridismo ?

Ce que Cristiano Ronaldo fait depuis son arrivée au Real, c’est ce que l’histoire du Real Madrid demande à chaque joueur qui défend son maillot. Le talent ne suffit pas, il faut avoir un engagement ferme et sans demi-mesure envers l’institution. Cela n’est pas négociable, le club est au-dessus de tout. Toujours.

Ces valeurs ne sont-elles pas mieux représentées par les canteranos ?

Effectivement, Morata, qui triomphe aujourd’hui à la Juventus, et Casillas, dont la despedida était d’une grande tristesse, représentent à la perfection les valeurs du club. Casillas fait d’ailleurs partie avec Raúl et Guti des derniers grands canteranos à avoir triomphé au Real. Aujourd’hui, il n’en reste pas un. C’est un énorme problème qui montre que nous n’avons pas assez pris soin de notre centre de formation et de nos jeunes. C’est un triste constat.

L’arrivée de Rafa Benítez montre-t-elle une volonté de retour aux valeurs de la maison ?

Sincèrement, je ne le pense pas. D’une, parce que Florentino Pérez ne croit pas en ses entraîneurs, à l’exception de Mourinho. Il pense qu’ils sont tous les mêmes, il ne les voit que comme des obstacles. Je suis certain que si le règlement n’obligeait pas la présence d’un entraîneur, il ferait sans avec grand plaisir. Il a été jusqu’à dire en privé que son entraîneur parfait serait un ingénieur. Heureusement, cela n’est pas possible. Quant à Benítez, c’est un très bon entraîneur, il l’a démontré tout au long de sa carrière. Il connaît bien le club, il est travailleur et j’espère qu’il va réussir à s’imposer sur le banc. Néanmoins, son système de jeu très conservateur ne me semble pas le plus adéquat pour le Real. Au Bernabéu, le public veut un jeu attractif, très offensif.
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Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid

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